Sam Raimi est vraiment un réalisateur particulier, capable du meilleur comme du pire. Capable aussi de rendre le kitch beau et les facilités scénaristiques géniales.
Ce premier volet de la trilogie Spider-Man prend le parti de mettre en scène le super-héros comme un humain avant tout. Au-delà de son simple devoir de justicier, il demeure avant tout être un jeune adulte un peu gauche par instant, romantique, timide et parfois drôle, flanqué d'un air benêt dont Tobey Maguire détient le secret. C'est donc à travers les péripéties de ce personnage finalement très proche du spectateur, que le film de Sam Raimi puise toute sa force.
Bien qu'il s'agisse ici d'un vrai film de super-héros, avec une lutte entre le bien et le mal, une morale sur le devoir, et bien entendu son lot de scènes héroïques (ça c'est de l'argument !), Sam Raimi nous gratifie surtout d'un film tout en mesure et mit en scène avec talent. Il est assez curieux de voir que le réalisateur est capable de rendre aussi bien à l'écran des plans de caméra assez kitch il faut l'avouer, notamment les premières voltiges du super-héros, les chutes de Mary-Jane ... etc, pourtant l'ensemble passe très bien. En visionnant le film plus de dix ans après sa sortie, on peut y trouver un petit côté old-school franchement pas désagréable. Ce qui vient d'ailleurs parfaitement se joindre à la bande-originale de Danny Elfman, plus en forme que jamais.
Il s'agit surtout ici de mettre en scène un héros qui a une vraie psychologie, un jeune homme marqué par le deuil et torturé par les soucis de son âge et ce qu'il doit faire et ne pas faire en raison de son nouveau statut. Non pas qu'il ne tombe pas dans quelques clichés, Sam Raimi parvient à rendre son film passionnant et surtout très divertissant. Filmé comme si nous étions en train de lire une bande-dessinée, et rythmé avec justesse. Un long-métrage dans lequel s'enchaînent avec aisance les scènes d'actions grandioses à renfort d'effet-spéciaux, certes un peu vieux aujourd'hui mais diablement beaux pour l'époque, mais aussi les scènes plus intimes. Ces dernières viennent mettre en lumière chaque personnages, des protagonistes qui sont d'ailleurs interprétés par des acteurs talentueux.
Tobey Maguire donne beaucoup de sensibilité à son Peter Parker, faisant de lui un jeune homme simple à double visage. Benêt romantique et attachant aux yeux de tous, et un justicier masqué et sarcastique. Willem Dafoe confère une classe impériale à Norman Osborn et son fameux Bouffon Vert, complètement loufoque en super-vilain schizophrène.
Ça décoiffe, c'est pop-corn mais pas con, c'est drôle sans être gras et c'est riche en scènes cultes, palpitantes et même terrifiantes. Bref il s'agit d'un modèle de film de super-héros.