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Cela faisait quelque temps que je ne m’étais pas replongé dans la trilogie de Sam Raimi, et c’est avec un nouveau regard que je m’y suis cette fois ci lancé. Un regard désabusé sur le genre super-héroïque, phagocyté par une machine qui roule au Yes Man couillons, au cahier des charges de plus en plus expansif réduisant les véritables auteurs au même statut que les couillons sus-cités, et au refus quasiment constant du premier degré quitte à annihiler toute forme d’enjeux. Il était donc cohérent de revenir à ces œuvres fondatrices du genre, aux côtés des X-Men de Singer, et de voir ce que le moule du collant pouvait raconter à l’époque.
Les cinq premières minutes sont à elles seules plus efficaces que l’ensemble du DCEU pour présenter les quatre personnages principaux, leurs motivations personnelles, et les relations qui les unissent et sont vouées à être tordues dans tous les sens. Car comme l’annonce Peter d’entrée de jeu, tout repose sur ces relations. Pour lui, c’est la fille. C’est la morsure amoureuse, littéralement montrée alors que notre héros gagne ses pouvoirs en photographiant Mary-Jane. L’acquisition des dons arachnéens est bien évidemment métaphore de la puberté, mais suit également l’évolution de son parcours romantique, jusqu'à une victoire toute relative face à la menace verte qui rend la relation impossible. Le pouvoir, les responsabilités, tout ça, tout ça. La métamorphose de Parker est expressément décrite alors qu’il confesse son amour à MJ : à la fois plus fort et plus faible, excité et terrifié, certain de l’avenir sans être prêt à lui faire face. C’est ça, le fondement de la trilogie de Sam Raimi. Une romance qui se forme et connaît les tumultes inhérents au couple, et qui reproduit dans son cadre super-héroïque les meilleurs beats de rom-coms.
Mais c’est également un sacré morceau d’action, toujours sérieux dans ses enjeux, dans le parcours envisagé par chacun de ses personnages. Un héros que l’on voit constamment en interaction avec son environnement, humain, et qui le lui rend bien. New-York n’est pas un décor mais un acteur à part entière, car le cinéaste a bien compris que pour que Spider-Man devienne une icône pour le spectateur, il faut qu’il en soit une dans sa diégèse. Et l’attribution d’un antagoniste aussi emblématique qu’il ne l’est lui est bien évidemment un filin de plus à la toile, Willem Dafoe nous donnant autant de plaisir à le voir se fragmenter qu’il a pris à le jouer.
Cette acceptation du sérieux n’empêche cependant pas des touches de légèreté, accompagnant le plus souvent les succès de mi-parcours du héros. L’humour n’a pas vocation à désamorcer le premier degré, mais bien à mettre l’emphase sur la réalité émotionnelle de Peter. On ne se contente pas d’aligner les clins d'œil au spectateur, on le met en situation d’empathie, au soleil comme sous la pluie.
C’est pour cela qu’à tous ces titres, Spider-Man n’a pas pris une ride. Il possède une identité propre qui ne pousse ni dans la noirceur un temps envisagée par l’écurie du Chevalier Noir, ni dans la bouffonnerie Marvelique permanente. Un juste entre-deux qui fonctionnait à l’époque, et fonctionne toujours aussi bien aujourd’hui.
Spider-Man 2
Spider-Man 3