Spider-Man 3
5.5
Spider-Man 3

Film de Sam Raimi (2007)

Critique de Spider-Man 3 de Sam Raimi

Loin d'être le moyen ou mauvais film décrit par certains spectateurs, Spider-Man 3 est au contraire celui qui démontre parfaitement en quoi la trilogie réalisée par Sam Raimi est la meilleure parmi celles produites sur les super-héros, voire l'une des meilleures de tous les temps.


Malgré un rythme assez inégal (le début est plus lent et la fin plus rapide et resseré), ainsi que certains problèmes scénaristiques, comme les scènes ridicules montrant le père de Gwen Stacy, et l'introduction catastrophique tout en dialogue d'Eddie Brock, ce Spider-Man 3 écrase les trois quarts des blockbusters, qu'ils soient de l'époque ou actuels, et ce rien que par sa mise en scène et ses scènes d'actions.


Si les fans se souviennent tous de la scène du train de Spider-Man 2, ce troisième opus contient de nombreuses scènes au moins aussi spectaculaires : le premier fight contre Harry Osborn en Bouffon Vert, l'effondrement d'une partie de l'immeuble, ou encore l'inégalée Team-Up opposant Peter et Harry à Venom et à l'Homme-Sable.


Chacune de ces scènes, en plus du combat entre l'Homme-Sable et Spider-Man 3, bénéficient de plans et mouvements de caméra de dingue, exploitant parfaitement la virtuosité et les possibilités offertes par une telle licence. L'inventivité de Sam Raimi est tout simplement folle, le réalisateur nous offrant tout simplement, et encore aujourd'hui, le film de super-héros ultime en scène d'action et mise en scène, et même d'effet spéciaux (tout bonnement parfaits). Certaines séquences, notamment celles de Venom, sont empruntées directement du film d'horreur, Raimi étant un habitué du genre. Mais mêmes les séquences intimes traduisent toutes les émotions des personnages,


Mais les mérites de ce Spider-Man ne s'arrêtent pas à la simple mise en scène : il n'y a tout simplement aucun film de super-héros sorti après qui peu se targuer de pouvoir faire autant pleurer que le troisième volet de cette saga mythique. Formidablement écrit à quelques exceptions près, Spider-Man réussi à nous tirer des larmes, aussi bien pour les personnages que l'on connait depuis le premier opus (la mort d'Harry, meilleur ami de Peter depuis le début, Mary Jane forcée de rompre avec Peter), que pour un nouveau personnage : l'Homme-Sable est tout simplement le personnage le plus touchant de la saga. Inutile de préciser que sa scène de transformation, alliant effets spéciaux inimaginables, musique incroyable et moment particulièrement déchirant (le pendentif de sa fille filant entre ses grains de sable). Et sa scène de confession à la fin du film a véritablement manqué de me tirer une grosse larme.
Puis surtout, c'est la fin de cette magnifique trilogie, celle qui contient sans doute les meilleurs personnages jamais écrits dans une saga de super-héros. L'idée géniale avec le "Dark Peter Parker" est, au lieu d'en faire une simple version maléfique, un personnage dont les défauts sont accentués par le symbiote. Ainsi, Peter se prend véritablement pour un mec cool et badass, faisant des danses ridicules et se taillant un costard, mais se montrant également particulièrement cruel envers MJ. Ainsi, ce "Dark Peter" pseudo-dark cool de la loose est à la fois ridicule et dangereux pour son entourage, une belle représentation de la crise d'adolescence précedant le passage à l'âge adulte. La cohérence absolue de l'idée et de l'exécution m'étonneront toujours. Avec une scène entière de comédie, Sam Raimi réussi à raconter quelque chose d'assez sombre au fond : Peter qui perd le sens des responsabilités qu'implique ses grands pouvoirs (accentué par la révélation de la vraie identité du tueur de son oncle). Les nombreuses personnes critiquant la faible apparition de Venom n'ont pas compris que le véritable ennemi de Peter n'est autre que lui-même dans cet opus. Et puis mince, le découpage de Raimi est juste parfait.
Surtout que Venom, en plus d'être EXACTEMENT pareille que dans le premier comics où il apparait, est exploité comme il faut dans ce film. Oui les gens, 5 à 10 minutes, ça suffit largement pour un méchant secondaire qui ne devait pas être intégré de base (le studio Sony a forcé Raimi à le faire, dans un but purement commercial). Il n'apparait qu'à la fin, mais en plus de nous gratifier d'une superbe scène de transformation (même si bien loin d'égaler celle de l'Homme de Sable), il permet de nous montrer le connard que Peter aurait pu être s'il avait totalement abandonné le sens des responsabilités, comme il a failli le faire pendant toute la seconde moitié du film.


Le film est extrêmement riche en arc narratifs complets, chose qui manque cruellement à certains films actuels (Avengers 2 ou même Spider-Man Homecoming). Si Spider-Man premier du nom est le film de l'enfance et le 2 celui de l'adolescence, l'âge adulte est représenté par ce 3ème épisode créant de nouveaux enjeux et concluant magnifiquement le parcours de super-héros de Peter Parker, dont le passage à l'âge adulte passera necessairement par un combat contre soi-même (lorsqu'il retire le costume noir dans l'église). Ce parcours vers l'âge adulte passera notamment par le pardon (envers l'Homme de sable et Harry notamment), et l'acceptation de la dure réalité des évènement (les mauvaises critiques subies par Mary Jane dans le monde du spectacle, Mary Jane n'ayant jamais été aussi intéressante depuis le début de cette saga, le dueil d'un père défunt pour Harry et son renoncement à la vengeance).


Spider-Man 3 aura malgré tout subit de nombreuses critiques particulièrement ridicules. Outre les danses (volontairement) ridicules de Peter et la présence (courte mais suffisante) de Venom (qui a dans ce film l'apparition la plus fidèle et intéressante de ce personnage à l'écran, bien loin de cette grosse bouse de Venom), certains ahuris ont également critiqué un plan d'une seconde porté sur le drapeau américain, allant pourtant avec l'iconisation du super-héros (d'origine américaine pour rappel), sans dire un mot sur celui, pourtant bien plus prononcé, de The Amazing Spider-Man. Et comme tous les films de cette trilogie, d'autres débiles se plaignent comme des bébés que Peter Parker qui, je cites "est une grosse pleureuse", oubliant totalement qu'il a au moins de vraies raisons de pleurer, genre je ne sais pas moi, de vrais drames : il perd son oncle et figure paternelle, il perd son meilleur ami, se fait larguer par MJ. Dès fois, j'aimerais bien que ces crétins déshumanisés se taisent un peu.


Note : 9 /10


**Bref, scénario riche en arc narratif, malgré un rythme plus inégal et moins linéaire que dans les 2 premiers volets, film de super-héros le plus émouvant jamais réalisé, scènes d'actions et mise en scène inégalées, acteurs excellents (Tobey Maguire est tout bonnement le Spider-Man parfait), conclusion dantesque réussissant à faire pleurer deux fois d'affilée, musique incroyable, idées excellentes ... C'est avec ce film que la différence entre un yesman (avec les Spider-Man suivants) et un véritable auteur (Sam Raimi) se fait sentir. Car jamais les Amazing, Homecoming ou même Far From Home n'atteignent un tel niveau de mise en scène, d'acting (bon OK ils sont tous presque égaux sur ce point), de génie et encore moins d'émotion que cette incroyable trilogie, véritable chef-d'oeuvre du début à la fin.

Créée

le 27 févr. 2018

Critique lue 435 fois

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Hugo Lainé

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