Les ambitions et les qualités de "Spiders" sont noyées par le manque de crédibilité de l'histoire.
Un film qui a des ambitions et de nombreuses qualités mais qui manque totalement de crédibilité et ne se montre au final pas vraiment à la hauteur de ses ambitions.
Les araignées, des gentilles petites bestioles à huit pattes qui en feraient frissonner plus d'un quotidiennement... Voilà de quoi alimenter le cinéma d'horreur hollywoodien. S'il existe à ce jour une bonne vingtaine (approximativement) de long-métrages dans le monde ayant pour sujet principal les araignées – géantes, mutantes, extra-terrestres ou 'normales' – force est de constater qu'aucun de ces films n'a jamais vraiment fait parler de lui, mis à part peut-être le "Tarantula" de Jack Arnold, datant de 1955. Vraisemblablement, ces films n'ont jamais été totalement au point, que ce soit sur le plan scénaristique, les effets spéciaux ou autre...
C'est en l'an 2000 que "Spiders" sort en salles. A l'époque, Nu Image, la maison de production d'Avi Lerner, Trevor Shot et Danny Dimbort et Danny Lerner, enchaîne les productions à petits budgets telles que "Shark Attack". Le réalisateur, Gary Jones, a déjà fait ses premiers pas dans la réalisation d'horreur avec "Mosquito" et est spécialiste en matière d'effets spéciaux (encore majoritairement mécaniques à l'époque), ayant notamment travaillé dans "L'Armée des Ténèbres" (1992) de Sam Raimi.
En considérant le film dans son ensemble, ce dernier n'est pas si mal. Le scénario est sans doute pauvre, mais il est en tout cas bien structuré. Le suspense est au rendez-vous (évidemment, si vous jouez le jeu en regardant le film seul dans le noir), les mauvais effets spéciaux ne sont pas flagrants au regard et l'actrice principale a beau être très mauvaise, on parvient tout de même à se familiariser avec son personnage. "Spiders" se montre d'ailleurs ambitieux au niveau des décors : le film débute avec une navette spatiale s'écrasant dans le désert, se poursuit avec des séquences à l'intérieur d'une gigantesque base militaire aux inombrables pièces, et se clôture en apothéose, avec l'araignée géante se balandant dans Los Angeles.
Le gros problème du film, c'est sa crédibilité. Dès la présentation du personnage principal au début, on se demande si on ne s'est pas trompé de film. La protagoniste s'avère être une petite intello qui, à force de trop lire de romans, est persuadée que des extra-terrestres sévissent parmi nous et ont l'apparence d'êtres humains. Elle est aussi convaincue que le gouvernement américain est déjà rentré en contact avec des extra-terrestres et elle sait pertinemment bien où ceux-ci prennent rendez-vous : dans une base en apparence non-surveillée perdue au milieu du désert californien. Avec 2 amis, elle se décide à aller jeter un coup d'œil à cette base. Manque de bol, un vaisseau américain se crashe juste à ce moment là, portant avec lui le fruit d'une expérience qui a mal tourné, visant à injecter de l'ADN extra-terrestre dans une innocente arachnide (quelle idée d'avoir fait ça dans l'espace aussi). Nos trois protagonistes se retrouvent malencontreusement embarqués dans la base militaire sous-terraine (de plus de 30 étages, mais avec seulement deux pelés et trois tondus qui y travaillent), en même temps que l'araignée mutée qui ne va tarder à s'attaquer à tout ce qui bouge.
Eh oui, vous l'aurez compris, "Spiders" est, malgré des effets spéciaux pour une fois un minimum convenables, totalement discrédité par un scénario peu réaliste, dont les auteurs sont potentiellement des extra-terrestres désireux de s'exprimer. Le pire, c'est quand les trois protagonistes tombent sur des bocaux contenant des êtres extra-terrestres ; un élément de trop et qui n'a au final pas grand chose à faire dans l'histoire. Idem pour les scènes où les araignées surgissent de l'intérieur du corps humain. Irréaliste et inutilement dégueulasse. Le scénario est donc bien structuré, mais les éléments qui font partie de sa structure sont parfois assez maladroits. D'autre part, le passage entre les séquences dans la base militaire plongée dans l'obscurité et celles de Los Angeles en plein jour est assez déroutant.
A part cela, concernant l'araignée en elle-même, capable de se régénérer et de grandir au fil du temps, celle-ci est assez bien introduite à travers des séquences d'horreur correctes. L'avantage de "Spiders", c'est que ses scènes d'horreur ne doivent pas spécialement faire sursauter, étant donné qu'une grosse partie de la peur est liée à la répugance du spectateur envers la créature velue, les sons qu'elle produit et les toiles gluantes. Par contre, ce critère agit également en défaveur du film, car trop d'éléments repoussants peuvent rendre le film – ou du moins certaines de ses séquences – écoeurant, chose que les spectateurs savent bien. Un bon film de monstre parvient à la fois à susciter la terreur et la fascination du spectateur pour la créature. Or, difficile d'être fasciné par une créature velue avec autant d'éléments nauséabonds.
"Spiders" se trouve pour ainsi dire dans un espace d'entre-deux. Un scénario structuré, mais un contenu discréditant. Des personnages convenables, mais des acteurs mauvais. Une créature digne d'un film d'horreur, mais qui s'avère classique et peu attirante. Des décors ambitieux, pour au final pas grand chose (une base militaire avec seulement une poignée de militaires dedans perd directement son potentiel cinématographique). Au final, on ressort de ce film en ne retenant (hélas) que les mauvaises choses.
P.S. : Il existe un "Spiders 2" et, en cette année 2013, un remake de "Spiders" est à l'affiche, en 3 dimensions.