J'avais l'intention dans le courant de l'année 2022 de me faire un marathon Spiderman en parallèle d'un marathon des films du MCU depuis Endgame afin de pouvoir regarder tranquilou Spiderman No Way Home avec toutes les cartes en main lorsqu'il sortira en vidéo. Mes petits neveux avaient la même idée que moi, et au final, c'est durant les fêtes de Noel, sur le Home-cinéma, avec mon père et une bande de gamins de 8 à 14 ans qu'on a commencé le marathon (qui sera mis en pause juste après par le Spider-man de Sam Raimi, que pour le coup, j'avais vu au cinéma l'année de sa sortie.
Je gardais l'image d'un film de super-héros sympa mais lambda, une origin story dans laquelle Peter Parker fait plein de connerie, mais à le revoir je m'aperçois qu'il est vachement touffu en fait et que ce film donnait le "la" pour ce qu'allait être le cinéma de super-héros des années 2000.
On voit visiblement que Sam Raimi s'est fait plaiz' et que lorsqu'il a eu le droit de faire Spider-man il s'est dit que même si ça pouvait donner l'occasion de faire des suites, il allait mettre tout ce qu'il aime dans la bd (et sans doute le dessin animé) : l'origin story, les personnages des années lycées, le bouffon-vert, les clins d'oeil à l'univers Marvel, Jonah Jameson, le bouffon-vert qui balance la petite amie de Spiderman depuis un pont (avec cette fois-ci une issue heureuse) etc... etc... Un truc qui m'a immédiatement marqué (et que j'ignorais à l'époque) c'est la composition des membres du bureau d'Oscorp qui en plus de Norman compte un mec chauve dans un fauteuil roulant, un militaire moustachu et un mec avec les cheveux blancs et une moustache (qui m'a furieusement rappellé le père de Tony Stark.)
Il y a une sorte d'esprit MCU avant "l'esprit MCU" : les clins d'oeils à des détails obscurs des comics ? C'est là. L'humour un peu lourd ? C'est là (C'est Sam Raimi.) Les surlignages sur des détails un peu irréalistes ? C'est là aussi (comme Peter Parker qui tente de nommer ses tirs avant de trouver ça idiot ou le fait que Harry, le fils d'un milliardaire soit un camarade de classe de Peter et MJ qui vivent dans les pires quartiers.) Le fait que les noms de comic book sonne idiot ? Justifié. Stan Lee qui fait un caméo ? C'est là aussi. (En plus des copains de Raimi comme Bruce Campbell ou Lucy Lawless...) La connexion avec d'autres films ? Le Hulk de Ang Lee a eu le droit à une bande annonce avant le film, un caméo de Wolverine était prévu (Hugh Jackman était même venu sur le plateau de tournage) et on a des ponts qui sont fait pour le deuxième film.
Raimi semble même ignorer la règle du "on ne peut pas adapter les comic en film parce que ça semblerait ridicule et trop cartoon" et s'autorise des trucs qui feraient kitsch ailleurs, ce qui donne un côté parfois comique (Spiderman qui apparait en arrière plan tête en l'air) ou Sentai (le costume du Bouffon Vert) quand c'est pas complètement raté. Si on compte les effets spéciaux qui ont salement vieillis (Ceux se déroulant de nuit passent encore, mais il y a des moments où ça fait ultra-fake) on se retrouve sur un film limite cartoonesque. Ça ne m'étonne pas que ça ai plu à des enfants de 8 à 14 ans (assez sage au début, puis au final, on a passé notre temps à commenter eux au sujet du film, les déconseillant d'embrasser leurs futures copines à l'envers, par exemple..)
Dommage limite que la romance prenne finalement pas mal de place dans le film et qu'elle soit quand même assez clichée sur la fin du fil. C'est d'ailleurs a ce moment là qu'on s'est un peu laché avec les enfants (balançant des "spiderman vient me faire des bisous" à chaque fois qu'on voit Mary-Jane.) J'adore Kirsten Dunst, mais elle se coltine un rôle de demoiselle-en-détresse ultra-clichée, alternant entre se faire sauver le cul par Spiderman et sortir avec des mecs, avec pour au choix : Flash Thompson , Norman, Spiderman ou Peter Parker. Dommage que son début de backstory soit évacuée (son rapport avec son père violent est jeté à la poubelle à la moitié du film.)
On sent que Smallville venait de sortir et que la romance lycéenne et le drama était dans l'air du temps au point qu'on a un peu la même configuration que dans la série : Spiderman/Superman cache ses pouvoirs, il est super pote avec le fils (Harry Osborn/Lex Luthor) de son ennemi (Norman Osborn/Lionel Luthor) et tout les deux convoitent la même fille (Lana Lang / MJ.) Spiderman a des airs de Superman dans ce film : on voit Peter Parker déchirer sa chemise, sauver des bébés pris dans les immeubles en flammes, etc...
Là encore on sent que Sam Raimi aimait le cliché du super-héros et l'embrassait au maximum. Idem avec le super-méchant qui est overthetop... mais bon, si on voulait faire dans la subtilité, fallait peut-être pas embaucher William Dafoe. Il en fait des caisses, mais c'est voulu (c'est lui qui a insisté pour faire le role) donc ça marche. On voit d'ailleurs quelques effets de films bannis depuis : que ce soit les ralentis nuls, les flashbacks de trucs arrivés 10 minutes plus tot ou les jumpscare bien pourris et bien inutiles (pas merci Sam.)
Une dernière réflexion : à l'époque de la sortie de ce film, certains voyaient une morale 11 septembre sur celui-ci, mais les français l'on mal comprise. Je me souviens encore d'un pote qui ralait qu'il ne regardait pas les films de super-héros parce que la phrase "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités" était une justification de la politique de Bush en Afghanistan.
Alors que le film est assez clair là dessus, c'est une phrase pour guider Peter Parker dans sa vie d'adulte et c'est tout. (Bon, par contre, lorsque Spiderman laisse s'échapper le braqueur je suis un peu de son côté : celui qu'il braquait était aussi un pourri.) La morale 11 septembre était plus à chercher dans cette scène où les passants se rebellent contre Spiderman et finissent par l'aider : une scène d'entraide et d'arrêt de l'inaction face à l'injustice comme New York en avait vécu il y a peu.
D'ailleurs ça fait un peu longtemps qu'on a pas eu ça dans des films : ces moments où la foule aide le super-héros ça me manque un peu.