Quand l'araignée bad-ass voisine avec la mouche à merde
Mon Dieu, ce film... Un beau cas d'école. Mon titre résume quelque peu mon avis : le très bon côtoie hélas l'ignoble. Et pour un film qui aurait dû être le meilleur Spiderman à ce jour, qui promettait tant et qui possédait concrètement de bons atouts pour le devenir, le retour de bâton ne fut que plus spectaculaire. Ce pourquoi sans doute ce film est tant bâché aujourd'hui alors qu'à mon sens il n'est pas une bouse innommable ni même une bouse tout court. Attention ça va être long. Et avec spoilers, mais je pars du principe que si on traîne sur ce site c'est pour partager un avis sur quelque chose que l'on connaît donc en général ça ira de soi que je vais spoiler ;)
Le nœud central de cet opus, c'est le symbiote qui va éveiller la part d'ombre chez Peter, et qu'il y a en chacun d'entre nous, donc bonne idée du comic de base que le film se devait de reprendre à un moment. Je parlerai de Venom plus tard, je reste sur le symbiote même qui symbolise très bien cette rupture d'équilibre. D'un côté, il y a ce passage de Peter en mode Emo que tout le monde déteste tant il ne colle pas et donne envie à ce qu'on cogne ce cher Peter/Tobey Maguire. Lequeldoit probablement à cette prestation le fait qu'il se soit fait enterrer par beaucoup, surtout en comparaison d'Andrew Garfield (cela dit, même sans ça je préfère Garfield mais j'en touche plus de mots dans le film consacré). On est d'accord, ce passage, c'est de la merde.
Mais avant cela, on a eu l'affrontement Spiderman noir/ Homme Sable dans le métro qui, elle, colle exactement à ce qu'on veut voir : un Spiderman plus sombre, presque mauvais, mais qui reste bad-ass. Avec un accès de colère justifié. Car passons à l'Homme Sable. Certains n'aiment pas les changements faits à son sujet. Perso j'apprécie. De un on en fait un personnage très humain, comme il le dit "je ne suis pas quelqu'un de mauvais, je n'ai juste pas de chance". Combien de criminels sont passés par là ? Ensuite en faire le réel meurtrier de l'Oncle Ben change certes ce qu'on sait dans le comic, mais après tout dans le Batman de Burton on fait du Joker le meurtrier des parents de Bruce Wayne et beaucoup portent encore ce film aux nues comme le meilleur Batman et applaudissent même Burton pour avoir eu les couilles de faire ça. (Je vous rassure si ce n'est pas clair : j'aime beaucoup ce film aussi je précise)
En tout cas pour moi si un changement se justifie dans l'histoire ça me va. Or c'est très bien le cas ici : c'est lui le meurtrier de Ben et de surcroît en liberté, ce qui déchaîne Peter, le rendant plus vulnérable à la tentation du "côté obscur". Déjà quand on voit ça on sent que le film a réfléchi. Hélas quand on passe à Emo Peter on perd tout. Et ce n'est pas un simple écart : cela va à l'encontre de tout, ça dure une plombe en plus (à moins que le temps s'écoule plus lentement à cet instant précis, ce qui est une possibilité, si bien que cela rend le personnage détestable.
Un bon exemple de pourquoi cela gâche tout : quand Peter vient régler son compte à Harry après que celui-ci ait séparé Peter et Mary Jane. En soi on serait tenté de soutenir Peter par rapport au geste d'Harry et on apprécierait de revoir le côté bad-ass et d'ailleurs un peu blagueur qu'on a retrouvé dans la saga rebooté et on retrouve ici. Le souci c'est qu'il a tellement fait l'idiot et s'est rendu tellement antipathique qu'on retrouve l'effet inverse, d'autant qu'Harry lui garde une certaine cohérence tout le long. Bien que comme beaucoup, c'est un bel hasard qu'on lui dise sur le tard que son père s'est tué tout seul... Mais en tout cas une fois Peter fini on a envie de se dire "crève connard".
