Un sabre laser de Damoclès démesuré reposait sur la tête de J.J. Abrams dès sa prise en main du nouveau Star Wars, menaçant du moindre écart sa carrière et sa réputation. Mais la Force l'a baigné de sa lumière : le réalisateur a mis la gomme pour nous offrir avec The Force Awakens un septième épisode à portée de mythe, objet épique suant la nostalgie par tous les pores sous le poids aussi intense que touchant de l'héritage, tripes matrices respectées avec une fougue renversante. Accuser le film d'être le simple remake de l'opus originel serait se détourner de sa portée réflexive, fusion de fantasmes d'un cinéaste passionné et de spectateurs désenchantés, conscience salvatrice équilibrant de la plus parfaite des balances le fan-service et la nouvelle mythologie naissante. Dès la séquence d'ouverture ébouriffante, l'aventure déclenchée ne s'arrête jamais, teintes d'humour et détournements faisant briller un féminisme revigorant, moments de bravoure frugaux et transcendances viscérales parsemant notre peau de frissons depuis longtemps oubliés. Dans l'enthousiasme ambiant, on regretterait presque avec une amertume polie que le grand John Williams ne livre pas de nouveaux thèmes forts. Mais avec de nouveaux personnages charismatiques qui n'attendent qu'à être nourris, une substance artisanale grisante et une scène finale invoquant un horizon surpuissant, J.J. Abrams fait de The Force Awakens une grande aventure sans démesures, un appel du cœur au réveil de nos étoiles.
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