Des choses gentilles à dire sur ce film :
Le rappeur de Malibu, Voisin contre voisin (où Danny DeVito et Matthew Broderick s’écharpent autour de décorations de Noël), Thunderstruck (où le basketteur Kevin Durant se fait chourer son talent par un gniard), Big Mamma 2 et Big Mamma de père en fils, on ne peut pas dire, le CV de John Whitesell a de quoi faire frétiller quelques moustaches. Mais au début des années 2000, il sort d’une bonne quinzaine d’années de réalisation d’épisodes de séries télé et n’a pas encore accompli tous ces faits d’armes. La ligne de départ de cette dévalade cinématographique est, même s’il a réalisé un premier film en 1993, See Spot Run, une comédie familiale qui tache bien, qui cogne le public très fort et souvent au-dessous de la ceinture et qui le laisse dans un état d’hébétude extraordinaire. À décharge, ils s’y sont mis à plusieurs, six à huit scénaristes sont crédités parmi lesquelles George Gallo, le scénariste entre autres de Midnight Run lequel partage quelques similarités avec See Spot Run.
Dans See Spot Run, David Arquette campe un adulescent qui se retrouve à devoir, en plus de lui-même, gérer un gosse que sa mère canon et protectrice empêche de vivre (enfin de manger des céréales dignes de ce nom avec un personnage rigolo dessiné sur le paquet) et un chien policier dont la tête a été mise à prix par le parrain de la mafia dont il a arraché une couille... oui, oui. On se retrouve donc avec toutes les outrances cartoonesques possibles des simples chutes aux électrocutions en passant par les pets flammes qui décoiffent. Michael Clarke Duncan joue du bout des incisives les types congelés, Joe Viterelli les hommes de main mafieux délicieusement couillons, quant à David Arquette, il n’en finit pas de se vautrer dans le caca ou de s’envoler en faisant boing boing emballé dans du papier bulle (j’ai moins souffert pour David Arquette devant You cannot kill David Arquette que devant ce film)... Ça n’arrête jamais. C’est pas la meilleure comédie familiale horripilante qu’on peut trouver mais ça reste tout à fait convenable tant le bazar est rythmé, réserve des scènes de surenchères révoltantes d’une non-originalité folle et donne dans le placement produit avec la subtilité d’un coup de paquet de céréales asséné à deux mains en pleine tronche.
Et puis... y a des trucs plus inattendus, tout aussi scandaleux mais qui donnent l’impression d’afficher la mine perplexoûtée de Simon Cowell tout le long du film : David Arquette qui fait E.T. lors d’une battle de breakdance ; le fait que le gosse qu’il a pris sous son aile ressemble étrangement à Tony Way (c’est pas recherché mais ça reste très très perturbant) ; un haussement de sourcil de chien numérique du plus bel effet ou encore et surtout, surtout, un éventail de gags bien bien insistants autour des couilles du méchant jusqu’au final où il déambule dans le couloir d’une prison au son de ses prothèses métalliques qui s’entrechoquent. Je sais pas qui parmi les scénaristes/réalisateur/producteur a pondu ça mais il est évident qu’il a de sérieux soucis.
Voilà. See Spot Run est un cauchemar pour tout cinéphile qui se respecte mais un caviar pour les amateurs déviants. À consommer de préférence avec des copains/copines et un bol de Choco pops arrosés d’un Grenache des côtes du Rhône sud servi entre 15 et 18°C.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
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Ou sinon, je regarde juste les 66 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Chante à tue tête et se dandine au volant de sa voiture – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Famille > Caresse les cheveux d’un enfant – Oups ! > Décroche le téléphone et lance des invectives, avant de se rendre compte que c’est injustifié – Passion > Fait preuve de jalousie ou de rivalité masculine – Passion > Se fait draguer – Se regarde dans un miroir > Maquillage, nœud de cravate, etc. – Tension > Rappelle à ses troupes qui commande, nom de nom
Personnage > Caractéristique
Traître·sse (coup de théâtre)
Personnage > Citation
S’inquiète > « Oh-oh »
Personnage > Interprétation
En fait des caisses
Personnage > Méchant·e
À l’épreuve > Sous-fifre qui se fait berner comme un·e bleu·e
Personnage secondaire
Sbire neuneu
Réalisation
Démarre sur les chapeaux de roues – Fin > Tout est bien qui finit bien – Fin > Véhicule ou personnages qui s’éloignent – Grammaire > Passage musical – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Habillage > Placement de produits – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Rêves ou souvenirs introduits par un effet de distorsion ou encadrés par des contours flous et/ou accompagnés d’un drouing de harpe – Vue subjective > Jumelles... avec deux ronds bien dessinés
Réalisation > Accessoire et compagnie
Ambiance > Toutes les lampes sont allumées – Est éclaboussé·e par un fluide – Tension > Gros plan sur les aiguilles d’une horloge qui avancent – Véhicule qui s’encastre dans une borne d’incendie
Réalisation > Audio
Bruit exagéré > de morsure – Course-poursuite > Effet Doppler – Effet > Son de disque rayé pur jus – Musique > Rap
Réalisation > Surprise !
Faux suspense > L’assaut policier ne trouvera pas sa cible ici, même si tout semblait indiquer le contraire – Faux-suspense > Le personnage craint par l’assistance n’est pas le mastodonte qu’on voit entrer en scène mais le petit personnage qui se tient derrière
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Accéléré (gag) – Bite, chatte, cul (gag) – Coup dans les couilles (gag) – Enchaînement/surrenchère de maladresses (souvent forcées) (gag) – Étagères de bibliothèque qui tombent comme des dominos – Gag avec un animal – Gag cartoonesque – Gag cartoonesque > Glisse sur un jouet/des billes/des bonbons/une crotte et se pète la ruche – Gag cartoonesque > Projeté·e exagérément loin/ébouriffé.e sous l’effet d’une décharge électrique – Gag cartoonesque > Sautille après avoir reçu un coup au pied/au tibia – Gag cartoonesque > Se mange un poteau parce que son attention a été détournée ou simplement ne regarde pas où il va – Gag reposant sur un handicap physique – La chatte à Maurice > Séquence poisse qui s’achève/franchit un cap par le déclenchement de l’arrosage automatique – Loose > Éclaboussé·e par une voiture qui roule rapidement dans une flaque – Ne remarque pas le bordel qui l’entoure à cause de ses écouteurs (gag) – Parodie/pastiche de duel de western avec gros plans sur les yeux, les mains, harmonica en fond sonore etc. – Pipi, caca, prout – Quiproquo de situation – Quiproquo > voyou qui, anticipant son arrestation, lève les bras spontanément... et se fait dépasser par les policiers – Recrache sous le coup de la surprise ou du dégoût – Ronflements – S’ébroue après avoir reçu un coup – Se fait insulter depuis des fenêtres d’immeuble – Se retrouve nu·e, en serviette ou en slip dans un endroit public
Scénario > Contexte spatio-temporel
Entrepôt qui abrite des activités louches
Scénario > Élément
Enfant qui s’enfuit de la maison après une dispute – Transaction louche interrompue par l’intervention du FBI
Scénario > Ficelle scénaristique
Introduction forcée d’un élément dont on sait d’avance qu’il servira plus tard (fusil de Tchekhov) – La chatte à Mireille
Scénario > Situation
Agissement > Conversation privée entendue à l’insu des personnes qui parlent – Trop injuste > Victime ou témoin pas cru·e (par la police)
Thème > GI Joe
Ordonne > « Go, go, go ! »
Thème > N’importe quoi
Accessoire > Gaspillage alimentaire
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais