Ce film Spider-Man rencontra un grand succès, autant critique que public, et donna naissance à une trilogie, les deux films suivants étant eux aussi réalisés par Sam Raimi. Ce dernier a vraiment maîtrisé son sujet de bout en bout. Pour ce premier opus, lui et son scénariste David Koepp ont la bonne idée de couper le film en deux parties, la première montrant comment Peter Parker acquiert et découvre ses superpouvoirs, la deuxième où il affronte le Bouffon Vert. Le film prend donc son temps avant de passer aux choses « sérieuses ». En effet, il faut attendre plus d’une heure avant que Spider-Man rencontre enfin le Bouffon. Sur deux heures de film, ça fait beaucoup ! Cependant, ce n’est pas pour autant que la première partie est ennuyeuse, bien au contraire. Sam Raimi en profite pour présenter et approfondir les personnages sans se presser, pour que le spectateur ait le temps d’apprendre à les connaître et à les apprécier. Cela le rendra plus impliqué dans les scènes d’action dangereuses. La présentation de ces personnages passera notamment par l’humour. On découvre les nouveaux pouvoirs de Peter en même temps que lui, cela donne lieu à des scènes comiques très réussies.
Une fois la première partie terminée, un ton un peu plus sombre s’installe dans le récit. L’humour laisse désormais place à une certaine violence. Cette violence, mesurée bien sûr, car le film doit rester grand public – il sera déconseillé aux moins de dix ans à sa sortie – s’est perdue de nos jours dans certains blockbusters où le plus souvent pas une goutte de sang n’est versée. Sauf qu’ici, Sam Raimi va en faire baver à son super-héros. En témoigne la scène de combat final entre le Bouffon et Spider-Man dans laquelle l’homme-araignée s’en prend plein la figure. Son costume est déchiré de partout, il saigne, il souffre et ça se voit. On ressent les coups que se portent les personnages et c’est en partie ce qui fait la qualité des scènes d’action de ce film, hormis les effets spéciaux vieillissants mais encore corrects – les fonds verts sont flagrants –, lesquels étaient très bons pour l’époque.
Néanmoins, Spider-Man ne se limite pas à un film avec de l’humour au début et des scènes d’actions puissantes vers la fin. Sam Raimi donne à son long-métrage un vrai fond qui, une fois encore, s’est perdu dans de nombreux blockbusters actuels. Il y aborde le thème du passage à l’âge adulte via la prise de responsabilités. Ce thème sera présent tout au long du récit et est symbolisé par une réplique devenue aujourd’hui culte et que toute une génération connait par cœur : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». La transformation en Spider-Man donne à Peter des responsabilités qu’il n’avait encore jamais eues. Il comprend que ses nouveaux pouvoirs peuvent aussi bien tuer que protéger et décide en ce sens de devenir l’ange gardien de la ville, un peu comme un père devient le protecteur de ses enfants. Ces nouvelles responsabilités font désormais de lui un adulte, mais cela a un coût : il est forcé de renoncer à ses rêves d’enfants, et donc à Mary-Jane, ce qui se traduit par cette scène finale émouvante où il la repousse.
Spider-Man est une grande réussite qui marqua le début du 21e siècle et qui amorça déjà l’ère des super-héros au cinéma dans laquelle le tisseur de toiles aura une grande importance. Avec ce film, Sam Raimi prouvait qu’on pouvait faire des blockbusters qui ne se contentaient pas de divertir, mais qui savait aussi offrir plusieurs degrés de lecture.
Critique à retrouver sur lefictionaute, pour les fans de fantastique et de mondes imaginaires !