Space Is the Place par Alligator
Film très étrange, véritable ovni de la blaxploitation, revendicatif, maladroit, original... en un mot : curieux.
Vu en deux temps, ce qui est autant une faute de goût qu'une mauvaise idée, je déplore une perte d'enthousiasme sur la deuxième séance par rapport à la veille.
Vu en anglais non sous-titré, la partie n'est pas aisée non plus pour ma piètre anglophonie.
D'abord surpris par l'insolite et l'extravagance du film, je suis excité, emballé par le propos. Même s'il n'est pas tout à fait clair.
Un être particulier, Sun Ra, à l'aspect vestimentaire improbable entre paillettes seventies et apparat pharaonique, invoque tout un charabia philosophico-mystico-musical dans une sorte de paradis terrestre regorgeant de formes et de couleurs étranges et mêlées.
Sur Terre on le retrouve à Chicago dans les années 40 dans un night-club où il vient affronter un maquereau. Se combine à cette trame pour le moins étrange un passage où il essaie de convaincre de jeunes noirs à les suivre délivrant un discours révolutionnaire et mystique à la fois, inspiré dans tous les sens du terme (Black Panthers?). A gros traits, il semble vouloir provoquer un sentiment de révolte. Mais sa tâche n'est pas facile d'autant que le maquereau tente de lui mettre des bâtons dans les roues, ou plutôt de méchants blancs, des types de la NASA qui n'hésitent pas à user de leur flingues... j'ai pas tout compris donc.
Le film égrene ces différents épisodes sur un fil musical à la manière du Blues Brothers de Landis : l'organisation d'un concert de son "orchestre intergalactique et solaire" lequel joue une musique avant-gardiste et jazzy.
Les effets spéciaux ne méritent pas l'attention. Ce n'est pas là l'intérêt du film. Quelques plans-séquences réclament considération tout de même. Alors que l'interprétation n'est pas des plus rigoureuses. Certains comédiens paraissent en équilibre sur un filin trop fin entre amateurisme et réelle aptitude, ce qui confère à la mise en scène une fraîcheur non négligeable parfois.
Ce n'est donc pas un spectacle désagréable, loin de là. Le film mérite le coup d'oeil du curieux pour sa fantaisie aérienne et son imaginaire fécond. Mais il est vrai que sa portée est limitée par ses approximations formelles et son scénario trop fouilli. Mais là encore, peut-être que je propose une interprétation erronée due à une incompréhension sur de trop nombreux points?