C'était cool putain.

[La note de 10 n'a pas de signification, il s'agit juste de la note mise pas défaut pour pouvoir critiquer une œuvre, SensCritique ne permettant pas d'écrire une critique sans noter.]

Allez, trois plombes après tout le monde, je me décide à écrire une modeste critique. Bon, pour annoncer la couleur, sachez que j'appartiens au clan de ceux qui ont bien aimé ce Star Wars.

Déjà, pour moi, qu'est-ce qu'un Star Wars ? Qu'est-ce que j'attends d'un film de la saga ?
Pour moi, Star Wars est une grande aventure SF décomplexée, se déroulant dans un univers galactique riche où s'affronte le Côté Obscur et le Côté Lumineux. Un univers qui fait rêver par sa multitude de races et de cultures, par son histoire rocambolesque sans être absurde, et par ses batailles épiques dans l'espace. Des batailles avec des bruits de vaisseau et des explosions, ouais, on en a rien à foutre que "selon les lois de la physique c'est pas possible gnagnagna". Star Wars n'est pas là pour présenter ce que pourrait réellement être un monde de dimension intergalactique, avec tout un hypothétique système d'acteurs politiques & de technologies complexe. Non, on veut juste un film qui divertit, qui fasse rêver, avec des combats de sabres laser et de vaisseaux spatiaux, des péripéties haletantes, des personnages originaux...
Sachant cela, je pense qu'il est important qu'un film Star Wars ne se prenne pas trop au sérieux, du moins à un certain degré.
Je pense que c'est pourquoi, en ce qui me concerne, les trois premiers Star Wars originaux m'ont bien plu alors que les trois Star Wars de la "Prélogie" m'ont un peu déçu. Comme si l'histoire et l'ensemble des personnages se prenaient trop au sérieux en mode "Oué ici c'est Star Wars, on est là pour faire du dark drama, Star Wars c'est pas pour les pucelles lol", et en compensant cet aspect en rajoutant des personnages (un en fait) outrageusement "comique" pour tout de même faire un côté "tro rigolo".

En ce qui concerne Le Réveil de la Force, j'ai l'impression que J.J.Abrams a cherché à renouer avec l'ambiance des premiers. Je me suis laissé transporté, je me suis interrogé, j'ai ri… Bref, j'ai passé un bon moment. Et ce parce que le réalisateur a su créé cette ambiance justement décomplexée. Ce n'est pas juste des personnages qui « ne se prennent pas au sérieux », ou, encore pire, des personnages qui se livrent à des lourdes bouffonneries, non, c'est plus subtil.
Le Général Hux est par exemple totalement sérieux, il croit fermement à son rôle de « méchant ». Mais c'est justement parce qu'il est caricatural à souhait qu'on l'aime. Le voir s'adresser aux rangées de Storm Trooper, un drapeau rouge géant derrière lui, c'est énorme, on sourit, on rit.
Cela s'exprime aussi par certaines situations :
« Traître !» s'exclame ce fameux Stormtrooper en sortant son bâton et défiant Finn. C'est du WTF, ça surprend d'un coup, mais l'effet est là : on s'esclaffe sans pour autant que le film tombe dans la comédie. Non, ça reste un conte, une aventure, qui sait jouer subtilement entre les moments d'action plutôt sérieux et comique (à quelques exceptions : le film en fait beaucoup trop autour de « BB-8 » à mon goût, par exemple).

