En chacun de nous sommeil une part sombre. Les super héros porteurs d’espoir n’y échappent pas non plus. A condition que vous ayez le matériau adéquat pour révéler cette noirceur. Pour Superman, c’est la kryptonite rouge, pour Spiderman, le symbiote. Dans Spiderman 3, épisode le plus sombre de la trilogie et vilain petit canard de la franchise, Peter Parker se voit cette fois confronté à deux ennemis, tout en devant surmonter de nouvelles épreuves.


Conclusion de la trilogie de Sam Raimi


Les bonnes choses ont une fin. Enfin là, on aurait préféré que ça se termine mieux. On ne va pas oser dire que Spiderman 3 est le Batman et Robin de Sam Raimi, ça serait la pire des insultes pour la simple et bonne raison qu’il y a du bon dans ce troisième film. Seulement, à vouloir ajouter trois ennemis dans un seul film, on se doute qu’il va faire comme ces prédécesseurs, se prendre les pieds dans le tapis parce qu’on sait que l’un des trois aura un mauvais développement. Ce n’est pas une nouveauté, les Spiderman de Raimi ont toujours été réussis. La mise en scène, la puissance des musiques, les dialogues, le scénario et surtout le développement des personnages.


J’ai beaucoup de reproches à faire à Spiderman 3. Cependant malgré ces imperfections, le développement des personnages, l’exploitation de la thématique de la rédemption, et le coté fun des scènes d’action resteront les deux points positifs de ce troisième opus.


Spiderman 3 en met plein les mirettes coté scènes d’action ( en tête de liste : les affrontements entre Spidey et l’homme sable ressemblant à une sorte de T1000 version sable), Spiderman 3 est magnifique (dites vous bien que la séquence de la naissance bouleversante de l'homme sable a coutée à elle seule le budget du premier Spiderman), il a quelques bonnes idées originales (Le générique d'ouverture reprenant les mêmes ingrédients que ces prédécesseurs, finissant par assombrir le thème musical de Spiderman), d’un point de vue scénaristique il est chargé au point où l’on a effacé le mot « ennui » du film.


Seulement tout ça, c’est de la poudre aux yeux masquant la dure réalité des choses. Le problème numéro un du film : le scénario. Sam Raimi devait se douter qu’il y avait une forte probabilité pour qu’un Spiderman 4 ne voit pas le jour, du coup, il a voulu intégrer dans son dernier film tous les éléments et évènements importants des comics.


Trois arcs narratifs :


• Harry Osborn en mode Nouveau Bouffon vert « cool » prenant sa revanche sur Peter qu'il accuse d'avoir tué son père,
• Un criminel du nom de Flint Marko s'évadant de prison et se transformant accidentellement en super vilain "l'homme sable", pas si vilain que ça,
• Peter contaminé par une espèce alien venue de l'espace dans une météorite, le rendant plus agressif et plus arrogant.


Tout un tas de sous intrigue :


• les nouvelles culculteries de Mary Jane encore plus détestable que dans les deux premiers épisodes,
• le personnage kitsch et navrant d’Eddie Brock, concurrent direct de Peter voulant remplacer ce dernier et devenir le nouveau photographe officiel de Spidey,
• l’arrivée de Gwen Stacy présente uniquement pour mettre des bâtons dans les roues dans le couple Peter/MJ.


Du mélimélo scénaristique. On passe du coq à l’âne, les arcs importants se retrouvent mal traités, vite expédiés, alors que d’autres, inutiles, sont plus développés. A n’y rien comprendre. Spiderman 3 a trop de choses à dire. 2h20 pour gérer tout ça, c’était impossible.


Le pire dans tout ça ? La thématique de la rédemption. Thème d’une importance capitale pour cette conclusion. Peter, Harry et Flint Marko partagent un point commun: ils se battent entre leur bon et mauvais coté. Le thème de la rédemption est plus que jamais d'actualité dans ce troisième opus et sur ce point, là encore, Sam Raimi, égal à lui même réussira à le développer convenablement. En passant outre les défauts qui seront énumérés un peu plus loin concernant Peter, la mise en scène de la face sombre de Spiderman est donc une réussite. Malheureusement, il ne faut pas pour autant se fourvoyer, le trop plein d’incohérences et de fautes de mauvais gout gâchent la majorité de l’histoire.



Je suis pas quelqu’un de mauvais. J’ai seulement pas de chance.



La destruction d’une franchise


Pour les défauts, on ne s’arrêtera pas en si bon chemin, il faut enfoncer encore plus cette conclusion pour laisser un gout amer aux fans de la première heure s’attendant à une conclusion digne de la puissance symbolique de leur héros. Les incohérences, on en a dans tous les films. Nous faisons souvent abstraction sur certaines parce qu’on n’oublie pas qu’au cinéma, la logique n’existe plus.


Seulement là, certaines scènes sont tellement grossières et faciles qu’on ne peut pas fermer les yeux. Voyez le cas de Bernard, le majordome d’Harry Osborn qui attendra que ce dernier finisse défiguré pour dévoiler la vérité sur la mort de son père. Quant à l’autre vérité, celle de l’identité du vrai tueur d’Oncle Ben, c’est trop triste pour en parler. Pourquoi ne pas avoir gardé le tueur originel ? Mystère. Deux incohérences graves sur deux faits graves, une honte.


