J'aurais aimé l'aimer ce film et le défendre tout comme "Anna", un des courts-métrages de ce même réalisateur qui m'avait beaucoup plût et que j'avais découvert lors du festival Premiers Plans.
Anna laissait augurer du meilleur. C'était subtil, assez ramassé malgré sa longueur (pour un court-métrage s'entend - environ 30 min) et dans mon souvenir c'était un dès beau portrait d'adolescente.
J'allais donc voir "Sparrows" avec pas mal d'attente. C'est un des films que je souhaitais vraiment voir dans le cadre du focus sur le cinéma islandais organisé dans le cadre du festival Premiers Plans (édition 2016). Et ce film, je l'ai aimé mais trop peu, à de trop rares moments. Le reste du temps j'avais l'impression d'assister au même spectacle convenu et trop vu et en mieux ailleurs. Le schéma est classique, le gamin qui quitte la capitale et se retrouve dans un petit village entouré par des montagnes gigantesques. Pas un refuge, plutôt un lieu ou des rapports de force s'exercent en permanence. Sparrows dresse un portrait assez déprimant de ce petit village. Petit village qui semble avoir oublié les règles de civisme. Heureusement quelques personnages échappent à ça mais ça reste bien lourd et bien appuyé. L'homme est un loup pour l'homme. L'homme est vil, la nature vibre. Ok.
Du coup on a le droit à toutes les scènes "classiques", le décor est juste un peu plus atypique. Le gamin qui subit, et qui subit encore, puis il se révolte enfin contre son père, puis l'initiation sexuelle etc. Bref c'est pesant et on à l'impression que le réal suit le cahier des charges imposé pour ce type de films : la scène de beuverie, la scène de drague, la séquence "mignonne" etc
Bon à un moment, comme le réal doit se douter que le spectateur risque d'en avoir plein la tête, il intercale une ou deux scènes fort sympathiques et plaisantes à voir. Mais lors des vingt dernières minutes du film, il nous impose une scène éprouvante comme si notre pauvre héros aux frêles épaules n'avait pas eu son compte. Ladite scène sera plus ou moins "contrebalancée" 5 minutes plus tard mais on se dit que Runnar a eu la main lourde pour le coup. Vous vous en doutez on ne ressort pas du film très guilleret. L'adolescence en Islande à l'air aussi pourrie qu'ailleurs, il y a juste peut-être les montagnes qui permettent de s'évader du quotidien et encore, ici, elles sont autant synonymes d'enfermement que de liberté.
Un peu déçu également par la photo du film. L'islande c'est beau mais ça peut aussi être très moche comme le montre aussi ce film. C'est le parti pris du réalisateur. Reykjavik ressemble de loin à n'importe quelle capitale européenne et le village dans lequel se déroule l'action n'est pas ce qu'il y a de plus plaisant. Ca c'est un point, après les choix esthétiques du film m'ont laissé de marbre : lumière naturelle, intérieurs assez ternes, le film ne m'a pas parût beau à ce niveau.
Pour les points positifs, car il y en a quand même, l'interprétation est impeccable et la bo efficace et quelques scènes bien écrites surnagent de l'ensemble. On se console comme on peut.