Dans une galaxie mondaine… très mondaine, le studio Disney s’est emparé d’une franchise qui eu bien des obstacles et des maladresses, avant de boucler l’épopée des Skywalker. Enfin, c’est ce que nous pensions tous. L’annonce donne donc lieu à un fléau viral et toxiques, que sont les fans de la première heure, répandant inquiétudes et mécontentement. Suite à quoi, Disney et le nouveau réalisateur J.J. Abrams rétorquent avec une plus grande maladresse que précédemment, en ne jonglant qu’avec des matériaux qui n’ont rien d’innovants ou de subtils. Outre le travail remarquable que l’américain a fait sur la saga Star Trek, ce dernier ne fait rien d’autre que cultiver la nostalgie pour ces fans et pour un jeune public à séduire. L’idée de croire que ce film n’est qu’un projet marketing semble assez mal dissimulé, malgré les promesses faîtes sur plus de trois ans de préparation. Doit-on condamner cette nouvelle ouverture et extension de l’univers de la Force pour autant ? C’est discutable, mais le débat sera saignant.
Si ce film résonne plus dans l’esprit de la première trilogie, il est vain de vouloir réconcilier ce qui n’a pas lieu de l’être, surtout en abordant une structure narrative qui est venu se greffer au premier film de George Lucas. Ce dernier n’a pas toujours été à la hauteur de ses ambitions, mais il y avait une direction qui repousse les limites. Ici, Disney et Kathleen Kennedy vont à l’exact opposer. Ce spot publicitaire grandeur nature ne devrait pas voir le jour dans une salle, au détriment d’une œuvre que l’on aurait apprécié plus expérimental comme l’avait été « La Menace Fantôme », les défauts en moins si possible. C’est sans prise de risque que le studio se met dans une position délicate, car l’intrigue est revisitée, dans des décors recyclés, remplis de personnages calqués aux héros de la Rébellion ou de l’Empire. Et si nous devions chercher du réconfort dans le retour des vétérans pour nous émouvoir, c’est gagné. Nous n’aurons pas plus, car c’est un maigre pacte, qui nous livre à une paresse sans nom, malgré la fluidité du divertissement, ne reculant devant aucune opportunité d’icôniser bêtement ce qui faisant le fer de lance d’une légende.
Par ailleurs, le film aseptise énormément de choses, à commencer par l’écriture des personnages qui ne transcende ni le papier, ni l’écran. Nous nous installons auprès d’une Rey (Daisy Ridley), qui déconstruit peu à peu ce qui faisait de la force un don à travailler avec patience. Au lieu de cela, son utilisation s’illustre plus comme un tremplin scénaristique afin de rendre les transitions plus dynamiques. On le ressent constamment, car le réalisateur apprécie ce rythme soutenu, dans la panique. Il insuffle également à ses plans une sorte de gigantismes qui n’ont pas assez d’impact par moment, car les enjeux n’ont pas encore été installé ou qu’ils peinent à se montrer cohérents, ludiques et créatifs. Le film passe donc à côté d’énormément de détails qui auraient pu lancer le récit dans les origines de Finn (John Boyega) et enfin découvrir la face cachée du Premier Ordre, synonyme sympathique pour ne pas dire Empire, sachant que la majorité des informations sociétales ou politiques sont manquantes, si l’on ne s’aventure pas dans l’univers étendu et dérivé de ce qui est à présent déclaré « Canon ». Exit les littératures qui ont su complexifier les personnages ou des sous-intrigues alléchantes, place à des microtransactions avec le diable des fantasmes et des rêves.
Le méchant aussi est diagnostiqué comme fébrile et avec ironie. Kylo Ren, lancé par un excellent Adam Driver en dehors de cette galaxie-là, fait peine à voir. Nous jouons clairement sur une double facette qui tient en un seul mot, le doute. Il tremble dans la balance de la Force mais ne trouve pas la voie qui le détache su passer et de l’ombre de Vador. Et le souci semble se répète de nouveau, car le support reste identique à chaque instant. Il ne s’agit que d’une compilation de ce qui a été apprécié, mais qui ne retrouvera pas la même magie qu’autrefois. Le monde a bien évolué et Hollywood pose lui-même ses contraintes qui ne peut libérer le potentiel de cette suite. Ce n’est pas en renforçant la présence de personnages féminins qu’on change la donne, ou bien en incluant plus de minorités ethniques. Il faut plus qu’une belle image pour convaincre, il faut une histoire différente et du cœur. Le second a sans doute été exploité à moitié, car depuis la prélogie, ou d’autres tendances agressives, il est évident que l’attente influence également ces superproductions qui cherchent à trouver la réponse universelle afin de satisfaire toutes les générations. Mais il faut savoir prendre du recul pour comprendre en quoi la saga se démarque de tant d’autres. Il faut apprendre à apprécier les vestiges qu’on nous a laissé avant de s’investir dans une impasse et il faut creuser la question de la pertinence.
Si « Star Wars : The Force Awakens » semble bien excité un retour en force, il laisse un arrière-goût à effacer au plus vite. Il ne faudra pas attendre le dénouement d’une trilogie, comme l’avait fait la seconde, pour rendre son intrigue globale captivante. Il est facile de faire virevolter les jouets de l’ancien temps, mais si ce n’est que pour faire de la poussière, il aurait mieux fallu ne pas déterrer le fossile, qui continuait lentement son expansion par des ressources plus intimistes et plus familiale que cette aventure qui ne constitue qu’une balade sans surprises, tout en arborant le burlesque comme du mépris. Et même dans les instants le plus forts, nous n’arrivons pas à capter l’émotions comme elle arrive. La mise en scène est également polluée par le désir de censurer la violence, là où elle a su alimenter des enjeux puissants chez les héros d’une autre génération. Il fallait donc d’attendre à un passage de flambeau comme marque de respect, mais nous nous demandons bien comment Mark Hamill, Harisson Ford et Carrie Fisher ont pu se laisser entrainer aussi loin dans le coté obscur d’une Force que l’on sous-estime et que l’on ne ressent plus.