"Spanking the Monkey" (synonyme argotique de masturbation masculine en anglais) s'inscrit dans la mouvance de la comédie noire du cinéma américain indépendant de la fin du siècle dernier, à caractère plus ou moins romantique, plus ou moins dépressif. Il est proche en ce sens de l'ambiance qui règne dans les films de Hal Hartley, plutôt "Trust Me" pour la première caractéristique et plutôt "The Unbelievable Truth" pour le second.
Le climat caractéristique du genre et de l'époque est posé en deux-trois scènes seulement : famille dysfonctionnelle avec un père qui s'évade en voyage d'affaires et contraignant de la sorte son fils à passer l'été auprès de sa mère, jambe cassée et tentative de suicide dans l'air. On se situe à la lisière du récit d'apprentissage puisque le point focal est positionné au niveau de l'adolescent, un étudiant en médecine qui doit abandonner avec beaucoup d'amertume un stage qu'il avait obtenu difficilement auprès d'un chirurgien réputé, un rôle interprété par Jeremy Davies — le fameux Daniel Faraday dans "Lost" avant tout en ce qui me concerne, avant ses passages chez Antonia Bird, Steven Soderbergh, Lars von Trier, Werner Herzog, etc.
Premier film de David O. Russell dans lequel il s'amuse à tisser la toile poisseuse et pesante de la comédie noire adolescente, avec d'un côté l'ambiance malsaine à l'intérieur de la maison (les soins qu'il doit apporter à sa mère s'accompagnent d'une tension sexuelle latente qui va en s'accroissant jusqu'au complexe d'Œdipe pas complètement refoulé) et de l'autre une série de mésaventures sentimentales et existentielles à l'extérieur, avec ses anciens amis et une fille rencontrée dans les environs. Une satire de la middle class de banlieue américaine qui joue adroitement avec différentes expressions du malaise.