De vrais dialogues, de vraies interactions : voilà ce qui fait toute la difference entre le premier opus cinématographique de la saga et ce deuxième volet, à bien des égards LE veritable début de Star Trek sur grand écran ; mais j’anticipe.
Reprenons depuis le début : si vous avez lu ma critique de Star Trek : The Motion Picture, vous savez déjà que je suis un grand défenseur de ce "grand film malade" - dixit Patrice Girod - et de ses nombreuses qualités (effets spéciaux à couper le soufflé, bande-son sublime, pitch intéressant, intrigue réussie, ambiance mystérieuse...) tout en étant parfaitement au courant de ses défauts, à savoir un rythme extrêmement leeeeeeeent, des acteurs figés et très peu de dynamique entre des personnages pourtant déjà bien développés par les deux séries TV ayant précédé le film.
Star Trek II : The Wrath of Khan remet les pendules à l’heure et repart à zero, pour un résultat digne des attentes des fans. Ce n'était pas gagné d'avance : le réalisateur, Nicholas Meyer, n'était pas très familier avec l’univers trekkie, et ses relations avec Gene Roddenberry étaient pour le moins houleuses. Pourtant, Meyer a pris sur lui de regarder religieusement la série originale, à l'issue de quoi il a décidé de s'inspirer de l'excellent épisode "Space Seed".
C'était la première idée de génie de Meyer : en effet, "Space Seed" bénéficiait d'une des meilleurs guest-appearances de la série, en la personne de l'inoubliable Ricardo Montalban dans le role du super-soldat Khan Noonien Singh, condamné à l'exil à la fin de l'épisode. Ouvrir sur ce film sur un sequence très inquiétante réintroduisant un Khan veuf, vieilli et débordant de haine envers Kirk permet de prendre la mesure de l'affrontement qui se prépare, au lieu d'étirer ad nauseam le mystère de la découverte de la menace qui pèse sur les protagonistes. V'Ger était un concept très intéressant, mais un méchant certes plus classique mais aussi redoutable et attachant que Khan, sublimé par le charisme (et les pectoraux !) de Montalban, fait toute la difference.
Ensuite, contrairement à Wise plus préoccuppé par les effets spéciaux, Meyer a parfaitement réintroduit la dynamique entre les membres de l'équipage de l'Enterprize, tout en la réactualisant. En effet, William Shatner frisait la cinquantaine au moment du tournage ! Pas question de retrouver le Kirk de la série vieille de quinze ans, fringant Casanova de l'espace : c'est un homme plus mature et raisonnable, mais aussi plus vulnerable. J'adore le moment lorsqu'il se retrouve obligé, à son grand embarras, de mettre des lunettes pour lire un rapport sur le pont de l'Enterprize. Sans mauvais jeu de mots, c'est très bien vu. Et puis sa relation avec Carol et la découverte de son fils est très touchante. Le film regorge d'éléments humains qui manquaient totalement au premier opus, depuis la soif de vengeance maladive de Khan jusqu'aux differences de vues entre Kirk et Spock, culminant bien sûr par le sacrifice héroïque de notre Vulcain préféré. Un des grands moments de l'histoire de Star Trek, magnifique d'émotion - pour ne rien dire de l'eulogie de Kirk sur fond d'Amazing Grace jouée par Scotty à la cornemuse.
Le rythme bénéficie également d'une bonne piqûre d'énergie par rapport à son aîné. Pourtant, pas question ici de batailles spatiales éffrénées. Là où TMP lorgnait clairement du côté de 2001, TWOK évite habilement d'imiter Star Wars. Il en résulte que l'affrontement entre l'Enterprize et le Defiant rappelled davantage les duels de sous-marins ou de vieux navires ; c'est très tactique mais le résultat est excellent, on retient son souffle jusqu'à la fin !
Bref, vous l'aurez compris à l'issue de ce concert de louanges : Star Trek II : The Wrath of Khan est selon moi l'un des meilleurs films de la saga, si ce n'est le meilleur. Seuls (tout petits) hics : une erreur de continuité (Khan dit connaître Tchekhov, qui pourtant n'était pas dans l'épisode "Space Seed") et quelques longueurs. Mais ne vous y trompez pas, c'est un excellent film de science-fiction, une introduction idéale pour tous ceux qui souhaitent découvrir Star Trek, et un passage obligé de l'univers Star Trek, riche en action, humour et surtout émotion ! Live Long and Prosper