Du coup quand Peter se rend compte de sa connerie après la fameuse scène du bar (insérez l'insulte la plus appropriée envers cette scène ici), le décalage est trop fort, et cela influe notre visionnage pour le reste. D'autant que le reste là aussi oscille entre le très bon et le foutage de gueule. Le rajout de Gwen Stacy me fait vomir pour deux raisons. Un, les scénaristes avaient prévu de ne pas l'inclure à l'origine. Normal si on commence direct avec MJ) déjà, et le perso de MJ a été fait comme un mélange des deux principaux centres amoureux de Peter dans le comic selon leur propre aveu. Donc pourquoi l'inclure ici ? De deux, elle est inutile, elle n'est pas traitée comme Gwen Stacy doit l'être, ce qui achève d'être insultant. En plus de ne pas être très jolie mais c'est mon avis. Dieu bénisse Emma Stone, tellement plus proche d'une vraie Gwen Stacy
Après pour la romance Peter-MJ, si on excepte ce dont j'ai déjà parlé, j'apprécie le décalage qu'on a eu par rapport au 2. Rappelez vous, dans le 2, Peter souffre de son déficit d'image par rapport à ses actions, qui en plus lui pourrissent sa vie personnelle, et là ça avait été très bien négocié. Ici, Spiderman est maintenant apprécié alors que MJ n'a pas le même succès. Avec le symbiote en toile (haha) de fond, c'était bien vu, et si Peter n'avait pas été rendu si détestable, ça aurait été plus acceptable. Dommage mais là aussi, de l'idée.
Enfin, Venom. Sam Raimi avait dit qu'il n'était pas fan du perso mais l'a juste casé pour faire plaisir aux fans. Ce pourquoi sa place a été assez réduite et son traitement assez expédié. Hélas. Car là encore il y avait moyen de bien faire. La scène du clocher est l'un des points culminants du film entre l'ambiance et le respect au comic par rapport à la seule faiblesse du symbiote : les ondes sonores. Mais si le film avait traité Venom tel qu'il le méritait (car étant le méchant préféré des fans, moi compris), la scène où Eddie Brock devient Venom aurait dû être la fin du film présent, avant un 4 entièrement consacré à Venom pour le coup (+ Carnage qui sait, j'en sais rien). Cela aurait été tellement mieux au lieu d'expédier le tout.
Surtout que Venom avait la classe et d'ailleurs, il illustrait parfaitement cette griserie auquel Peter succombait. La réplique "J'adore être méchant, tu ne sais pas quel bien ça fait !"" de Brock/Venom sonne si bien bordel ! Et puis côté scènes d'actions, le film n'a pas déçu une seule seconde. Côté divertissement, aucun souci, c'est assuré avec maestria. Quelques touches d'humour aussi avec Jameson toujours amusant et le caméo incontournable de Stan Lee, alors que pour les effets spéciaux, tout le monde a salué la scène de la naissance de l'Homme Sable qui est en effet un petit bijou.
Voilà, j'ai peut-être plus évoqué le négatif que le positif alors que je disais que ce n'était pas une bouse, mais comme je l'ai dit : la frustration vient aussi de ce qu'on nous a promis et ce qu'il avait moyen d'être. On ne crache pas sur ce film pour ce qu'il est mais ce qu'il aurait dû être.
Mais pour ce qu'il est, il n'est pas une bouse. Je vais même dire que ce n'est pas un mauvais film car il donne assez de choses sur lesquelles on peut se reposer : les scènes d'actions, les effets spéciaux, les moments bien exploités du symbiote, Venom qui malgré le peu de temps à l'écran reste classe, l'Homme Sable humain (les méchants de la trilogie Raimi ont tous été soignés de toute façon), le Bouffon Vert bien moins ridicule que dans le 1 avec James Franco qui généralement recueille les suffrages.. Hélas tout le reste déborde et empêche d'apprécier ses bons côtés alors qu'il en a et pas que faiblement. Mais ce n'est pas un mauvais film. C'est un film décevant, et la nuance est importante ;).
Pour illustrer le souci de mon point de vue en conclusion, c'est le seul Spiderman où je me sens obligé d'accélérer des scènes. Pourtant les autres (de Raimi ou Webb) ont tous des scènes plus ou moins gonflantes ou abusées, mais comme ces flims sont tous mieux équilibrés, on supporte mieux les passages plus contestables et on supporte mieux le film en tant que tel. Je mets 6 parce qu'il faut noter pour publier la critique, mais je n'arrive pas à me fixer, ça oscille entre 4 et 7. Pour moi ce film n'est pas mauvais mais pas bon non plus. Il me laisse perplexe, et quand je le vois, je prends autant mon pied dans ce qui est bien que je frappe ma tête contre les murs aux moments tant décriés que je ne peux défendre non plus.
Limite ce film devrait être étudié en cours de cinéma pour montrer à quel détails on peut faire pencher la balance du mauvais côté tout en étant bien intentionné. Après je suis sûr que nos amis cinéphiles ont des cas d'écoles plus pertinents à proposer.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout ;)