Faire un bon film de vampires, c'est pas si compliqué, il suffit de suivre trois règles fondamentales, un peu comme avec un Mogwaï. 1) éloigner les allemands, 2) ne pas en parler à Bon Jovi, et 3) embaucher des acteurs qui sont adultes et/ou savent jouer. C'est pourtant simple, mais il suffira de se remémorer Nous sommes la nuit, Vampires 2 ou encore Twilight pour s'apercevoir que certains ne s'y tiennent pas.
Stake Land suit heureusement tous ces préceptes, en impose de nouveaux, et fait de lui-même un des piliers du genre, réécrivant le style post-apocalyptique, et laissant loin derrière lui Zombieland. Certes nous n'avons pas à faire à des zombies, mais le mythe du vampire reste à son stade animal, et hormis leur peur du jour, ils n'ont grosso-modo aucune différences avec ces derniers, courant et hurlant sans aucune coordination.
Ça ressemble donc vachement à Zombieland à cela près qu'il n'y a ni humour potache (ou alors très bref, et bien moins prononcé que dans Mulberry Street, premier film du réalisateur Jim Mickle), ni ambiance bon enfant, mais un univers réellement apocalyptique rappelant Mad Max, ou Vampires de Carpenter, pour rester dans le même sujet, ainsi qu'une rencontre rookie/vétéran.
Pas avare en gore, violence et scènes d'action joussives, l'oeuvre s'attaque au fanatisme religieux, sans pour autant cracher sur l'Église, preuve en est la présence de la bonne Soeur, un des personnages qui fera preuve d'autant de foi que de courage.
Bref, Stake Land fait partie des rares productions actuelles réussissant à prouver que le mythe du vampire à encore à offrir, pour peu que l'on se creuse un peu la caboche et que l'on prenne le temps de servir ce que le genre demande, sans pour autant négliger le développement des personnages ou celui du background.
On pourra reprocher le fait que l'on reste en terrain connu, avec comme d'habitude un monde ravagé par les démons, où les êtres les plus dangereux sont finalement les humains, mais pourtant ça marche, on s'attache aux protagonistes, on ne s'ennuie pas, et le temps passe plutôt vite.
En plus de cela, bien que ce soit une petite production, tout est géré avec talent, que ça soit le jeu des acteurs, la mise en scène, la photo, ou encore la bande-son, d'un mélancolique très efficace.
Clin d'œil volontaire ou non, l'über-vampire ressemble à s'y méprendre à Nomak, l'über-vampire de Blade 2 (crâne chauve, fringues de clodo...).
Pour conclure, les amateurs du genre seront aux anges, et ne pourront cacher la joie qu'ils auront de se rendre compte que l'industrie du cinéma (tout du moins indépendant) ne les a pas complètement oubliés. Les moins friands pourront toujours se laisser tenter, ne serait-ce que pour son atmosphère, son univers, et ses personnages, qui imposent un aspect western assez appréciable.
Mention spéciale pour le duo formé par Nick Damici et Connor Paolo, tous deux inconnus au bataillon, si ce n'est Damici pour son second rôle dans In The Cut (et que l'on a pu voir aussi dans Mulberry Street). Ce dernier fait penser à Josh Brolin dans True Grit, et quant à Paolo il met à mal Jesse Eisenberg, grâce à un charisme et un aplomb qui le rendent vachement plus adulte et responsable que celui-ci.
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