Fort de son succès grandissant au sein de productions à petits budgets hautement sympathiques, Yip Wai-Shun ( il ne veut plus qu'on l'appelle Wilson ) se voit confier la mise-en-scène d'un plus gros véhicule. Un polar-bagarre rétro dont les combats seront réglés par Donnie Yen, qui formera aux côtés de Sammo Hung et Simon Yam le triumvirat qui donne son titre au film. Sha Po Lang, trois étoiles d'une constellation qui d'après le texte d'ouverture peuvent se donner la vie comme se détruire...



Dès les premiers instants, on retrouve sa volonté de faire du vieux-avec-du-neuf : l'intrigue se situe dans les années 90, mais il use d'effets de montage complètement modernes. ( Déjà dans White Dragon une scène hilarante montrait un transfert de connaissance avec des feuilles qui volent d'une tête à l'autre façon Windows... )

Et, de façon surprenante, le film s'il met en scène des policiers et des malfrats finit par se moquer pas mal de l'intrigue policière et parle d'hommes et de leurs rapports. Frustration pour beaucoup, qui, en voyant la bande-annonce ont cru se voir offrir un gros truc bourin qui dépote. Moi qui voulait un vrai film, j'ai été servi.
Situé lors de la fête des pères, le film développe la thématique de la responsabilité qu'on a quant aux gens sur qui on a de l'influence. Simon Yam et sa fille adoptive, Sammo Hung et sa femme et son enfant, Donnie Yen et son père ( et aussi le type qu'il a rendu débile en un coup de poing ). Tous les collègues de Simon Yam auront aussi un rapport à la filiation.



Et, bien évidemment les vingt dernières minutes offrent des combats des plus originaux et percutants. Mais j'y reviendrai.



Son introduction des personnages se fait de manière elliptique et jamais il ne cède à l'évidence. Ce rejet des conventions ne lui fait pas que des amis, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a sa patte. Un modèle d'exposition conventionnelle serait la scène du fourgon de Die Hard 3 : tout ce qui passe pour de la conversation ( les 14 camions bennes, les numéros de la loterie... ) servira dans le film ensuite et toute la scène fera sens. Ici, Wai-Shun ne fait que montrer les rapports entre les antagonistes sans que l'anecdote prête à suite. Quand Sammo et Simon se font du rentre dedans en voiture, jamais au cours du film on aura de " Tu te souviens de la fois où t'as défoncé ma voiture et qu'on a failli se foutre sur la gueule à coups de clubs de golf ?... " Parce que la scène était là pour montrer que, livrés à eux-même, ils ne peuvent mettre un terme à leur affrontement.
Arrive Donnie Yen, et les hostilités vont pouvoir prendre fin.



L'intrigue-prétexte montre Simon Yam voulant coffrer Sammo Hung quoi qu'il en coûte et les errements moraux de ses collègues. Donnie Yen, lui, s'est déjà frotté au côté obscur de la justice et cherche à endiguer le processus, en vain... Un premier affrontement montre que Donnie peut changer la donne parce qu'il est capable d'affronter physiquement Sammo, force de la nature, là où Simon restait dans le statu-quo. Puis différentes tueries vont laisser le trio à court de sbires, et seuls les poings feront la différence.

Au milieu de tout ça, une scène vient brillamment mettre en lumière le caractère des différents personnages : la fille d'un des flics lui fait un test de personnalité d'un magazine. " Si vous n'aviez qu'un jour à vivre, que feriez-vous ? " Or, c'est leur cas à tous, et chacun fera une des réponses possibles... Risquer le tout pour le tout, ne rien dire jusqu'au dernier moment...

C'est pas tous les jours qu'un petit polar HK se permet autant de filigrane !


Pour finir, les vingt dernières minutes, débordement de violence, proposent des combats brutaux et foutrement bandant.



Le premier, Donnie Yen vs Wu Jing ( que j'adore ) se fait sur un canevas éculé : le héros prend des coups au début mais finit par l'emporter ( du pur Goldorak ! ) mais parvient par la mise-en-scène à se montrer original. Au milieu de passes d'armes ultra rapides, on voit clairement les adversaires hésiter et réfléchir à leurs prochains coups. D'ordinaire, la chorégraphie bétonnée interdit se genre de recherche... Les plans larges montrent les corps se tendre et se dilater pour aller chercher le contact, du pur escrime !



Le deuxième, Donnie Yen vs Sammo Hung, est un peu plus romancé ( disons, deux ou trois approximations des lois de la physique ) mais arrive à se démarquer du premier combat ( ainsi que de nombreux combats partout ailleurs ) en utilisant d'autres méthodes d'arts martiaux : Donnie Yen constatant qu'il ne peut pas l'emporter sur sa seule force physique va lorgner du côté de la lutte et du judo dans un free-fight enragé. Prises au sol, projections, tout est bon pour affaiblir Sammo et en venir à bout une fois pour toute.



Le final du film, gros choc, arrive de façon percutante à faire en sorte que les trois personnages principaux se soient détruits. Simon Yam n'a donc pas réussi à mettre Sammo sous les verrous, et ce dernier, en jetant Donnie Yen par la fenêtre a tué sa femme et son enfant. La constellation a mis fin à ses propres jours... Et dans un épilogue tout en tristesse on voit Simon Yam mourir sur la plage, sans avoir rien dit à sa fille adoptive.


Rideau.

Créée

le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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