Cette critique fut écrite dans le cadre d'un cours d'écriture critique, sous la contrainte d'une limite de pages, elle sera éditée pour ajouter du contenu coupé.
Star Wars Episode VII: The Force Awaken (abrégé en SW7) est un film de science-fiction réalisé par J.J. Abrams, sorti en salle en décembre 2015. Il s'agit du septième volet de la saga démarrée par George Lucas en 1977, et le premier à sortir depuis 10 ans, dans le but de démarrer une nouvelle trilogie. Cela fait maintenant un an et demi que le film est sorti, et les avis sont mitigés. Mais une proportion bruyante se fait entendre, crachant une haine sans limite à l'encontre de ce film. Qu'en est il vraiment ?
Devant succéder à une prélogie mal aimée, le film avait pour mission de renouer avec les fans de la première heure, ceux qui connurent l'émerveillement de la trilogie originale, ceux à qui la saga doit tout, et recréer le frisson qui s'empara des salles en 1977 avec l'épisode IV, qui n'était alors que Star Wars.
Beaucoup pensent avoir vu un remake de l'épisode IV. Une redite haute-définition d'un film qu'ils connaissent déjà, et dont ils tracèrent les parallèles en omettant les divergences. Car non, Star Wars Episode VII: The Force Awaken n'est pas une copie carbone de son prédécesseur, loin de là.
Le film donne à voir un élément narratif inédit dans un Star Wars ; des personnages, et non plus des figures. La figure est le résultat d'un archétype de personnage suivit à la lettre, donnant un résultat cohérent, mais sans substance, tombant facilement dans une parodie d'elle même. Un personnage peut entrer dans un archétype, celui de l'anti-héros, du roublard, du maître etc, mais contient suffisamment d'éléments extérieurs à son archétype, de part son histoire, ses caractéristiques, pour gagner en profondeur et une personnalité, une sorte d'âme littéraire (ou plutôt cinématographique dans le cas présent).
Prenons l'exemple de Kylo Ren. Il s'agit d'un des personnages à la psyché la plus développée qu'il ait été donné à voir dans un film Star Wars. Il est à la fois un reflet inversé de Darth Vader, et les restes de son ombre, cherchant désespérément à devenir lui. Un reflet inversé car toute l'ambivalence du personnage est son tourment qui est l'exact inverse de celui habitant Anakin dans les épisodes II et III, et Vader dans le climax du VI. Kylo Ren, de son vrai nom Ben Solo, a développé pour son grand-père une admiration sans borne. La raison n'est pas explicitement donnée dans le film, seuls quelques indices sont laissés ça et là. De cette admiration est née une identification, une illusion dans laquelle Ben s'est enfermé pour se sentir en sécurité, et exploitée par son maître, le mystérieux leader suprême Snoke. Kylo/Ben est un gentil qui essaye d'être méchant, qui est persuadé que ce n'est qu'ainsi qu'il pourra s'accomplir, c'est pourquoi il est l'antagoniste et non le méchant, il n'en est pas (encore) un. Une scène en particulier illustre particulièrement bien l'écho à la Darth Vader, et la différence entre les deux personnages (ou entre le personnage et la figure). Vader, lorsqu'un officier lui manqua de respect dans l'Episode IV, se contenta de l'étrangler en usant de la force. Calmement, froidement, avec une remarque moqueuse. Là où dans une situation similaire, Kylo Ren laisse éclater sa rage aussitôt, tire son arme et détruit une partie du décor avant de saisir physiquement on officier à la gorge. Chacun dispose d'ailleurs d'une caractéristique qui illustre cette même différence ; le respirateur régulier, mécanique et inexorable de Darth Vader et le sabre crépitant, instable et incomplet de Kylo Ren. Un écho total entre le monolithique, le froid, le calme Darth Vader, et l'instable, explosif et impulsif Kylo Ren. Enfin, un parallèle intéressant entre les deux personnages est leur rapport au masque. Vader le porte par besoin vital, il en a besoin pour respirer et compenser ses blessures physiques, c'est pour lui un outil purement pratique, pragmatique tout comme la figure est un outil. Kylo porte le masque pour compenser et cacher ses blessures psychologiques, intérieures. Le masque est un élément de caractérisation essentiel du personnage, lorsqu'il le retire il déçois le spectateur car il n'est pas monstrueux sous son masque, et c'est là le but. Son masque lui procure la confiance dont il manque pour être intimidant. Cela participe à caractériser le personnage.
