Tout cela est venu lundi dernier, au cours de l'organisation d'une bonne bouffe. C'est là que j'ai eu une idée : aller voir le dernier Star Wars juste après. Et parce que ce n'était déjà pas assez fun en soi, vu les 500 000 places déjà réservées (soit disant), c'était d'y aller sans tickets, à la première séance proposée et, le comble, le voir en 3D.
Oui, je sais, j'ai parfois des idées de suicide...
Mais il faut croire que la Force était avec nous, puisqu'on s'est pointé comme une fleur dix minutes avant le lancement sans subir la file d'attente et que la salle, finalement, n'était qu'au deux tiers pleine. Donc, avec un de mes potes, les lunettes 3D sur le nez, nous nous installons confortablement au premier rang, juste en face du grand écran dans l'espoir d'en prendre plein les yeux.
Allez, je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Enfin, je vais pas tarder. Je vais vous le dire franchement et j'irai droit au but : Le Réveil de la Force, c'est bien. Mais ce n'est pas LE choc qu'on a essayé de vous vendre tout en faisant monter la pression.
Les premières minutes peuvent à ce titre inquiéter un peu. Vous me direz certainement que ce n'est qu'un détail, mais, les Storm Troopers, ils n'auraient pas repris un supplément de bûche des fois ? Passé cette constatation, Force est de constater que J.J. Abrams a bien réussi son coup. Finis tout d'abord les intrigues politiques ineptes et les discours interminables devant un sénat en train de somnoler (Oui, c'est aussi la réalité chez nous mais c'est pas une raison). Terminés aussi les extraterrestres bigarrés qui traversent l'écran ou les personnages les plus improbables n'ayant que pour unique utilité de donner une vie artificielle à des arrières plans en fonds verts ou d'étoffer de très courtes scènes de foules. Et sortir des figurines ou des jouets. Car J.J. Abrams réussit le tour de Force de s'approprier l'univers développé par George Lucas tout en en réfreinant les extensions anarchiques et sans grand sens pour le spectateur.
Il réussit enfin à donner corps à cet univers, à lui donner un aspect "en dur" et beaucoup plus charnel que celui de la prélogie, et expurge son intrigue de toute scène inutile, du style course de pods qui, aussi spectaculaire était-elle en son temps, venait sacrément ralentir le rythme de La Menace Fantôme. Abrams jette ainsi beaucoup plus de ponts avec la trilogie originelle et renoue ainsi avec l'aventure pure et bondissante des débuts. On voit que le réal' prend soin de ce qui lui a été mis dans les mains et fait revivre les souvenirs un peu enjolivés ou l'inconscient collectif, qui font que chacun, finalement, est un fan de Star Wars même s'il s'en défend. Au point que le film reprend l'ensemble des figures d'Un Nouvel Espoir, personnages comme situations, et tourne un quasi remake de certaines scènes immortelles tout en en inversant les focales ou les thématiques. D'où un spectacle très solide, sincère et qui ne trahira pas l'héritage ou la tradition de la première trilogie, peut être au détriment de l'effet de surprise ou d'une envie de renouvellement.
Les nouveaux personnages, eux, fonctionnent dans l'ensemble plutôt bien, Rey en tête, à laquelle on s'attache immédiatement dans sa stature de néo-Skywalker. Tout comme le nouveau robot BB8, adorable et beaucoup plus alerte et bondissant que son illustre ascendance. Finn, lui marche un peu moins bien, même si le personnage est un peu travaillé psychologiquement.
Le seul bémol sur cet aspect tiendra sans doute au méchant, beaucoup moins charismatique que l'immortel Dark Vador, ou dans une moindre mesure l'incroyable, esthétiquement parlant, Grievious de l'Episode III. Il a beau avoir un sabre-épée qui pète la classe, si ses premiers passages à l'écran lui confèrent une certaine allure, le masque épuré y faisant pour beaucoup, il est très dommageable de le lui faire enlever aussi rapidement, sa prestance s'envolant alors instantanément. Difficile dans ces conditions, en dévoilant tout dès le début, de faire naître et croître une mythologie autour de lui. Tout cela au profit de l'apparition, une fois démasqué, du grand frère de Ron Weasley, tout droit évadé de chez Harry Potter... Et je ne vous parle pas du grand méchant...
Mais ce personnage ou cette absence de surprise ne fera que troubler momentanément la surface de l'eau, tant Le Réveil de la Force s'avère un grand spectacle habité, sincère et solide, truffé de morceaux de cinéma impressionnants procurant de sacrés sensations, surtout en 3D. Esprit conservé, héritage préservé, ce nouveau Star Wars représente un véritable pont entre deux générations séparées de plus de trente ans et une prélogie clivante, à l'image de ce plan final comme en forme de transmission : main tendue et sabre mythique.
De très bonnes et solides fondations pour la suite. Cette impression a été confirmée à la sortie de la salle, quand j'ai croisé un petit, les yeux plein d'étoiles, accroché à sa peluche Yoda. Preuve que la magie renaît.
La seconde vision, vidée de toute appréhension, permet de valider cette satisfaction générale et laisse au spectateur rassuré la liberté de goûter certains morceaux de bravoure offerts par J.J. Abrams, comme les premières acrobaties du Millenium Falcon, assez renversantes. Ou encore le joli début de relation qui se dessine entre Rey et son papa d'adoption.
Cette libération permet aussi de jeter un œil plus froid et neutre sur Kylo Ren. Si l'erreur de dévoiler son visage et son identité si tôt dans cette nouvelle trilogie demeure, tout comme le goût amer dans la bouche qui en résulte, son apparente fragilité et sa fébrilité font que l'on reconsidère un peu le personnage dans les possibilités qu'il pourrait bien offrir pour les prochains opus, même si le dépeindre comme un môme en colère qui ravage sa chambre l'empêche d'accéder pour le moment au panthéon des méchants de la saga galactique initiée par George Lucas. Et qui sait, de cette faute de goût (pour moi, c'est un ressenti) pourrait peut être bien naître une future bonne surprise...
Behind_the_Mask, qui a failli piquer un Yoda en peluche.