Depuis que j’ai vu Ip Man l’autre jour, j’ai décidé de continuer à explorer la filmographie de Donnie Yen pour satisfaire mon envie de bons films d’arts martiaux. Mais la différence avec des acteurs plus réputés comme Jackie Chan ou Jet Li, qui ont commencé à tenir les rôles principaux bien plus tôt, c’est que pour Donnie Yen il est moins évident de savoir quels films regarder. Quand on regarde le top de ses films sur SensCritique, il y en a un tas de récents, alors que j’ai tendance à m’en méfier.
J’ai quand même opté pour SPL, qui date de 2005, second du top. Probablement parce que c’est un polar dans un contexte contemporain, ce que je préfère généralement aux films de kung-fu d’époque.
Depuis que Wong Po, pour échapper à la prison, a fait exécuter un témoin gênant, le flic qui accompagnait ce dernier, Chung, s’est juré de mettre le criminel sous les verrous.
Le témoin décédé avec sa femme a laissé derrière lui sa fille, que le policier a depuis adoptée. Mais Chung approche de la retraite et apprend qu’il a une tumeur ; il ne lui reste que peu de temps pour se venger.
De son côté, Wong Po aussi a une femme et un bébé auquel il tient, mais comme tous ces autres éléments qui auraient pu approfondir l’intrigue et les personnages… ça ne reste que des pistes à peine exploitées.
Les personnages ne sont pas assez développés, et toutes les sous-intrigues mal gérées.
On a ce policier qui part sous couverture, on ne sait rien de lui et on ne voit rien de son investigation, et la seconde fois qu’il nous apparaît, c’est lorsqu’il est retrouvé mort… ce qui n’a aucun impact, alors que c’est censé enrager ses collègues.
Chung et les 3 hommes sous ses ordres enfreignent dès lors la loi, faisant preuve d’une violence excessive qui n’apparaît pas comme justifiée ; il n’y a pas de gradation dans leurs actions, du coup, puisqu’ils n’ont pas été établis comme des flics ripoux au départ, c’est surprenant de les voir n’avoir aucun problème à se mettre à quatre pour tuer un type désarmé, ou malmener un témoin visiblement déficient mental.
Ils menacent même de tuer celui qui va devenir leur nouveau boss, c’est grotesque. D’autant plus que ce type se range de leur côté sans trop se poser de questions, juste après s’être opposé à leurs méthodes.
Pour se donner un style, le film use de jump-cut, de split-screens, de zooms, d’arrêts sur image, et d’autres expérimentations visuelles qui ne sont ni belles, ni utiles. Par exemple, ce plan où, au-dessus d’une voiture, on a un cadre montrant chacun des 4 passagers.
La mise en scène, la musique et l’interprétation en font aussi trop pour essayer de véhiculer de la tension ou du drame : les effets de style sont un peu clichés et forcés, le comportement des personnages s’avère parfois étrange ou excessif, et la musique se montre trop emphatique pour être efficace.
Du coup, tous ces artifices ne parviennent pas à faire de l’effet.
J’ai été surpris d’apprendre après coup que le réalisateur était pourtant le même que pour les trois Ip Man, où la mise en scène était quand même bien meilleure, surtout pour les combats.
Dans SPL, les bastons sont peu nombreuses, et même si on peut percevoir, ça et là, la violence des coups et la vitesse de Donnie Yen, c’est la plupart du temps trop mal filmé et monté pour en profiter : c’est trop cut, il y a trop de plans serrés, la caméra s’agite, et des sautes d’axe font se perdre le regard.
C’est toujours la même histoire…
Seuls les affrontements avec l’ennemi au couteau se montrent plus lisibles, mais aussi plus violents et tendus.
Le final, complètement ridicule, enfonce le clou. Déjà qu’au bout de 5mn, il y a pleins de petits détails qui clochaient : aucun des passagers dans la voiture du témoin qui ne porte sa ceinture lors de la collision (ils l’ont cherché), et surtout… le tueur qui tranche la gorge de quelqu’un avec la lame à l’envers… sérieusement ?