Rien que pour vos zygomatiques

Pour leur troisième collaboration, après Mes Meilleures Amies et Les Flingueuses, le réalisateur Paul Feig et l'actrice Melissa McCarthy, continuent de sévir dans la comédie et nous plongent cette fois, dans un pastiche du film d'espionnage.

C'est avec des faux airs de James Bond, que l'on retrouve Bradley Fine (Jude Law). Un agent secret élégant et charmeur, aidé dans ses missions par la voix de Susan Cooper (Mélissa McCarthy), le prévenant de tout danger, grâce à une caméra et oreillette. Un duo efficace, déjouant les complots et l'habituel désir de domination du monde, de leurs adversaires. Comme dans la série Esprits Criminels, où la pulpeuse Penelope Garcia (Kirsten Vangsness) est amoureuse du beau Derek Morgan (Shemar Moore), on retrouve le même sentiment non réciproque, avec Susan Cooper rêvant d'une vie commune avec Bradley Fine, au point d'avoir déjà tout planifié. Avant qu'un drame, ne lui fasse quitter le confort approximatif de son bureau, pour se retrouver sur le terrain, sur la piste de la démoniaque et dangereuse Raina Boyanov (Rose Byrne), avec l'aide non désiré de Rick Ford (Jason Statham), un autre agent secret, mais pas vraiment doué.

L'introduction fait immédiatement penser à un James Bond, avec le personnage de Jude Law, son générique et une chanson dans la même veine que les films du célèbre espion créé par Ian Fleming. Mais on se retrouve rapidement dans une comédie, par le biais d'un éternuement malvenu, dû à l'allergie au pollen, ce fléau qui détruit des narines et yeux, depuis des siècles. Melissa McCarthy endosse le rôle principal, en faisant de l'ombre; au sens propre, comme au figuré; à son coéquipier, mais aussi à Jason Statham. Sauf, que c'est bien lui le plus drôle dans le film, avec en soutien Peter Serafinowicz, lui aussi un agent secret italien, charmeur aux mains baladeuses. Paul Feig a beau vouloir mettre les femmes en avant, ce sont bien les hommes dans des rôles secondaires, qui raflent la mise. Les répliques de Jason Statham, tout comme son machisme et sa stupidité, sont d'une efficacité redoutable. Chacune de ses apparitions sont de grands moments d'humour, il devient l'objet de toutes les attentions et on attend impatiemment, sa prochaine scène.
Certes, Melissa McCarthy n'est pas en reste, mais étrangement, c'est dans les scènes d'action, qu'elle se révèle plus efficace. Les rôles sont inversés, son affrontement dans un bâtiment délabré, son combat dans la cuisine, tout comme la poursuite en scooter, sont de grands moments, où l'humour et l'action, se combinent merveilleusement. Elles sont souvent conclus par des effets gores ou scatologiques, accentuant le côté parfois lourd du film. La finesse n'a pas lieu dans ce divertissement, où la physionomie de l'héroïne est comme souvent utilisé, en tant qu'élément de comédie. Elle se retrouve en opposition avec la plastique avantageuse de Rose Byrne, la bonne copine pulpeuse, gentille et rigolote, face à la méchante au cœur de pierre, froide comme un iceberg causant le naufrage du Titanic. Ce sont des clichés, devenant lassant et démontrer le manque de renouvellement du réalisateur et de son actrice, transposant leur humour dans un contexte différent, sans pour autant évoluer dans la comédie.

Dans l'ensemble, la comédie est plutôt réussie. Les rires se font souvent entendre, mais il y a cette fâcheuse tendance depuis quelques années, d'étirer les comédies sur deux heures, alors que la matière ne s'y prête pas vraiment. Cela casse le rythme et créer des moments de creux, rendant le film moins digeste. Puis Paul Feig, même s'il s'améliore dans les scènes d'action, depuis le déplorable Les Flingueuses, n'est toujours pas à l'aise, donnant parfois l'impression d'être dans un téléfilm, où les crissement de pneus, sont plus impressionnants, que les courses poursuites pas vraiment effrénées. Le sommet étant atteint avec un duel en haute altitude, aussi fade, que le jeu de Bobby Cannavale, coincé dans un costume, lui seyant à merveille, mais dans un rôle limité et sans grand intérêt.
Paul Feig aime les acteurs(trices) issus(es) de la télévision et le prouve encore, en nous faisant découvrir l'immense Miranda Hart, qui du haut de son 1m85, toise tout le monde. Un physique atypique, que semble apprécié le réalisateur, alors qu'elle cabotine allègrement, devenant parfois agaçante. Décidément, les personnages féminins ne sont pas mis à l'honneur dans cette comédie d'action. On retiendra les joutes verbales entre Melissa McCarthy et Jason Statham, souvent savoureuses, comme les tenues que chacun vont devoir adopter, tout au long du récit. Ils vont nous faire voyager de Paris à Budapest, en passant par Rome, à l'image d'un casting cosmopolite. Là encore, les clichés sont de sorties sur ces pays, rien ne nous sera épargné. Une nouvelle preuve du manque d'ouverture et de connaissance, d'un cinéma américain se regardant trop le nombril, pour apporter un peu de subtilité dans ses comédies, même si les coups sous la ceinture, ne sont pas déplaisants.

Un divertissement honnête, dont la seule ambition est de détendre, même si parfois le temps peut sembler un peu long. C'est un humour très américain, à la Will Ferrell ou Adam Sandler, avec de gros moyens, permettant d'offrir un cocktail d'humour et d'action, plutôt réussi. Mais le film s'oubliera rapidement, dès que l'on quitte la salle. Un film inoffensif, un peu régressif, mais rien de vraiment enthousiasmant, c'est parfait pour l'été.