Ça sera un 7, car Star Wars revient de loin et mes primes années de fanboy ne peuvent pas rester muettes face à un meilleur film que la trilogie complétement conne entièrement réalisée par le père Lucas au début des années 2000.
Une sorte de lettre d'amour cynique que je ne pouvais pas ignorer, avec (un tout petit peu SPOIL) des éléments d'intrigues sensé être inclus dans la première version du scénario du Retour du Jedi (voilà, c'était un tout petit peu). Le genre de lettre d'amour auquelle on voudrait répondre "c'est trop tard, laisse moi", mais on envoie une adresse pour un rendez-vous secret.
Le fait que j'y colle un 7/10 est paradoxalement un peu triste : j'ai décidé de ne pas bouder mon plaisir pendant qu'on m'a fait du coude et des clins d'oeil lourdingues pendant 2 heures - j'ai reproché ça à tant de gros films récents...
J'ai aimé ça, énormément, tout en sachant clairement que c'était assez bateau comme une fanfiction à peine inspirée, un best of des six autres films où on nous ressort une filiation pétée, un voyage du héros tout mité (le voyage), un jouet tout mignon qui font bipbip pouet pouet, et une arme gigantesque à exploser par le pot d'échappement.
Face au cynisme du produit, mon cynisme s'est tu. Gros calibrage de madeleine de Proust pour parler à la nostalgie et embrumer le reste.
Cependant, si ça a parlé au gamin au fond de moi (ou au fond de ma cave), l'adulte avait quand même beaucoup à apprécier :
J'étais heureux de voir des gens plutôt bien jouer dans un Star Wars récent et avoir quelques dialogues compréhensibles.
J'étais heureux de l'humour suintant de toute part.
J'étais heureux d'aimer les nouveaux personnages.
J'étais heureux de voir quelques décors naturels et du costume.
J'étais heureux de voir une caméra assez réfléchie servant à raconter une histoire (principalement lors de la première heure).
J'étais heureux de m'en prendre autant dans la gueule et les oreilles.
J'étais heureux de toutes ces choses disparues des épisodes 1,2 et 3.
En vrai, c'était bien. Je reproche que chaque chose positive virait à l'overdose, au débordement d'une générosité que je préfère deviner assez sincère. Commencer sur une planète Tatooine-bis et tourner une grosse partie du film dans la forêt des Ardennes étaient par exemple de mauvaises idées, l'histoire n'a pas beaucoup de sens et le timing se foire passé la première heure, mais j'étais heureux.
Voilà où la déchéance Lucasfilm et l'ennui cinématographique de ces derniers temps m'ont plongé : j'ai marché dans le truc et j'étais bien. Même pas honte.
Ce que je ressens pour l’Éveil de la Force (oui je tente de donner une légère classe à la vf...) est pas si loin du mignon film de gosse dont les défauts ne me freinent pas. Ça serait mentir que de raconter que la séance m'a été désagréable (à part l'ambiance post 13 novembre assez palpable), j'ai passé un excellent moment devant un film qui, si il n'avait pas la "skin" starwars collée dessus pour cacher son aspect "Gardien de la Galaxie bis", m'aurait fait chier au plus haut point.
Un joyeux échec. J'espère tout de même que l'épisode VIII osera quelques prises de risque et cessera de me faire de l'oeil : ouais on a pigé, c'est bel et bien du Star Wars.