Crash of the Heroes...

Si à l'époque de sa sortie et les années qui suivirent, La Revanche des Siths me procura une vive émotion à chaque fois que le film touchait à sa fin, à aujourd'hui - même s'il reste à mes yeux le meilleur épisode de cette prélogie - je ne peux m'empêcher de noter ses défauts qui m'apparaissent plus clairement. Le film aurait pu être beaucoup plus grand encore, de part sa dimension tragique, mais les faiblesses des précédents épisodes ne peuvent être effacées, ce qui a forcément un impact sur celui-ci ...

L'écriture du personnage d'Anakin Skywalker ne s'est pas améliorée : nous retrouvons toujours ce même personnage têtu, arrogant, n'apprenant pas de ses erreurs, ne prenant aucun recul sur les évènements ce qui fait de lui un être particulièrement naïf et beaucoup trop facilement manipulable... du pain béni pour Palpatine ! Elle est belle la sagesse ancestrale des Jedi ! Cela manque du coup de profondeur et de subtilité, quelle déception et quelle frustration de notre point de vue face à celui qui est censé devenir l'un des plus grands méchants de l'Histoire du cinéma... Difficile donc de ressentir une réelle empathie pour le personnage...

En plus de cela, le jeu d'acteur d'Hayden Christensen n'aide toujours pas. Je pense que c'était la première fois que je voyais le film en VO cette fois, et j'ai l'impression qu'il parlait toujours sur ce même ton plat, sans aucun émotion au point de me dire que le doubleur français y a mis beaucoup plus d'investissement, lui, dans son interprétation ! Seul le poignant "I hate you !" parvient encore et toujours à me retourner les tripes...

Natalie Portman est définitivement reléguée au rôle de la belle plante verte, et c'est bien dommage car le personnage pouvait apporter tellement plus ! Ewan McGregor est toujours aussi juste dans son interprétation, mais je trouve que le personnage d'Obi-Wan est beaucoup trop naïf et gentil vis-à-vis de son apprenti, limite aveugle, et au contraire les réactions d'Anakin sont beaucoup trop démesurées vis-à-vis de son maître, du coup on a du mal à croire à la profondeur de leur relation malgré tout l'enjeu dramatique autour. Et Ian McDiarmid en fait des caisses, au point de devenir caricatural... Enfin, au niveau de l'histoire on a l'impression que tout s'enchaine vite, beaucoup trop vite, au détriment de la crédibilité.

Néanmoins, tout n'est pas à jeter dans cet Episode III, bien au contraire ! Cette bataille spatiale en guise d'introduction reste très impressionnante. Et de manière générale, je trouve les effets spéciaux très réussis, tout au long du film nous avons l'occasion de découvrir de nouvelles planètes, de nouveaux décors et panoramas (certes en fond vert) qui ne peuvent que stimuler notre imagination ! Le Général Grievous apporte un vent de "fraicheur" à la palette des méchants : j'aime bien l'idée de ce droïde mi-robot mi-humain, ou en tout cas constitué de chair, tout en préservant le mystère autour de lui. De manière générale, le film est bien rythmé : les actions sont très intenses, et les passages plus lents ne trainent pas trop en longueur pour servir l'histoire. Et cette séquence finale est quand même très chargée en émotion !

Entre l'exécution de l'ordre 66, le basculement vers le côté obscure, le combat ultime entre Obi-Wan et Anakin, la mort de Padmé/naissance de Dark Vador... Il m’était auparavant difficile de retenir mes larmes en ce qui me concerne ! Pour le coup, les acteurs se sont vraiment investis sur la fin et ça se ressent ! Le désespoir d'Obi-Wan par exemple, me fend vraiment le coeur... D'autant plus que Maître John Williams s'est encore surpassé pour la bande-originale, nous offrant des thèmes marquants, emblématiques, et d'une grande puissance émotionnelle ! Je dois dire que je l'ai bien poncée cette BO pendant quelques années !

La Revanche des Siths aurait pu être une belle et grande réussite, car il est le point d'orgue de cette saga Star Wars, là où tout bascule, là où les enjeux politiques et dramatiques sont à leur paroxysme. Malheureusement, son esthétique visuelle et auditive - ses meilleurs atouts - ne suffisent pas à élever le film aux firmaments car cette prélogie souffre depuis le début d'une écriture bâclée et d'un développement de ses personnages (principaux comme secondaires) parfois douteux, qu'il n'est pas possible de rattraper, et c'est fort dommage. On était à ça d'atteindre les étoiles !