Vous pensiez en avoir terminé ? Erreur. S’il y a bien un point où Spiderman 3 excelle, c’est malheureusement sur les fautes de mauvais gout. Une heure après avoir eu la douce sensation de retrouver l’esprit des deux premiers opus, Spiderman 3 s’enfonce…dans le sable (voila t’es content pour le jeu de mots pourri ?). En tête de liste bien entendu : la transformation de Peter, notre cher Peter maladroit, passant son temps à vouloir plaire à une fille qui ne le mérite pas parce que c’est une vilaine nombriliste.


Néanmoins, pour la défense de MJ, Peter, dans la première heure, il n’est pas clean non plus, il est devenu égoïste, tombé en plein dans le piège de la célébrité. Ca n’arrangera pas le moral de MJ, dont l’égo en prendra un coup suite à l’évolution de sa carrière d’actrice. La suite des festivités ne sera pas meilleure pour Peter. Pendant une bonne grosse demi-heure, Peter, on va le ridiculiser comme jamais on ne l’a fait. Là pour le coup, on ne compatit même pas. Superman 3 nous avait fait le coup, au tour de Spiderman 3 de subir le même sort.



Nous aimions oncle Ben. Mais il aurait refusé que l'on vive une seule
seconde avec une once de vengeance dans le cœur. C'est comme un poison
qui peut s'emparer de nous et sans qu'on sans rende compte, elle peut
nous transformer en monstre.



Noir c’est noir, il n’y a PLUS d’espoir


Il faut se faire une raison, depuis son arrivée sur grand écran en 2002, le Spiderman de Raimi est torturé, assez sérieux dans son costume comparé à la version papier où c’est un blagueur. Histoire de continuer à exploiter cette personnalité, on va confronter notre héros au symbiote. Grosse erreur de la part de Raimi, il va réinventer les effets du symbiote sur notre héros. Peter va nous faire sa crise d’adolescent. Mèche rebelle grasse, fringues noires, démarche et expressions ringardes, petits pas de danse risibles, égoïsme, arrogance, impertinence, drague lourdingue, notre petit gars innocent propre sur lui n’est plus. Pour le Clark Kent dans Smallville ou celui de Superman 3, ça passait à la rigueur, pour Spiderman, c’est la cata.


Parodique, Spiderman 3, en à claquements des doigts de Peter est tombé dans la parodie. On se doute qu’avec tout le grabuge que Peter fera dans ses relations, il y aura de lourdes conséquences et que, culcul comme il est, mère culpabilité reviendra en puissance. Comme si on l’avait pas assez eu vu dans les deux premiers films celle là. Au moins le point positif de tout ça, certains ont créé des memes délirants. Tobey Maguire a toujours vu son interprétation juste, mais des grimaces, il en a souvent fait malgré lui. Il n’y peut rien, ce sont ces expressions. Sauf que là, ça en devient exagéré.


Pour finir, histoire d’achever la destruction de la conclusion, on va « détruire » un personnage culte de l’univers du tisseur. Dites au revoir à Venom, le super vilain hyper bad ass, sanguinaire et flippant des comics, bonjour à un Venom au physique d’anorexique, mais aux grosses dents et à la langue bien baveuse. Les scénaristes n'ont visiblement pas compris que le symbiote développe le corps et les muscles de son hôte. Il n'y a qu'à lire la bd ou voir les séries animées. Résultat des courses, le personnage a perdu la moitié de son charisme et de sa crédibilité à cause d'une carrure peu imposante: Venom raté et insipide. Pour ça, on ne remerciera pas Avi Arad, seul et unique responsable du rajout de ce personnage.


Quant à l'homme sable, là, surprise, on n’a pas grand-chose à lui reprocher. Son développement passe mieux, Thomas Haden Church, son interprète, gagne notre cœur à mesure de l’argumentation de ses motivations, Sam Raimi a rendu intéressant un super vilain pas si intéressant au départ, surtout, il l’a rendu plus humain. Là au moins, de ce coté, c’est du positif, et on en avait grand besoin.



Ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes et nous pouvons
toujours choisir le bien.



Au final, Spiderman 3, j'en avais gardé un mauvais souvenir à sa sortie au cinéma, mon opinion à un tout petit peu changé des années plus tard. L’accumulation de fautes de mauvais gout et autres incohérences mécontente, le trop plein d'arcs narratif fini par nous embrouiller, l’absence mystérieuse du « sens de l’araignée » de Spidey, et le traitement de certains personnages laissent cruellement à désirer. Heureusement, les scènes d'action, les caméos de Bruce Campbell et Stan Lee, la cool attitude du nouveau Bouffon vert surpassant son papounet, les effets spéciaux de grande qualité, les musiques, certains dialogues inspirants, le jeu des acteurs et cette fin poignante sauveront un peu les meubles. Le Spiderman 3 de Sam Raimi ne part pas entièrement sur une mauvaise note. On espérait juste mieux pour une franchise quasi parfaite.

Jay77
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le 4 janv. 2019

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