L'autre nouveau personnage ayant droit à un développement poussé est la protagoniste, Rey. Vous trouverez, sur internet notamment, de nombreuses critiques la caractérisant comme une Mary Sue. Un personnage sans défauts, capable de tout faire, qui n'échoue jamais, qui est invincible. Ce que Rey n'est pas, pour peu que le spectateur prête attention au film et à son langage. Rey est une orpheline dont on ne connaît toujours pas le passé à l'heure actuelle, elle a grandi sur la planète désertique de Jakku, en désossant des carcasses de vaisseaux pour payer sa pitance. Il n'est alors pas si étonnant qu'elle sache se défendre, le film nous la montre même se débarrasser de deux brigands qui l'attaquait par surprise en début de film, au cas où certaines personnes un peu trop innocentes n'avaient pas compris que seuls les forts survivaient sur cette planète. En voyant une orpheline ayant grandi sur une planète désertique, le lien avec Luke Skywalker est tout trouvé, mais Luke n'est que la figure typique du jeune héros adolescent prédestiné à devenir un héros dans une quête mystique, et n'attendais qu'une chose c'est que l'aventure frappe à sa porte. Rien ne laisse suggérer ses capacité, et rien dans les films ne les explique, il est juste pris pour acquis que Luke est un pilote d'exception qui n'est jamais allé dans une académie de pilotage et est meilleurs que tout les pilotes rebelles. Car il est la figure du héros, et le héros réussi toujours. Le personnage de Rey a une raison pour chaque capacité qu'elle démontre, même si elles sont parfois nébuleuses. Mais elle même est toujours surprise par ses capacité, et évolue au cours du film à contrario de Luke qui sait déjà faire ce qu'il a à faire.
Par exemple, chaque première prise de conscience de la Force par chaque personnage, en fin de film, lors de la confrontation avec leur antagoniste. Luke, à bord de son vaisseau, s'apprête à tirer la roquette qui détruire l’Étoile Noire, lorsqu'il reçoit un message de Ben Kenobi qui, par delà la mort, le conjure d'utiliser la force pour atteindre son objectif. Luke s'exécute, le tir est un succès, victoire. Là où Rey, lors de son duel avec Kylo Ren, est constamment sur la défensive, cherchant à s'échapper, jusqu'à être dos au mur, aux prises avec son adversaire qui cherche à la convaincre de le rejoindre et de le laisser lui enseigner les usages de la Force. Rey réalise que tout ce qu'elle a fait n'était pas dut à la chance, qu'elle peut utiliser la Force et cette prise de conscience renverse le rapport de force puis amène à la victoire. Dans le cas de Luke, il n'y a pas de fond. Il n'a jamais douté de la Force, de ses capacités. Il l'a accepté aussitôt qu'il l'a appris. Rey doute constamment, de la Force et d'elle même. C'est pourquoi cette prise de conscience est un tournant majeur pour le personnage.
Mais le film n'est pas parfait, et il souffre d'un défaut majeur, et paradoxal, il manque d'exposition. De nombreuses informations importantes sont passées sous silence, de l'éviction de Leia du sénat, au simulateur de vol récupéré par Rey dans sa jeunesse (expliquant ainsi ses connaissances en pilotage) ou les raisons pour lesquelles la République n'agit pas contre le Premier Ordre (qui est un écho aux raisons pour lesquelles les Alliés n'ont pas déclaré la guerre à l'Allemagne Nazie dès le début de la course à l'armement). Toutes ces informations se retrouvent dans l'aspect trans-média, dans les romans, les guides visuels. De plus le film manque d'originalité sur d'autres points, dans les environnements notamment. Aucun n'est nouveau, tous sont repris d'anciens épisodes. Tout cela pour plaire aux fans et s'assurer de rentrer dans ses frais.
Star Wars Episode VII : The Force Awaken est un bon film, et un Star Wars timide, craintif et amputé, sans réel moment de bravoure. Néanmoins, il a pris la responsabilité de faire toutes les références nécessaires pour que l'épisode VIII et IX aient le champ libre dans leur créativité.
Si malgré cela, vous persistez à penser que Star Wars est mort, alors vous en êtes les assassins.