3/10, ça paraît un peu dur pour un travail avec tant d'attention aux décors et à l'image, mais voilà : je me demande si ce n'est pas la première fois que je me fais chier autant à voir un film. Et vous avouerez que c'est quand même extrêmement problématique. Certes, ceci est dû aussi au fait que je voulais voir la fin, pour savoir si une révélation quelconque n'allait pas rattraper la sauce, mais rien n'est arrivé.
Le début est vraiment bluffant. Guerre de sécession : les plans, l'image, le rythme surprennent agréablement; Reste un discours attenant un peu nébuleux. Sur le moment, je me suis dit : "bon, peut-être suis-je mal réveillé, j'ai dû mal suivre, tout cela va s'éclairer."
Puis, on passe à la deuxième partie, dans la station spatiale. Là aussi, des décors, des plans, des lumières travaillées... bien sûr, viennent des problèmes à notre héros. Un problème surtout en fait.
Peu à peu, rythmiquement on s'enlise. On en arrive même à des niveaux d'enlisement rarement atteint. Notez bien : mon film SF préféré c'est 2001, j'ai aimé dernièrement l'Assassinat de Jesse James... je n'ai rien contre les films lents et/ou contemplatifs, au contraire. Mais faut-il encore que cela soit vraiment justifié. Ici, la justification, - qui serait quoi : le temps qui passe, la solitude ? - semble bien faible. Le réalisateur, c'est son premier film à ce poste, s'enlise dans sa posture et ne la quittera plus jusqu'à la fin. Le héros se fait chier sévère dans sa station , mais lui, il a l'opportunité de péter un plomb, d'halluciner, de casser les fauteuils, d'écrire sur les murs : pas nous. Cette durée, on la ressent mais pas dans le bon sens. J'ai vraiment dû me forcer pour aller jusqu'à la fin. Le film fait 1h20, franchement on dirait le double.
La "folie" du héros est traitée grossièrement, comme le scénario dans son ensemble. Le tout ne fait pas grand cas de la vraisemblance et la chose la plus flagrante est que le héros passe des mois voire des années sans manger.
Parfois surgissent des "interviews" de personnages qu'on ne connaît pas et qui monologuent sur un thème censé éclairer l'action. Ceci était franchement inutile, ama, et très lourd. Quand dans 2001, il s'agit de ne pas maîtriser son environnement, pas besoin d'une vidéo d'un type qui vient vous servir l'idée sur une assiette. Un crayon qui vole, de la nourriture à la paille - comme pour un mioche - un mode d'emploi pour aller aux toilettes, des sandales velcro, bref, tout cela non sans humour. Ces interventions explicatives sont de mauvais goût, en dehors du lien, ténu je trouve, qu'elles conservent avec le final - d'autant que le discours des interviewés prend un peu des tournures de morale profonde alors que ce qu'ils disent est plutôt bateau.
C'est sans doute le plus gros défaut de ce film : avoir mis la barre bien trop haut, bien plus haut que ne pouvait aller le réalisateur. En faisant des références appuyés à "2001 l'odyssée", à sa réponse soviétique que fût "Solaris" - l'original merci - et à d'autres films pas des moindres, Space Time s'enfonce. L'image est très travaillée et souvent bluffante, mais se la joue un peu trop et confine par moment au maniérisme voire à la faute, garde des tics de clips video et de métrage branchouille. Le scénario par contre essaie de donner dans la révélation quasi-philosophique d'ampleur, mais n'est capable que d'agiter, sans vrai plan, des idées faiblardes limite versant new age.
Vu les moyens mis en oeuvre, c'est un beau gachis pour un film qui a moins à voir avec les grandes oeuvres SF qu'avec Sunshine par exemple. Souhaitons que notre réalisateur se reprenne car il y a un gros potentiel. C'est ce que l'on pourra vérifier puisque sort cette année son deuxième film de SF : The Signal.