L'écurie DreamWorks (Fourmiz, Le Prince d’Egypte, La Route d’Eldorado, Shrek) est toujours dans les bonnes faveurs du public, présent pour sa générosité et sa vaillance, tandis que les studios Disney ne cessent de galoper. Pourtant, ce n'est qu'une affaire d'endurance et de confiance dans une histoire qui mérite le détour. Kelly Asbury et Lorna Cook s'emploient à ne laisser aucune faille dans l'aventure des hautes plaines et à hauteur de chevaux sauvages, qui vivent en harmonie et dans le respect de la nature. C'est sans compter sur la présence inattendue de colons, venus transformer l'Amérique à l'image d'une Europe mère, trop loin pour que l'on identifié cette souche. Le récit est purement de l'ordre du patrimoine des États-Unis, au sommet de la conquête de l'ouest. Mais ce portrait atteint rapidement ses limites, au détriment de qualités essentiellement visuelles.


Nous démarrons ainsi avec la naissance d'un jeune mustang, innocent comme jamais et prêt à prendre le relais de leader et protecteur dans sa horde, dès qu'il aura atteint sa maturité. Spirit est donc prêt au sacrifice et ce sera notamment à travers son regard que le spectateur sera invité à interpréter ses sentiments. Nous ne sommes pas dans un parler à tout-va, les animaux sont loin d'être loquaces, laissant ainsi de la place à une mise en scène assez subtile par moment, qui n'abuse pas pour autant des voix-off, ne servent qu'à recontextualiser la situation. Ce sont bien des chevaux, qui évoluent logiquement dans la complicité des êtres humains, allant des soldats du nord à une tribu d’autochtones.


Cette rencontre se solde malgré tout sur un désaccord, où le mustang se verra rapidement être isolé, dans un enclos comme dans les rangs d'une armée, rigidifiée par ses codes d'honneur. Mais qu'y a-t-il d'honorifique dans cette conception d'apprivoisement ? Au fur et à mesure que l'horizon de Spirit s'agrandit, l'étau se referme sur sa destinée, compromise par ses valeurs d'autrefois, où il ne fait pas confondre la sauvagerie et ma liberté. Ce dernier apprend ainsi l'amour aux côtés d'une jument, en parallèle d'une amitié naissante avec un jeune indigène, initialement captif d'un colonel, a priori sadique. Ces leçons de vie n’ont rien de révolutionnaires, car tout ce qui gravite autour de la guerre civile et la construction de chemin de fer est vain ou approximatif. Le scénario n’est pas le fort du film, qui est avant tout présent pour démontrer un talent d’animation.


« Spirit, l'étalon des plaines » (Stallion of the Cimarron) emprunte son aura à son titre significatif et à son rythme implacable, lorsque le héros galope à fond. L'étalon sauvage finit ainsi par dépasser l'adolescent indomptable qu'il est pour vivre en harmonie avec un environnement hostile et qu'il aura bien fait d’apprivoiser à son tour. La force de trouver des ailes, non pas pour conquérir les cieux, mais bien pour s'envoler vers un respect commun, chose que le récit ne cessera de rechercher tout au long du voyage initiatique. En revanche, les chansons n’accompagnent pas pleinement l’ascension, qui aurait mérité plus de développement ou à défaut plus d’efficacité dans son appel à la liberté.

Cinememories
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le 3 août 2022

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