Après avoir mis en œuvre huit films qui ont connu plus ou moins le succès, le réalisateur français Jean-Jacques Annaud s'attaque à un événement majeur de la Seconde Guerre mondiale : La bataille de Stalingrad opposant les Russes à l'invasion du Troisième Reich. Contrairement à la plupart des films de guerre que j'ai pu voir jusqu'à aujourd'hui, le réalisateur n'a pas trop mis l'accent sur la violence et l'horreur de la guerre mais plutôt sur un affrontement de deux snipers aguerris : Le russe Vassili Zaitsev et le major allemand Erwin König. C'est un film qui se démarque pas mal des autres productions du même genre. On sent que le cinéaste a voulu faire quelque chose d'unique et très personnel. En exploitant l'environnement et le contexte gouvernemental de cette guerre, il anime avec subtilité l'affrontement de deux snipers sans nous faire tomber en aucun cas dans l'ennui.
Il faut savoir que ce n'est pas n'importe quel genre de face-à-face que nous assistons. Ce sont deux soldats qui n'agissent pas comme leurs semblables armés de fusils ou de mitrailleuses et fonçant direct vers l'ennemi. Tout est question de précision, de stratégie, de patience et de malignité. Il faut savoir quand on peut tirer, où se positionner, où se cacher quand on est à découverte et de se mettre à la place de son adversaire. C'est ce que Jean-Jacques Annaud voulait nous faire découvrir en prenant bien le temps d'installer le contexte de la production, de faire les présentations des personnages et de poser les bases de ce type d'affrontement. Bien que cette confrontation soit l'enjeu principal du long-métrage, le cinéaste n'a pour autant négligé la violence, la dureté et la brutalité de la bataille de Stalingrad.
En fait, il s'est servi de ce contexte historique pour rendre encore plus captivant et plus intense ce face-à-face en bourrant son film de plans ou d'images qui font mouche. On ne voit pas tout l'ampleur catastrophique de cette guerre mais on sent que ce n'est pas un territoire où il fait bon à vivre. Sans omettre que même en écrivant un scénario classique, le cinéaste a su mettre de la valeur en intégrant des éléments ou événements qui sont loin d'être inutiles tels que l'amour de Vassili Zaitsev envers la journaliste Tania Tchernova ou l'utilisation d'un garçon en tant que messager des deux snipers. De plus, Jean-Jacques Annaud sait comment manipuler ces éléments pour rendre son film de plus en plus imprévisible lors du visionnage. Il se passe tellement de choses de suspect entre les deux soldats qu'on se laisse littéralement intriguer sur la suite des événements.
Du côté du casting, j'ai été très satisfait de l'image que Jude Law et Ed Harris nous envoient des deux snipers. Jude Law m'a bien convaincu dans la peau de son personnage avec son jeu d'acteur sensible et ses expressions faciales significatives. Ed Harris campe son personnage d'une manière énigmatique et sombre. On ne sait jamais ce que ce dernier a l'intention de faire. Le reste du casting est impeccable avec quelques acteurs connus tels que Bob Hoskins, Ron Perlman et la ravissante et émouvante Rachel Weisz. Quoi dire de plus ! J'ai été conquis pendant tout le visionnage. Jean-Jacques Annaud est un grand maître cinématographique. La mise en scène somptueuse, la tension est omniprésente, les décors sont bien montés, l'esthétique est gratifiante et ça ne manque pas d'ambition. C'est un long-métrage à la fois atypique et poignant que le réalisateur nous propose. Une vision de la guerre innovante et assez originale. 9/10
Je suis une pierre.