Spetters
7.3
Spetters

Film de Paul Verhoeven (1980)

J'adhère beaucoup moins aux réalisations Hollandaises de Verhoeven, je préfère quand sa subversion s'applique à des genres de films plus Hollywoodiens, mais Spetters est le plus réputé de ceux qu'il a tourné avant de rejoindre les USA.
Et puis, c'était le film programmé à ce 4ème festival Toute la mémoire du monde à la Cinémathèque qui était suivi d'une masterclass.


Spetters suit le destin d'une bande de jeunes à l’esprit rebelle, réunis par leur passion pour le motocross. C’est amusant de suivre leurs frasques, qui font l’objet de gags parfois très drôles tout en attestant d’un style de vie très grisant. Il y a un ton de teen movie, mais sans les excès des productions américaines, ici il y a une sensation de réalisme, bien que les protagonistes osent tout. On baisse le décolleté d’une fille bourrée, on s’embrasse entre mecs hétéros pour déconner, … on fait le concours de celui qui a la plus grosse, et chez Verhoeven, c’est littéralement le cas !
Il y a un vrai sentiment de liberté qui se dégage des aventures du groupe de personnages, transmis par le goût de la subversion de Verhoeven, qui de plaît à montrer le sexe et des transgressions diverses de façon très frontales (c’est même, techniquement, pornographique).
On a également le plaisir de cette ambiance 80’s très marquée, avec ce qu’elle a de meilleur (Blondie et Iggy Pop à la BO) ou de pire (ces styles vestimentaires !).


Mais cet esprit de transgression généralement bon enfant prend très aisément une teinte plus sombre, quand dans le même esprit de déconne que pour le reste, les héros en viennent, comme si c’était normal, à martyriser des homos qui passaient par là.
C’est ça qui est fort avec Verhoeven, sa capacité à jongler avec les tons, créer des contrastes qui mettent mal à l’aise ; et on retrouve ça dans ses autres films.
Et pourtant, Spetters doit bien être l’œuvre qui démontre que Verhoeven n’est ni homophobe, ni misogyne, comme on le lui reproche souvent. La tournure de certains évènements rend ce film étonnamment tolérant envers la communauté gay pour un film fait en 1980, et on a également déjà un personnage féminin fort, "couillu" si j’ose dire, qui devance les héroïnes de Basic instinct ou Showgirls. Il est là aussi question d’une femme manipulatrice, qui laisse croire qu’on la domine, alors que c’est elle qui prend le contrôle par son charme. Simple serveuse à un stand de beignets et frites, Fientje essaie de séduire quiconque a des chances de lui offrir un avenir plus radieux.
Or, alors que Spetters avait une dominance comique au début, ça tourne au drame fataliste quand on constate que tous les personnages essaient d’une façon ou d’une autre de se sortir de leur misère, alors qu’ils en reviennent toujours à leur médiocrité ; ils se cassent la gueule malgré toutes leurs tentatives. Et à chaque fois que la fille parie sur l’avenir d’un type avec qui elle couche, elle échoue en même temps qu’eux.
Et il y a des séquences réellement sordides, enfin une en particulier (dans le métro en chantier…) qui m’a fait halluciner.
Mais Verhoeven couvre pratiquement tous les drames de son cynisme ; même quand on essaie de se montrer gentil envers un ado tout juste handicapé, c’est en lui offrant un fauteuil roulant mieux que l’ancien. C’est présenté comme une chose positive, mais la sinistre ironie de la situation saute aux yeux.


Spetters dure presque 2h, et c’est plaisant de suivre le parcours de chaque personnage sur une longue période. Contrairement à d’autres qui m’accompagnaient, je n’ai pas trouvé le film trop long ; je pense d’ailleurs que c’est celui que je préfère de la période Hollandaise de Verhoeven. Par contre, je m’imagine mal le revoir, ça serait moins divertissant que revoir du Total recall ou du Basic instinct.

Fry3000
7
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le 7 févr. 2016

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2 j'aime

Wykydtron IV

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