Remake d’un film danois que je n’ai pas vu, mais dont j’ai beaucoup entendu parler, il n’est pas toujours bon signe que le cinéma américain s’approprie certaines œuvres marquantes et si cette version diffère de son prédécesseur, notamment dans son dénouement, elle n’en est pas moins dénuée d’intérêt, bien au contraire. Classé comme film d’horreur, je ne suis pas forcément d’accord avec cette catégorie, si effectivement, certaines scènes peuvent être difficiles, voire choquantes, c’est à mon sens, un véritable thriller psychologique qui s’engage ici, qui en possède tous les codes, maîtrisés à la perfection et si c’est effectivement aussi angoissant, qu’oppressant, à aucun moment l’ensemble ne peut être assimilé à de l’horreur. Effectivement, c’est bien plus que ça, l’atmosphère, les relations qui se tissent, les sujets, c’est un tout qui possède bien plus de profondeur, là où on aurait pu s’attendre à un film trop superficiel, qui reste en surface, par facilité, il parvient à nous offrir de vraies perspectives, même si on retombe quelque peu dans des choix trop aisés dans sa finalité, on ne peut totalement nier la qualité de la situation qui nous est exposée. Ainsi, c’est une véritable vision du couple, qui nous est livrée, dans toute sa toxicité, dans toutes ses névroses, autant que ses souffrances, une vision de la parentalité également, celle qui fait des ravages, celle qui engendre des conséquences dramatiques, mais aussi de ces histoires d’amour qui paraissent idéales, mais qui cachent bien des choses, parce que tout est une histoire d’apparences, d’image à conserver aux yeux des autres. La réalisation de James Watkins m’a beaucoup plu, il a un talent incontestable, son travail me plaît beaucoup, âpre, brutal, sombre, incisif, il parvient à nous immerger dans cet univers délicieusement glauque et terriblement oppressant, avec une facilité déconcertante. Visuellement, c’est évidemment très sombre, pourtant, c’est le contraste qui fait toute sa force, avec son côté idyllique dans ses premiers instants, qui tombe peu à peu dans une ambiance poisseuse, lugubre, au fil du temps où se couple se dévoile dans toute sa noirceur, dans toute son horreur et dans toute sa perversion. En ce qui concerne le scénario, là où on aurait pu craindre la facilité de tomber dans un survival assez classique, on parvient malgré tout à s’en détacher, même si quelques ficelles ont été utilisées, on a su creuser un peu, aller au-delà des apparences, pour nous livrer une intrigue pas si anodine et douée d’une certaine intelligence. Ainsi, on se laissera doucement attraper dans les filets d’un récit qui va faire monter l’angoisse crescendo, qui va créer le malaise peu à peu, sans qu’on parvienne à comprendre vraiment pourquoi et plus les évènements avancent, plus la vérité se fait jour, pour apporter toute la terrible lumière de ces agissements. Quant au casting, il est absolument parfait, avec un James McAvoy encore une fois bluffant, Aisling Franciosi est tout en douceur mortelle, Mackenzie Davis fait preuve d’une force inouïe et Scoot McNairy est étonnant dans ce rôle presque trop discret.
En bref : Un remake qui aurait pu tomber comme un cheveu sur la soupe, mais qui a le mérite d’être réussi, qui possède des qualités certaines, notamment dans ses sujets, dans cette vision du couple, de la parentalité, de la toxicité, de la masculinité, des souffrances qui vous ont forgées, pour le pire, le tout, à travers un récit délicieusement angoissant, oppressant, qui nous tiendra en haleine du début à la fin, avec un dénouement qui vient malheureusement choisir l’option de la facilité, un choix purement américain !
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