Avant que Christopher Nolan ne redéfinisse le film de super-héros avec Batman Begins, Sam Raimi nous livrait un Spider-Man ancré dans une version plus légère et colorée.
Le film assume pleinement son statut de teenage movie, suivant l’évolution de Peter Parker depuis l’adolescent mal dans sa peau jusqu’au héros en devenir. Contrairement aux productions Marvel actuelles qui évacuent trop souvent la dimension humaine au profit du spectacle, celui-ci prend le temps de montrer ses difficultés financières, ses hésitations, la construction de son identité de justicier. Cela le rend plus attachant. Le casting y est pour beaucoup : Tobey Maguire incarne un Peter Parker naïf mais crédible, Kirsten Dunst fait de Mary Jane et de leur relation une icône pour toute une génération, J.K. Simmons apporte une touche d'humour en campant le rédacteur tyrannique, et Rosemary Harris une sagesse touchante en Tante May. Mais c’est surtout Willem Dafoe qui marque les esprits : son Norman Osborn est un antagoniste fascinant, partagé entre mégalomanie et une vraie ambiguïté tragique doublée d'un dédoublement de personnalité bien exploité. Dommage que son costume évoque davantage un super-vilain de Power Rangers qu’une menace crédible.
L’esthétique générale a, elle aussi, mal vieilli, notamment des CGI qui trahissent les deux décennies écoulées. La romance, bien que centrale dans l’histoire, manque aussi clairement d’intensité et le personnage de Harry (interprété par James Franco) en est le parfait exemple.
Malgré ces faiblesses, Spider-Man garde un charme indéniable. Il reste une adaptation sincère et généreuse, qui n’a pas peur d’assumer son ton léger. Un divertissement nostalgique qui fonctionne encore, malgré les rides.