Après le rachat de Lucasfilm Ltd. pour près de quatre milliards de dollars, The Walt Disney Company se devait d’exploiter à bien sa nouvelle poule aux œufs d’or. Elle décide donc de lancer une nouvelle trilogie avec son lot de spin-offs qui va avec.
Ils conviennent alors de situer leur histoire trente ans après les événements finaux du Retour du Jedi, où le Premier Ordre nait des cendres de l’Empire Galactique déchu. Nous faisons alors la connaissance d’un nouveau trio de héros, avec en tête la jeune Rey, le stormtrooper Finn et le meilleur pilote de la Résistance Poe Dameron.
Face à ce pitch plutôt singulier, on constate ainsi la première faiblesse du film qui reprend les mêmes codes et les mêmes lignes que le film original. Une force maléfique fait surface menaçant l’équilibre de la République où un trio de jeunes héros vont devoir collaborer afin de contrer les plans diaboliques du grand méchant, grâce à son engin de destruction absolue. Mais le scénario, signé Lawrence Kasdan, J.J. Abrams et Michael Arndt, a l’intelligence de ne pas s’attarder sur ces points redondants afin de développer ses nombreux personnages. Rey est donc le personnage central de l’histoire, une pilleuse de cargos abandonnés qui va voir son destin bouleversé lors de sa rencontre avec le droïde BB8 détenant un message caché convoité par le Premier Ordre. On sent parfaitement l’influence de la productrice et présidente de Lucasfilm, Kathleen Kennedy, de changer quelque peu la saga en mettant en avant un personnage féminin fort et essentiel à l’intrigue du film, mais cela ne va pas aussi loin que le discours féministe de George Miller dans son Mad Max : Fury Road. Néanmoins, la démarche est en route, et cela pourrait bien changer pour de bon ces inégalités hommes / femmes dans le milieu hollywoodien.
Mais revenons-en à notre sujet principal. Pour ce qui est du reste des personnages, on accroche d’emblée avec celui Finn, stormtrooper formaté qui revient à la raison, et aussi avec celui de Poe Dameron, plus en arrière plan de l’histoire. Mais reste à savoir si le grand méchant Kylo Ren est à la hauteur de sa réputation. Et bien oui au vu des enjeux dramatiques qui se jouent autour de sa personnalité. En plus du conflit habituel Force / Côté Obscur, le scénario nous gratifie d’une intrigue bien plus intéressante, malheureusement inabordable ici sous peine de menaces de mort imminentes. Mais il développe surtout des relations entre personnages très profondes dignes de celles de l’Épisode V, signé aussi par Lawrence Kasdan.
Côté casting, la jeunesse de celui-ci donne un vrai renouveau à la saga. Daisy Ridley y est absolument fantastique, John Boyega se révèle assez drôle dans son rôle tandis que Oscar Isaac, bien qu’un peu sous employé comme d’autres personnages secondaires, est tout de même convaincant. La vraie surprise de casting concerne Adam Driver, acteur plutôt habitué au cinéma indé américain dans la veine comique, qui interprète Kylo Ren, grand méchant du film, puisqu’on parait un peu dérouté lors de sa présence « non masquée » à l’écran au vu de son jeune âge. Mais cela s’avère plutôt bien trouvé étant donné qu’il est encore l’apprenti du Suprême Leader Snoke.
Outre le fait que le scénario soit similaire à celui de la Trilogie Originale, on a quand même droit à du véritable grand spectacle, un véritable space opéra rêvé par tous les fans de Star Wars. Car oui, la réalisation de J.J. Abrams, qui pouvait laisser envisager le pire avec seulement une bonne réalisation sur quatre à son actif, est vraiment superbe. D’une part d’un côté artistique puisque la photographie est absolument magnifique et la fâcheuse tendance qu’a le réalisateur d’insérer des lens flare à tout va dès qu’un champ lumineux apparait à l’écran et fortement revue à la baisse. Et d’autre part d’un côté technique puisque l’on est quand même très content de voir que les effets spéciaux numériques ne prennent pas le pas sur les effets spéciaux mécaniques comme c’était le cas lors de la Prélogie. Cependant, certains CGI n’ont pas le mérite d’être époustouflants, en particulier ceux réalisés en motion capture pour les personnages de Lupita Nyong’o et d’Andy Serkis qui sont parfois grossiers.
Cette réalisation a le mérite d’être très rythmé, ne laissant aucun moment de répit puisque le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer, les enjeux étant de plus en plus important au fil de l’histoire. Mais on regarde Star Wars pour une raison : le fameux combat de sabres lasers. La caractère épique des scènes de combat est à couper le souffle puisque l’on prend vraiment son pied et les scènes aériennes sont parfaitement lisibles et tout aussi spectaculaires, le tout renforcée par un mixage sonore exceptionnel et la fameuse partition du célèbre John Williams, pilier de la saga Star Wars.
La réalisation respecte donc le cahier des charges habituel mais en fixant la barre du divertissement tellement haut que l’on en sort comme sonné par cette expérience vécue. Une expérience à vivre si possible en D-BOX, ou technologie 4D, renforçant alors l’immersion du spectateur dans le film. Cela représente même un véritable atout pour celui-ci en plus du visionnage en 3D, pas exceptionnelle et pas indispensable malgré sa fluidité, renforçant le degré d’excitation, cette immersion dans cette incroyable aventure.
Star Wars : Épisode VII - Le Réveil De La Force lance donc une nouvelle trilogie qui s’apparente plus comme étant le digne successeur de la Trilogie Originale en faisant parfaitement le lien entre l’ancienne et la nouvelle génération, avec de grosses surprises à la clé. Un film épique, absolument grandiose et sans doute le blockbuster le plus divertissant depuis la dernière décennie.
Disney est donc le plus gros entertainer mondial capable de satisfaire les fans tout en respectant un cahier des charges bien précis et de faire renaître, une nouvelle fois, une saga mythique sans décevoir ses fans. Chapeau.