Je comprends les protestations de ceux qui sont très attachés à la franchise créée par Gene Roddenberry. Ce film ressemble à Star Trek comme je ressemble à Meryl Streep (et je vous interdis de m'appeler Meryl !). A l'origine, Star Trek est une série d'enquêtes spatiales, de mystères, d'explorations, d'aventures. Abrams en a fait un film d'actions et d'effets spéciaux commun. D'où la hargne de certains. Je répète, je comprends.
Abrams a d'ailleurs parfaitement conscience qu'il s'est éloigné de la série ; mauvaise conscience, sûrement. Alors, il peuple son film de références multiples à la série, comme une tentative de se raccrocher aux branches. Présence de Leonard Nimoy, multiples références au deuxième film de la série, discours du générique de la série télé, on balise le chemin, mais c'est l'arbre qui tente vainement de cacher la forêt. N'ayons pas peur des mots, ce film est la trahison de Judas-Abrams. Je ne sais pas ce que réservera la suite et les autres films intitulés Star Trek, mais peut-être sommes-nous ici à un tournant dans la production de cette franchise.
"Qu'importe de violer l'histoire, pourvu qu'on lui fasse de beaux enfants", aurait dit Alexandre Dumas. Cela pourrait être aussi le leitmotiv d'Abrams. Certes, il a trahi Star Trek, mais le résultat est quand même fort agréable. Le cinéaste en a fait un film d'actions et de trucages vraiment sympa. On assiste à des scènes impressionnantes, les trucages sont bien foutus, l'action rebondit régulièrement et on ne s'ennuie pas une minute. Quelques notes d'humour viennent ponctuer le tout. Un gentil spectacle...
... qui n'est pas exempt de défauts quand même, il ne faut pas exagérer. Le principal, c'est Benedict Cumberbatch. L'acteur, que j'avais découvert dans la série Sherlock, m'avait alors marqué par ses absences combinées de charisme et de talent. Sa présence ici confirme mon impression : c'est un piètre acteur. Il tente de faire le "regard intense" pour nous faire croire qu'il est formidable, mais il est inexpressif au possible. The Asperge is back !
Je n'accroche pas non à Zachary Quinto, l'acteur censé interpréter Spock. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi, c'est purement physique.
Par contre (tant qu'on est dans le casting), dans les seconds rôles il y a plusieurs excellentes surprises. La meilleure, c'est la présence de Simon Pegg dans le rôle de Scottie. Comme il l'avait fait dans Mission impossible 4, il apporte ici son humour décalé et parvient à apporter de véritables bouffées d'oxygène dans un film qui, sans cela, se serait trop pris au sérieux.
Et puis, il y a Peter Weller, LE Peter Weller de Robocop. J'avais l'impression de ne pas l'avoir revu depuis des siècles : autant dire que la surprise fut très bonne, là aussi.
Le scénario est quand même complètement cousu de fil blanc. Les incohérences se multiplient (L'Enterprise attendant bien sagement sous l'eau... Mais bien sûr !) mais, globalement, Abrams s'en tire bien, faisant un divertissement honnête, pas transcendant certes, mais qui procure un bon moment. Finalement, je ne lui en demande pas plus.