Après une apparition en forme de guest star pendant la mémorable (pour moi, du moins) Civil War, Tête de Toile connaît aujourd'hui, déjà, son troisième cycle. En une quinzaine d'années, qui plus est. Alors, après Sam Raimi et Marc Webb, que vaut ce retour passager à la maison... Des idées ?
Allez, je me lance : c'est pas mal. Même si il faudra endurer un premier tiers de film parfois lourdingue, avec un sidekick qui ne l'est pas moins dans un humour qu'il concentre dans ses mains et qui prend beaucoup de place. Au détriment d'un comique de situation parfois très bien vu quand il irrigue une scène de poursuite en zone pavillonaire, où Peter est confronté à la limite de son pouvoir et à son statut d'adolescent.
Passé ce défaut, à première vue, on retrouve la solidité de la formule Marvel, dans tout ce qu'elle suppose et qui irritera encore une fois les blasés et les allergiques
Mais il n'auront, cette fois, peut être pas tort sur un point, puisqu'il est patent que le réalisateur fournit, pour ce retour, le minimum syndical en terme de mise en scène, proche de l'anonymat, sans pour autant être mauvais, loin s'en faut. Mais on est loin de la relative inventivité, en terme d'images, déployée par le Doctor Strange, ou de l'imagination mesurée de l'attaque du train d'Ant Man. Spider-Man : Homecoming se contente de recycler la scène du métro de Spider-Man 2 à la sauce maritime, tout en offrant une maigre varape et un climax classique. A ce sujet, on pourra aussi trouver quelques limites dans les scènes d'actions, assez chiches pour le coup et parfois montées sur un défaut de visibilité.
Mais à côté de cela, Marvel prend quand même quelques risques. Mesurés. Car si le studio s'attache le parrainage d'Iron Man en guise de figure parentale guidant le jeune Peter sur la voie de l'héroïsme, elle redéfinit son alter ego en lui enlevant l'aspect poétique parfois naïf de Sam Raimi, ainsi que le faux cool dont était affecté le reboot Amazing. Peter Parker devient un véritable ado, incertain, maladroit mais attachant, mais surtout, encore totalement ingénu dans sa volonté de faire le bien.
Le studio prend le risque de le faire évoluer assez longtemps sans son costume officiel, recentrant son propos sur l'humain et une certaine réalité de la vie du jeune héros. A ce titre, jamais, dans un film à sa gloire, Spider-Man aura été filmé aussi longtemps à terre, loin des gratte-ciels propices à ses acrobaties.
Surtout, le parrainage de Tête de Fer a pour conséquence de redéfinir totalement le costume de Spider-Man qui, par effet de contamination, devient ultra high tech et même doté d'une I.A autonome, comme dans les derniers comics dédiés à Iron Man. Cet aspect techno 2.0 pourra dans un premier temps déstabiliser et apparaître un peu too much, mais se révèle assez séduisant puisqu'il n'est pas utilisé à outrance, prenant le risque de gommer l'aspect super.
Par mimétisme, l'adversaire de Spider-Man sera lui aussi mécanique, dans la lignée d'Iron Monger et de Whiplash. Le Vautour est à ce titre particulièrement bien choisi puisque son nom de charognard est directement mis en relation avec son business de récupération des matériaux de l'invasion Chitauris d'Avengers et des pièces détachées de l'armée d'Ultron défaite en Sokovie. S'il n'est guère développé au fil de l'intrigue, qui se contente de recycler le motif du premier Spider-Man de Sam Raimi dans son lien de parenté, il donne l'occasion à Michael Keaton de s'illustrer dans une scène en forme de confrontation aussi magique qu'inquiétante. Preuve que l'acteur n'a rien perdu de son aura, parfois sous-exploitée.
Spider-Man : Homecoming est ainsi à l'image de son héros : loin d'être parfait, à l'évidence, mais très attachant et séduisant dans ce qu'il offre, même si le spectacle aurait mérité quelques ajustements dans ses réglages en termes d'humour parfois envahissant et de spectacle qui souffre d'un goût de trop peu.
Il se concentre pourtant sur l'essentiel : un adolescent imparfait mais plein d'entrain, un peu gauche, qui a besoin dans ses premiers pas de son job de super héros d'une figure tutellaire pour le guider. Histoire de mûrir et de s'endurcir.
Le retour à la maison a parfois du bon.
Behind_the_Mask, qui voudrait bien tisser en paix.