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Si je porte le premier et le second Spider-Man de Sam Raimi aux nues, au panthéon du genre super-héroïque, et plus largement de la romance et de l’action, ce troisième volet est bien plus compliqué. Mais on peut facilement l’excuser tant l’ingérence du producteur Avi Arad dans le processus créatif est connue, et à fini de torpiller la vision qu’avait le cinéaste pour achever sa trilogie.


Ainsi, en imposant la figure de Venom à l’intrigue, le studio a forcé la main au réalisateur, l’obligeant à travailler avec un script non désiré. Et ça se ressent dans tout le corps du film. La narration est un capharnaüm qui part dans toutes les directions sans qu’aucune ne donne satisfaction, les dialogues semblent caricaturaux tant ils expédient l’évolution des personnages (du traitement risible de Harry à la débilité de l’arc de Eddy), tandis que les scènes s’enchaînent par des tours de passe-passe assez honteux. A ce titre, New-York n’a jamais été aussi petite, les différents protagonistes se croisant aléatoirement à chaque coin de rue.


Et pourtant, dans cet infâme bordel, Raimi parvient néanmoins à sauver les meubles. Car la fluidité de sa caméra continue à impressionner, filmant des scènes dénuées d’enjeux de la plus belle des façons, avec toujours des trouvailles visuelles qui font plaisir (on pense par exemple à la naissance du Sandman, spectaculaire). Je pense même que le montage du dark Parker, en trouduc travoltesque, est un des points d’orgue du film : un pastiche assumé qui pousse les potards du burlesque gênant au delà des limites raisonnables, et donne par la même un des morceaux les plus savoureux de la trilogie.


Moins qu’un accident industriel, Spider-Man 3 est plutôt le symptôme d’un mal qui va gangrener tout le genre dans les quinze années qui vont suivre, celui des financiers en costards dépourvus d'appétence pour le cinéma qui viennent enrayer la vision d’artistes qui ont pourtant fait leurs preuves, par besoin d’appâter le chaland par des figures connues et réclamées du public. Quand un cinéaste se met à travailler à la demande des fans d’une licence plutôt que par envie de raconter une histoire réfléchie, ça se solde rarement par une réussite.


Frakkazak

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