L'hystérie collective semble retomber, histoire de se reposer avant le premier spin-off, et avant le retour de la folie intersidérale en 2018 avec la suite des aventures de Rey, Finn, Poe et BB8, aux côtés de Leïa, Luke, Chewbacca, C3PO et R2D2.


Je vais essayer d'apporter ma pierre à l'immense édifice de critiques, tantôt laudatives, tantôt houleuses à propos de cette machine à battre des records. On ne va pas se leurrer, Stars Wars est une industrie incroyablement lucrative, en plus d'être un monument de la culture populaire occidentale. Disney l'a bien compris, et aurait eu tord de ne pas l'exploiter. La stratégie marketing était rondement menée, ils ont noyés leurs épinards dans du beurre de luxe. Bien joué à eux, rien que sur ce plan.
Autant commencer tout de suite par les points positifs de ce septième opus de la saga. Déjà, Dieu merci, on oublie le tout-en-fond vert et la surcharge d'images de synthèse comme dans la Prélogie. Certaines marionnettes (on pense à ce drôle d'oiseau, mi-vautour mi-cigogne qui se trouve sur le passage du véhicule de Rey au tout début du film) ne sont pas très subtiles. Comme un hommage aux temps anciens de la trilogie originale. Mais étrangement, on y croit bien plus que toute le déploiement technologique pour animer les rues de Coruscant, Naboo et autres planètes de la Prélogie.
Beaucoup critiquent un scénario beaucoup trop proche de l'épisode IV, qui a ouvert la saga en 1977. Il serait débile de chercher à prouver le contraire : oui l'histoire est purement et simplement la même. Un héros prisonnier d'une planète désertique, l'appel à l'aventure sous la forme d'un petit robot, le décollage avec un criminel en fuite, la rencontre avec le vieux mentor, la destruction de planètes par une station spatiale surpuissante, le méchant qui tue le vieux mentor, et la destruction finale de la station spatiale...Oui, on est d'accord, c'est la même chose. Cela étant, je ne pense pas que cette histoire s'est construite par pure fainéantise créatrice, mais au contraire dans un soucis de rendre hommage à la trilogie originale (et donc renouer avec son public). J'ai déjà parlé des marionnettes, mais il y a surtout cette course effrénée tendue vers Luke Skywalker, et cette émotion autour des protagonistes des épisodes précédents qui apparaissent sous nos yeux.
Hommage certes, mais là où le projet devient intéressant, c'est que ce n'est pas un hommage gratuit : c'est un passage de flambeau, et qui passe donc aussi par le meurtre symbolique du père. En faisant tuer Han Solo par son fils, J.J Abrams montre la volonté de Disney de tourner la page George Lucas dans l'aventure Star Wars. Dans l'univers narratif, les temps anciens de la Prélogie ne sont pas évoqués. Et les personnages de la trilogie, fatigués, (ridés, botoxés...) ont fait leur temps. Place à la nouvelle génération. Et même les droïdes, pourtant éternels, sont remplacés. L'adorable BB8 remplace fraîchement R2D2 sans même nous laisser le temps de le regretter. Quand à Rey, elle fait déjà largement bonne figure pour incarner l'héroïne d'une saga aussi épique que mythique.


Mais ne nous emballons pas trop, le film n'est pas parfait pour autant. Si reprendre l'idée d'un complot d'une mystérieuse organisation - le Premier Ordre - peut ne pas être mal pour relancer une nouvelle histoire, le méchant, celui censé reprendre le flambeau de Darth Vader, le méchant le plus charismatique de toute l'histoire du cinéma, souffre d'un manque total de crédibilité. Et pour cause : sa formation n'est pas terminée. Soit, mais quand même ! En faire un pleureur, montrant de manière si évidente le conflit qui existe encore en lui, n'est pas très impressionnant non plus. Et surtout, le pire du pire : c'est un colérique, qui détruit tout le mobilier au sabre laser au moindre pépin. C'est vrai que je ne comprends pas cette volonté de ridiculiser un personnage qui aurait pu être très réussi. La fin nous annonce qu'il terminera sa formation d'ici l'opus suivant. Espérons que ça inversera la tendance. À suivre donc...


