Six, ça me paraît honnête.
Clairement, j’ai pas eu droit à la plongée dans les ténèbres qu’on m’a vendu. La partie Space Opera se fait attendre et se retrouve en définitive bien plus annonciatrice d’éléments futurs dans le reboot de la saga (l’impression qui n’en n’est pas qu’une que le vrai voyage vers l’inconnu débute au prochain épisode) que réel élément à part entière laissé à l’appréciation du spectateur par le scénario. La relation Kirk/Spock se repose un peu trop sur ses acquis. Comme dirait @Socinien « les lens flares c’est [vraiment] l’enfer », et le tout est criblé de conneries consternantes, tant sur le plan scientifique, scénaristique, que logique.
Alors je coupe tout de suite l’herbe sous le pied des petits malins qui vont aller regarder combien j’ai mis au premier film de Abrams : c’est un 7 —eh oui— et parce que j’avais été agréablement surpris (soulagé) de voir qu’on pouvait véritablement dépoussiérer une franchise aussi stigmatisée en lui apportant ce que le ciné pop corn actuel pouvait faire de mieux (tout est relatif) tout en ne négligeant pas l’importance de la caractérisation de Spock, et la construction de ses rapports avec Kirk (insupportable minet bien de notre époque, mais pas le pire). Bref, un bon divertissement qui se foutait pas trop de ma gueule.
Ici aussi le divertissement est de qualité. Abrams maîtrise de plus en plus son medium, même si on sent toujours les influences planer (le duel Spock/Khan sur les véhicules en marche cite allégrement Spielby), et côté effets spéciaux on s’approche souvent de très bonnes choses (les décors urbains mixant éléments futuristes et pierres millénaires de Londres, le passage en hyper espace, l’Enterprise…). Le script se veut plus dense que sur le premier film, et même s’il ne l’est pas vraiment il en donne l’illusion et maintient un rythme constant.
Ça excuserait presque les quelques conneries référées plus haut si le spectre puant post trauma 9/11 ne venait pas laisser un léger arrière (mauvais) goût en dernière partie, lors du retour sur terre.
Ça et un méchant dont le salut tient plus à son interprète qu’à son écriture ; les deux aurait été bien. On ne peux pas avoir le beurre et le cul de la crémière comme disait l’autre.
En effet, si Khan n’est au final rien de plus qu’un méchant chien fou sans laisse faussement torturé habillé par Yoji Yamamoto, heureusement que Cumberbatch —intense— lui donne présence, charisme, et un semblant de profondeur. Indiscutablement, chacune de ses apparitions sont comme des claques sur pellicule, d’ailleurs Pine et même Quinto se font manger tout crus à l’écran, tels deux padawans imberbes vierges.
(Désolé les Trekkies, j’ai cité Star Wars…)
Hitchcock disait : « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film. » . Il fallait peut être préciser que s’occuper du reste du film ça comptait aussi.
Un bon méchant mais qui aurait pu être plus étoffé, une histoire simpliste mais qui se la joue pas simple, de bons CGI mais des maquillages fauchés, de beaux compositings urbains mais des décors pauvres, des personnages sympathiques mais en mode croisière, pas mal de crétineries, Pegg qui cabotine, des lens flare partout, Weller qui cachetonne encore (je le croise à tous les coins en ce moment), un bon moment tout de même malgré l’impression de frustration et d’inachevé en fin de séance.
Bref, six ça me paraît honnête.