Retour au bercail pour Peter Parker, qui rejoint la MCU, Spider Man Homecoming a tout de la récupération un peu hasardeuse mais inévitable d’une franchise au lourd passif, et qui a déjà eu son lot d’errance sur les grands écrans.


D’où ce premier avantage : on n’en attend plus grand-chose. Marvel aligne un tel nombre de blockbusters qu’il se retrouve avec deux principes conjoints : faire perdurer jusqu’à l’essorage des titres classiques qui ont fait ses premiers succès, et proposer de nouveaux personnages qui, eux, devront explorer une nouvelle tonalité, comme ce fut le cas pour les réussis Gardiens de la Galaxie ou les ratés Ant-Man & Deadpool.


Chez Peter Parker, place donc à la jeunesse, l’énergie folle, l’enthousiasme non canalisée, le fanatisme 2017, les selfies et la lose attachante. En bref, un miroir tendu au public cible.
Sur ce portrait initial (le premier film réalisé par Peter Parker, insupportable et assez bien trouvé), le film marque des points, parce qu’il nous évite le pensum du reboot : on zappe les origines, la découverte des pouvoirs et l’apprentissage initiaux, en les déplaçant dans un rite initiatique un peu plus inventif. La découverte de la combinaison desginée par Stark, de l’OS, et des options jusqu’au ridicule propose à la fois un regard parodique sur le parrain Iron-Man, et des scènes d’action dotées d’une certaine fraicheur.


Bien entendu, qui dit adolescence impose le folklore éculé du lycée, du bal de fin d’année aux amourettes, en passant par les sidekicks aussi lourds que métas. C’est un peu longuet par moments, mais tout à fait supportable, et compensé par le fait qu’on dresse le portrait de Parker avant celui d’un Spider-Man que, finalement, tout le monde connait.


La concurrence avec les patriarches des Avengers fait le sel, et finalement tout l’arc narratif du film : l’ennui d’un super héros cantonné au bac à sable dans l’exposition, la condescendance des élites à son égard, et ce gimmick assez drôle de Captain America transformé en relais vidéo de l’Education Nationale disent avec malice qu’on joue sur un autre terrain.


Certes, le boulot est fait en termes de scènes d’action, qui oscillent entre énormité plus (la belle scène sur le Washington Monument) ou moins (celle du Ferry) bien gérées, sans que le réalisateur nuise trop à l’ensemble. C’est plutôt à terre, dans ses petites interventions, que le personnage est miné par une CGI dénué d’épaisseur, et n’a ainsi aucunement la présence qu’avait sont prédécesseur chez Sam Raimi. Mais la surenchère qu’il atteint le fait sombrer dans un final aérien et nocturne d’une rare illisibilité, et tout bonnement à jeter.


Il n’empêche : c’est par sa modestie que le film s’en sort. Quelle respiration que de ne pas avoir à gérer une énième fin du monde imminente, que de déplacer les enjeux vers l’enthousiasme excessif d’ado qui jouent leur vie sans que ce soit forcément le cas du spectateur. Les enfants sont ravis, les parents attendris, et Marvel s’en sort assez dignement avec son nouveau pari, celui d’un blockbuster mignon.

Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Blockbuster, Adolescence, J'ai un alibi : j'accompagnais les enfants., vu en salle 2017 et vu en 2017

Créée

le 31 juil. 2017

Critique lue 2.6K fois

68 j'aime

5 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 2.6K fois

68
5

D'autres avis sur Spider-Man: Homecoming

Spider-Man: Homecoming
MatthieuS
7

Marvel Comical Universe

Le troisième reboot du personnage de Spiderman au cinéma, interprété par le jeune Tom Holland, ne fût pas chose aisée à encaisser, notamment pour moi. J’ai un rapport particulier avec le personnage...

le 13 juil. 2017

102 j'aime

14

Spider-Man: Homecoming
Behind_the_Mask
7

Toile de maître ?

Après une apparition en forme de guest star pendant la mémorable (pour moi, du moins) Civil War, Tête de Toile connaît aujourd'hui, déjà, son troisième cycle. En une quinzaine d'années, qui plus est...

le 12 juil. 2017

90 j'aime

22

Spider-Man: Homecoming
Sergent_Pepper
6

Filets mignons

Retour au bercail pour Peter Parker, qui rejoint la MCU, Spider Man Homecoming a tout de la récupération un peu hasardeuse mais inévitable d’une franchise au lourd passif, et qui a déjà eu son lot...

le 31 juil. 2017

68 j'aime

5

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

617 j'aime

53