Trente ans après que l’Alliance Rebelle a mis l’Empire à mal lors de la bataille d’Endor (voir Le Retour du Jedi), Luke Skywalker (Mark Hamill) a disparu et est recherché activement par le Premier Ordre, organisation militaire née des vestiges de l’Empire, autant que par la Résistance, force militaire opposée au Premier Ordre. Or, le pilote Poe Dameron (Oscar Isaac) a trouvé une carte menant au chevalier Jedi, qu’il réussit à transmettre au droïde BB-8 avant de se faire capturer. BB-8 croise le chemin de Rey (Daisy Ridley), une jeune pilleuse d’épaves qui part alors à la recherche de la Résistance en compagnie d’un déserteur du Premier Ordre (John Boyega).
La grande qualité de J.J. Abrams, c’est qu’il est un vrai fan. Le problème, c’est que c’est aussi son plus grand défaut. Figure du fan par excellence, J.J. Abrams nous a déjà montré sa capacité à redresser de grandes sagas telles que Mission : Impossible ou Star Trek, en leur fournissant d’excellents épisodes. C’est donc tout naturellement qu’il s’attaque à une des sagas les plus cultes de tous les temps, avec ce septième épisode de Star Wars. Vrai fan de la saga, il l’est indéniablement, et il le prouve par son aisance à se glisser dans cet univers dont on sent qu’il a parfaitement compris l’identité, réussissant à retrouver pour notre plus grand plaisir le ton de la trilogie originale.
Mais c’est peut-être là le plus grand souci du film : il est par trop dépendant de la trilogie originale. On excuse volontiers l’abus de références qui parviennent toutefois à ne pas envahir le récit, mais il est plus difficile de fermer les yeux sur un scénario qui, bien qu’écrit par Lawrence Kasdan, scénariste des épisodes V et VI, ressemble trop dans ses grandes lignes (mais heureusement moins dans le détail) à l’épisode IV, fondement de la saga entière.
Pourtant, ce qui fait tout l’intérêt de Star Wars reste avant tout sa capacité à nous faire vibrer au gré d’aventures rythmées et épiques, et c’est là qu’Abrams s’avère particulièrement doué : on connaît son sens inné de la mise en scène, mais ici, il se manifeste plus que jamais dans des séquences aussi grandioses que virtuoses. Plus que ses personnages ou son récit, c’est en effet sa superbe photographie (signée Dan Mindel) qui donne tout son souffle au film et fait que ce dernier s’imprime dans la rétine comme tout Star Wars digne de ce nom.
Il faut avouer qu’au niveau des personnages, malgré un excellent casting, on est tout entier dans l’attente de l’épisode suivant, dont on espère qu’il révélera davantage l’intérêt et les origines de chacun, toute l’identité de Rey reposant entièrement sur le secret de ses origines, tandis que le déserteur Finn, s’il est parfois sympathique, peine à révéler le moindre début de profondeur. Si l’on est fort heureux de retrouver nos vieux amis Han Solo et Leia (dont les interprètes ont miraculeusement bien vieillis), c’est surtout Kylo Ren qui capte notre intérêt, étant donné qu’il prend la relève d’Anakin et de Luke Skywalker dans le rôle du jeune apprenti tiraillé entre le Bien et le Mal, et qu’on lui doit le retournement principal qui, ne nous mentons pas, nous a traumatisé à la première découverte du film, proposant une immense scène de confrontation entre deux des plus grands acteurs de leur temps.
Finalement, quand l’heure du bilan arrive, on se rend compte qu’encore une fois, les défauts sont au rendez-vous, mais qu’encore une fois, comme Lucas en son temps, Abrams et son équipe ont su passer outre pour nous offrir un divertissement total qui nous en met plein les yeux. Ce qui, selon l’auteur de ces lignes, suffit à en faire un bon Star Wars…