Bref, outre une ambiance qui colle davantage aux premiers Star Wars, Le Réveil de la Force a fait le choix de reprendre la trame d'Un Nouvel Espoir, transposant à peu près toute l'histoire de ce dernier dans le futur.
Ceux qui n'ont pas aimé le film parlent d'un « vulgaire remake cartoonesque », ceux qui l'ont aimé diront plus volontiers « bel hommage ».
Bon, personnellement je n'abandonnerai pas le terme de « Remake », mais je ne parlerai certainement pas de « Vulgaire Remake ». Oui, le film a fait le choix de reprendre la trame du premier opus, mais ce n'est pas un copier-coller pour autant. Ce n'est pas un simple choix de facilité, où l'on aurait repris une vieille histoire en recyclant décors et personnages par ci par là, non, tout le film joue justement en glissant des différences tantôt subtiles, tantôt criantes dans une trame censée être familière. Cela s'incarne surtout dans les différents personnages…
Beaucoup ont vivement critiqué Kylo Ren. Un espèce d'ado émo tout nul qui désobéit à son papa, non mais c'est quoi ce Dark Vador clownesque raté ?
Clownesque oui, mais raté non. Ce personnage est sûrement celui que j'ai préféré dans le film. S'il avait été un Dark Vador bis, très charismatique, très fort, qui inspire la crainte et la terreur… N'aurait-ce pas été justement qu'un vulgaire remake ?
Le truc génial avec Kylo Ren, c'est que c'est un personnage qui a vraiment commencé à s'incarner dans les premières bande annonces : C'est qui ce type mystérieux ? Encore un masqué ? Y'a encore une filiation bizarre derrière tout ça ? C'est un autre Dark Vador ? Ce personnage était annoncé tout comme en tout cas. Et le début du film nous laisse entendre que l'on avait vu juste : Kylo Ren est bien un second Dark Vador, mais en encore plus bad ass. Ouais, il arrête un laser avec la force, ouais. Trop fort le gars.
Puis tout au long du film, cette « classe » se déconstruit. On découvre son visage de Dark-Julien-du-92. On apprend qu'il est un petit fiston rebelle. Puis il se fait victimiser par la petite Rey qui résiste à son pouvoir de suggestion.
L'un des éléments les plus criants est bien sûr sa façon de s'énerver : le film joue totalement ici avec l'archétype du méchant qui s'énerve en gardant tout son contrôle et en tuant tranquilou pépère un de ses sbires. Kylo s'excite avec son sabre laser comme un ado qui ragequit sur CoD. Il appelle les gardes, peut-être veut-il en buter pour se faire une belle image de méchant ? Pas de bol, les gardes se barrent en le voyant piquer sa crise.
Et toute cette déconstruction de ce grand Dark Vador II bad ass annoncé lors des bandes annonces se fait tranquillement tout le long du film, jusqu'à ce qu'il tue son petit Papa. Il ne l'aura même pas fait d'une façon stylé, mais juste de façon lâche en disant « Je rentre pas à la maison d'abord ». Et enfin, le coup de grâce puisqu'il se fait battre comme une merde par Rey la débutante au sabre laser.

Et cette Rey va de pair avec Kylo, puisque tout au long du film elle va suivre un chemin de « construction » inverse. De la petite Rey – même si elle est classe dès le départ, j'avoue - qui se fait victimiser par Unkar Plutt, on passe de la case pilote experte à maîtrise de la force à maîtrise du sabre laser… Et tout ça sans mentor mais en s'appuyant sur ses expertises passées (son habileté dûe à l'escalade des épaves de vaisseaux, sa maîtrise de son bâton… Sa victoire finale contre Kylo ne sort pas non plus totalement de nulle part…).
Et comme Kylo Ren fait un parallèle avec Dark Vador, cette dernière fait un parallèle avec Luke, qui lui était beaucoup plus maladroit au cours de son apprentissage.
Cela donne un personnage classe, rempli de mystère, et qui dieu merci est très loin de tomber dans le stéréotype de l'héroïne pulpeuse faisant des galipettes en combinaison en cuir moulante. On regrettera juste qu'à la suite de ses visions en prenant le sabre de Luke pour la première fois, elle se mette à courir dans la forêt sans raison. Ça, c'est réservé à Bella de Twilight normalement.
J'ai également apprécié Finn, celui qui cherche à fuir, qui au début fait un peu office du « sidekick rigolo » sans être lourdingue non plus, et qui évolue petit à petit… Bref, j'ai hâte de voir comment vont évoluer l'ensemble des personnages dans les futurs films !

Alors certes, ce film n'est pas sans défaut. Certes, je ne le mettrai pas dans la catégorie des chefs-d'œuvre cinématographique, mais les raisons citées ci-dessus, et sûrement d'autres - que j'ai oubliées ou qui sont inexplicables - ont suffi à me faire passer un très bon moment.
D'ailleurs, cette critique a été nourrie petit à petit en repensant au film les jours et les semaines qui ont suivi mon visionnage, et ne reflète pas forcément ce que j'ai réellement ressenti le jour J. Non, en réalité, si j'essayais maintenant de retranscrire ce que j'ai ressenti en sortant de la séance, ce serait : « Bon ben il est cool ce Star Wars quoi putain ! ».