Contrairement à une opinion largement répandu au point qu’elle est devenue une quasi-vérité absolue, La menace fantôme n’est pas un si mauvais film. Je partage l’avis déjà exprimé par quelques hérétiques selon lequel il s’agit probablement du meilleur épisode de la prélogie.
Bien entendu, il y a toujours une part de nostalgie lorsque l’on évoque les films de son enfance. Après avoir vu la première trilogie en version VHS (avant le remaster des années 90), des petites pépites pour qui apprécie les animatroniques en lieu et place des images de synthèse, j’ai gouté avec plaisir au premier épisode de la prélogie, tout d’abord en anglais dans une version VHS piratée, puis dans les salles obscures. Saisi par l’émotion, je me suis levé dans la salle à la vision de la ligne d’arrivée lors de la course de podracers, obligeant mon père à me rassoir : signe que ce film a pu provoquer en moi des émotions aussi naïves que puissantes, rarement ressenties au cinéma durant mon enfance.
Le long-métrage n’a certes rien de fantastique en soi, néanmoins il se réapproprie à merveille les codes des films commerciaux hollywoodiens des années 90 : un héros juvénile (prépubère même) nous évitant les scènes de baisers langoureux des films des années 80, un Jar Jar Binks en tant qu’acolyte cartoonesque digne de Will Smith dans Men In Black ou de l’âne dans Shrek, un mélange d’images de synthèses, d’animatroniques et de prises de vue avec des décors réels (bien loin des paysages quasi vidéo-ludiques des épisodes 2 et 3, soit quand les possibilités offertes par la technique annihile la vraisemblance du rendu esthétique) et des musiques parmi les meilleures de la saga, juste après la trilogie originale : que demande le peuple ?
Ah si ! Cet épisode, contrairement aux suivants, propose une histoire cohérente, plutôt bien rythmée qui sait poser les bases d’un récit sans trop se perdre en détails, un développement de personnages vraisemblable et une vraie fin : enfin un épisode qui se suffit à lui-même, qui parvient à procurer du fun sans trop forcer dans l’auto-référence à sa propre légende.
Le film coche aussi toutes les cases du bon cinéma d’action : le spectateur a droit à une bataille terrestre rangée, plusieurs batailles spatiales ainsi qu’à un combat au sabre dantesque tout en se payant le luxe d’introduire la fameuse course de podracers au beau milieu du film, juste pour le fun.
Sans compter le lore plutôt intéressant : la fédération du commerce, les droides, l’esclavage etc, ce qui pourrait faire passer cette menace fantôme pour un film quasi social à côté de la nanardise made in Disney des derniers opus.
Bien sur il s'agit toujours du Star Wars made in Georges Lucas, filmé sans grande ingéniosité, écrit avec une grande naïveté, et dans laquelle nous retrouvons pêlemêle la plupart des autres défauts inhérents à la saga. Cela reste pourtant un agréable moment de cinéma à grand spectacle, qui a su relancer la saga en proposant quelque chose de différent, adapté à l’époque, sans non plus sombrer dans les incohérences ou à l’autoréférencèrent excessif et quelque peu malaisant des épisode 2 et 3.