Close your eyes, give me your hand, darling

Là ou la version danoise nous sortait la fin la plus horrible et nihiliste possible cette version américaine fait l'exact inverse. C'est bien simple le sort de tout les personnages a été inversé. Dans la version danoise le couple de personnages principaux finissait violemment assassiné par leurs hôtes tandis que leur fille se faisait couper la langue et devenait à son tour le jouet de ce couple diabolique. Ah et le gamin sans langue que ce couple faisait passer pour leur fils mourrait lui aussi. Les gentils finissaient tous très mal et les méchants s'en sortaient en toute impunité. Le mal triomphait par l'inaction et la passivité des gens de bien, justement trop politiquement correct pour s'indigner et se rebeller franchement ce qui causait leur perte. Dans ce remake ce n'est pas du tout la même chose, le trio d'invités est beaucoup plus rattachables, beaucoup plus attachants, bien moins stupides et surtout beaucoup plus proactifs. Si leurs homologues de la version danoise se sont laisser faire c'est leur affaire, pas question de faire comme eux, cette famille du remake est bien décidé et en découdre, à s'en sortir et à en faire baver à leurs agresseurs. En fait ce film ressemble à une fan fiction qu'aurait écrite un spectateur particulièrement frustré et traumatisé par le film danois, par la passivité et la stupidité de ses héros, par sa fin nihiliste et traumatisante et qui aurait créer une version alternative de l'histoire avec un dernier acte et une fin différente. Et cette fanfiction ils en ont fait un film. Ce film exorcise en quelque sorte l'horreur et la frustration ressentit devant la version originale, en nous donnant ce que le film danois ne nous avait pas donner : des héros attachants et intelligents, des méchants qui se mangent le karma en pleine gueule, et un happy end ou tout les méchants sont morts et ou tout les gentils sont vivants. Une catharsis en somme.

Ce gamin qui fracasse son bourreau en le frappant frénétiquement au visage avec une pierre tout en hurlant c'est une métaphore de tout ceux qui ont été traumatisés,frustrés par le film original et qui peuvent enfin voir les méchants recevoir leur du. Le personnage de McAvoy ne paye pas juste pour ses crimes mais prend tellement cher qu'il semble aussi payer pour les crimes de son homologue du film danois qui eux restent impunis. Mine de rien j'apprécie l'idée d'avoir deux versions d'une même histoire, une qui se termine bien et une qui se termine mal, les deux films se complètent.

On notera d'ailleurs qu'en plus de rendre ses héros moins passifs et stupides le film corrige des incohérences du film original avec son gamin muet qui essaye malgré son handicap de prévenir les héros de ce qui les attend contrairement à son homologue du film original qui ne cherchait pas à communiquer alors qu'il aurait pu trouver des moyens pour le faire. Pareil pour le coup du " faut qu'on y retourne on a oublié le doudou de la petite " dans le film original c'était d'une débilité profonde (en plus le doudou était dans la voiture) ici on comprend mieux pourquoi c'est aussi important de retourner le chercher, et pour le coup il était bien rester chez le couple de psychopathes. Ce couple qui d'ailleurs a de la ressource car ils savent comment s'adapter face des héros bien moins bêtes que ceux de la version danoise (le coup du pneu, de la peluche sur le toit et enfin du gamin balancé à la flotte c'était vraiment machiavélique, à la place des héros on se serait nous aussi retrouver incapable de mettre les voiles ...). Par contre du coup ça nique un peu le fameux " parce que tu m'as laisser faire " parce que là pour le coup non ils se sont pas laisser faire ... En plus de ça on creuse davantage les motivations de ce couple de tueurs en série en laissant entendre qu'ils détestent les bobos gauchos bienpensants voulant passer pour la famille parfaite, du coup ils les mettent face à leur politiquement correct pour mieux ensuite le retourner contre eux et les écraser. On en dit également davantage sur la backstory de ce couple tout en laissant volontairement des zones d'ombres : on laisse entendre (sans toutefois le confirmer) que la femme serait une ancienne victime de McAvoy atteinte du syndrome de Stockholm et souhaitant désespérément être mère, d’où le fait de s'approprier les enfants des autres puis de les tuer quand la " magie " n'opère pas avant de recommencer avec une autre famille et un autre enfant. S'ajoute un dernier motif plus crapuleux celui de voler l'argent et les affaires de leurs victimes. Ainsi on comprend mieux les motivations de ce couple de tarés qui restaient très nébuleuses dans le film danois. Enfin j'aime beaucoup la scène finale, à la fois pour la gamine qui donne sa peluche à un enfant qui semble en avoir clairement plus besoin qu'elle (jolie évolution du personnage quand on sait qu'elle ne pouvait pas vivre sans pendant tout le film) et ensuite le fait de finir sur ce gamin qui pleure en silence nous rappelant que si la famille de héros s'en est sorti sans trop de dommages, et a évité le destin funeste de leurs homologues du film original, cet enfant là même s'il a pu échapper à l'enfer et se venger n'en a pas moins perdu ses parents et sa langue pour toujours. Pour lui il n'y a pas et ne pourra jamais y avoir de véritable happy end...