Si faire rouler des culs souillés par la bière et la sueur en 120 images secondes pendant une heure trente correspondait à l’image que je me faisais de la représentation du carpe diem contemporain, je serai sans doute heureux de tenter de vous convaincre que ce film n’est pas aussi vain que vulgaire, vulgarisant, et putassier.

Harmony Korine évoque ici un Gus Van Sant du gangsta rap, maniéré, mais surtout buté dans une forme qui se veut hypnotique par l’insistance. J’ai eu du mal à ne pas laisser échapper un ou deux soupirs d’agacement face à toute cette fumisterie esthétisant le vide existentiel avec une efficacité somme toute ironique. Instants new age, plans extérieurs filtrés, caméra à l’épaule, montage éclaté : toute la panoplie Sundance rien que pour vous messieurs.

Oui messieurs, pour vous le pornchic, les pauses suggestives, et le cadrage service.

Pour vous, mais pourquoi ?

Voyez vous, être jeune et en parfaite santé, faire des études, avoir des parents qui les financent, un toit sur la tête ou aller à l’église, c’est trop nul. Ça rend super malheureux. Ouais, bad trip. Surtout quand on aime sucer des queues en papier, extase divine de l’esprit en quête de but.

Alors qu’est ce qui pourrait changer la vie d’un être, modifier ses perspectives, constituer une solution philosophique mais concrète à l’égarement ? Mais décider d’aller se beurrer la gueule au ** *** *SPRING BREAK * *** **, bien sûr !

Mais ça, comment tu peux le trouver si t’y réfléchis pas en faisant des cabrioles dans des couloirs avec tes copines, hein ?

« Oui faire des cabrioles renverse la perception qu’on a du monde, connard. » (citation officieuse du scénariste)

Franchement, la fureur de vivre en est réduite à cet ersatz de rébellion épilée sous les aisselles, à cette mascarade de mascara ? Refuser la vie bourgeoise pour le gangsta bobo ? Le féminisme est il condamné à faire sucer des objets phalliques à la gente masculine pour pénétrer les esprits ? Alors brûler la vie par les deux bouts, de nos jours, ça sent autant la fumée ?

J’en ai vu et aimé des merdes, on est bien d’accord. Mais ne me faites pas passer cette fumisterie complaisante et vulgaire pour un message subversif et plus profond qu’un trou de balle. Ne me faites pas croire que le directeur photo a bossé moins d’heures que le scénariste et le réalisateur réunis. Ne me faites pas croire que l’intérêt et l’indulgence de certains spectateurs auraient été les mêmes avec quelques culs ou tétons en moins. Ne me faites pas croire que quelques séquences arty suffisent pour asseoir une réelle émotion.

Si faire rouler des culs souillés par la bière et la sueur en 120 images par seconde pendant une heure trente correspondait à l’image que je me faisais de la saveur la plus exaltante d’un instant furtif et absolu, perdu à jamais dès l’instant de sa conceptualisation, suscitant en moi une soif et une faim urgente de vivre, et que du coup je sorte mon maillot de bain, alors, s’il vous plait, tuez moi.

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le 13 sept. 2013

Modifiée

le 13 sept. 2013

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