En 2009, J.J. Abrams, après un Mission : Impossible III qui aura suscité bien des avis mitigés (et qui se retrouve pourtant être l’un des meilleurs films de la saga d’après la presse, le meilleur opus actuel pour ma part), c’est à une saga en très grande perte de vitesse que le papa d’Alias et de Lost – Les Disparus doit remettre sur les rails. Était-ce un bon choix de donner les rênes à un réalisateur de séries TV qui, en plus de cela, n’est pas un fan de l’univers qu’on lui offre ? Eh bien oui ! Star Trek version Abrams, bien qu’imparfait, a su redonner une véritable jeunesse aux aventures de Kirk et de Spock à bord de l’U.S.S. Enterprise. Un succès méritant qui s’est confirmé avec le box-office américain (en France, nous avons toujours été réticents envers Star Trek). Et qui veut se perpétuer avec cette suite très attendue, qui promet bien plus que son prédécesseur. Pari réussi ?

Pour rappel, l’Abram’s Star Trek se présentait comme un reboot pure de la série, non comme un remake. Et au lieu de repartir de zéro (comme tout reboot qui se respecte), l’histoire du film se passait en parallèle de ce que nous racontaient les autres films (script assez complexe mêlant voyage dans le temps), amenant les personnages et leur destinée vers un tout autre chemin. Une route nouvellement tracée qui n’empêche pas l’affrontement de nos héros face au terrifiant John Harrison, alias Khan, déjà au centre de Star Trek II : la Colère de Khan. Comme quoi, interférer avec le temps ne change pas le destin finalement ! Mais fort heureusement, cela à amener J.J. Abrams et son équipe de scénaristes à bâtir une histoire originale. Originale ai-je dit ? Un script de vengeance mettant en scène un antagoniste, équivalent diabolique du héros manipulateur et sans scrupules, ressemblant fort au Joker de The Dark Knight et à Raul Silva de Skyfall. Nous sommes bien loin du premier film, qui proposait un spectacle plutôt complexe pour les néophytes (même un peu trop avec toutes ces distorsions du temps). Mais Into Darkness possède un atout que n’a pas son prédécesseur : des personnages travaillés ! En effet, le scénario préfère se baser sur les émotions et réflexions de chacun pour enchaîner intelligemment les séquences d’action. Instaurant au récit bon nombre de thèmes (la confiance, l’amitié, à quel moment doit-on enfreindre les règles, les respecter…). Des sujets qui permettent de donner énormément d’ampleur, notamment à Kirk (tête brûlé qui va enfin briser son armure décontractée pour sortir de l’ombre de son père) et à Spock (devant surmonter son inexpressivité de Vulcain pour comprendre ce qu’est l’amitié et l’amour véritables). Ce qui n’empêche pas une petite déception : celle de voir certains personnages/relations travaillés et pas d’autres (la relation Spock/Uhura survolée, celle de Carol Marcus et de son père non exploitée, les personnages de Bones et Chekov ne servant que de seconds couteaux…). D’où la frustration d’avoir une histoire travaillée (qui n’oublie pas le second degré et les références à la série) mais qui semble incomplète.

Un script bancal, largement rattrapé par le reste du film ! Déjà en 2009, J.J. Abrams et l’équipe d’Industrial Light & Magic avaient livrés un visuel époustouflant à la saga. Avec des jeux de lumières, des textures et un rendu appétissants pour la rétine. Avec ce second opus, le résultat se montre à la hauteur, et même bien plus ! On sent bien qu’ILM a démarré avec Star Wars, améliorant au fil des années sa manière de mettre en image un space opera. Nous proposant ainsi des séquences visuellement ahurissantes (un Londres et un San Francisco futuristes, le cœur d’un volcan en fusion, l’espace, un passage en scaphandre qui rappelle un certain Dead Space…). Et n’oublions pas la musique de Michael Giacchino, qui modernise le thème de la série (comme pour le film précédent) et l’accompagne de partitions qui donnent au film des airs de blockbuster aussi bien spectaculaire qu’intimiste.

Vient également la mise en scène de J.J. Abrams. Confirmant que le bonhomme se montre être (après Mission : Impossible III, Star Trek et Super 8) un véritable faiseur de divertissements. Si celle-ci ne se montre pas des plus originale, elle n’en reste pas moins grandiose et énergique. Offrant aux séquences d’action un véritable punch qui se marie aisément avec les effets spéciaux et le montage pour donner aux spectateurs ce pour quoi ils se sont déplacés en salles. Car si le scénario reste maladroit, Star Trek Into Darkness redonne au genre « blockbuster estival » toutes ses lettres de noblesse : un déballage ahurissants d’effets spéciaux, de costumes et décors au service d’un divertissement exceptionnel, qui déménage le public et l’impressionne de bout en bout, sans jamais l’ennuyer ! J.J. Abrams n’a, de ce côté-ci, plus rien n’à prouver !

Ah oui, n’oublions pas la distribution ! Et il est fort étonnant de dire que tous, quelque soit leur rôle, arrivent à s’en sortir haut la main ! À commencer par Chris Pine, décontracté et qui prouve qu’il peut aller dans le registre émotionnel et sérieux quand il le faut. Zachary Quinto, très grand Spock qui fait aussi bien ressortir le Vulcain que l’Humain qui sommeille en lui. Et puis, viennent Simon Peck et Karl Urban pour l’humour, Zoë Saldaña et Alice Eve pour le glamour, John Cho et Anton Yelchin pour le naturel, et Bruce Greenwood pour le professionnalisme. Mais tous, sans exception, ne font pas le poids face à Benedict Cumberbatch, le Sherlock Holmes « modern » de la série TV, qui nous livre ici l’un des méchants les plus mémorables du cinéma. Grandement charismatique, cruel, impressionnant… tout pour s’approprier l’écran à son avantage, pour notre plaisir !

Après quelques démarrages pourtant annoncés comme des poids lourds (Oblivion, Upside Down et After Earth), l’année SF qu’est 2013 prend enfin son envol avec J.J. Abrams, qui permet du coup à diminuer nos craintes concernant Star Wars VII. En effet, pour ceux qui l’ignorent encore, le cinéaste va quitter la saga Star Trek pour s’occuper de celle de George Lucas (du moins, le septième opus). Et avec Into Darkness, Abrams prouve qu’il peut fournir un space opera visuellement grandiose et hautement divertissant. Ne reste plus qu’aux studios Disney de ne pas trop s’impliquer dans le projet, au risque de nous livrer un autre John Carter. À J.J. Abrams : longue vie et prospérité !!
sebastiendecocq
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le 12 juin 2013

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