Globablement, si le comique est plutôt réussi par moment (le premier échange entre Poe Dameron et Kylo Ren était très bien sentie, et sans se taper sur les cuisses, on sourit).


Des stormtroopers ammènent Poe devant Kylo Ren. Échange de regard entre les deux qui devient légèrement pesant.
POE : "Alors je parle, vous parlez, qui commence ? Non parce qu'avec le masque..."


En revanche certains passages sont tout bonnement exaspérants : après la course poursuite avec les chasseurs TIE, Finn et Rey se congratulent mutuellement en faisant la ronde de manière absolument pas naturelle. On retombe dans les moment les plus gnangnans de certains Disney (oui je sais...). Et cette fausse (ou 100 fois trop évidente, au choix) tension sexuelle entre Finn et Poe lors de leurs retrouvailles...


"POE : C'est ma veste!
Finn commence à l'enlever
POE : Non, garde la...elle te vas bien" petit clin d’œil coquin


Parler d'une romance homosexuelle dans Star Wars, ce serait un bonne idée, pourquoi pas même ! Mais pas de manière aussi grotesque et aussi caricaturale, je vous en supplie !


Et pendant que je suis sur cette scène, j'aimerai qu'on reparle de cette ÉNORME FAILLE SCÉNARISTIQUE : pourquoi Poe disparaît soudainement pour réapparaitre, en s'expliquant en deux phrases, auxquelles Finn ne réagit pas ? C'est sidérant de penser que des très bons scénaristes se sont penchés sur ce film et laissent quelque chose d'aussi gros (c'est en réalité le principal reproche que je fais au film, les autres faisant figures de points de détails)


En conclusion : ce film n'est pas un chef-d’œuvre, certes, mais il ouvre une nouvelle voie dans l'univers Star Wars, et tournant très bien la page George Lucas, tout en exploitant des thèmes contemporain (évidemment, dans un désert, on parle d'écologie et de l'eau comme denrée rare. C'est con, mais on y avait pas pensé avant !)


Bref, il est bien, et pas si mauvais que ça. Une grosse erreur au niveau du scénario d'accord, mais en dehors de ça, c'est un vibrant hommage à un mythe universel, tout en tournant la page du passé. C'est probablement la naissance d'une très belle héroïne et l’émergence d'une nouvelle génération.

ArkhomRabnam
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de l'univers Star Wars

Créée

le 5 mai 2016

Critique lue 321 fois

1 j'aime

4 commentaires

Arkhom Rabnam

Écrit par

Critique lue 321 fois

1
4

D'autres avis sur Star Wars - Le Réveil de la Force

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Star Wars - Le Réveil de la Force
Palplathune
4

La force a la gueule de bois

Quand on critique quelque chose qui tient autant de l'affectif que Star Wars, il est bon de dire d'où l'on vient. En l'occurrence, je suis un (relativement) vieux fan de la trilogie originale. Cet...

le 20 déc. 2015

236 j'aime

38

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
ArkhomRabnam
10

Tu joues seulement de l'harmonica ou tu joues aussi de la gachette ?

Référence mythique du western spaghetti, à la sauce Sergio Leone, Il était une fois dans l'Ouest place directement son ambition, prétentieuse certes, au niveau des chef-d’œuvres de l'art en...

le 6 mai 2016

13 j'aime

1

Borat : Nouvelle Mission
ArkhomRabnam
7

Que dire de plus ?

Je fini le film encore choqué par ce que je viens de voir...Comme le premier, c'est globalement un mauvais scénario, pas très bien filmé, mais qui de toute façon s'en fout. Le distinguo caméra...

le 23 oct. 2020

7 j'aime

Vinyl
ArkhomRabnam
7

It might get loud...

Ça aurait pu être fort. Très fort. Avant même les premières notes, des noms pour le moins très alléchants : Richie Carnavale, Olivia Wilde, Martin Scorsese, Mick Jagger...Un thème de rêve le...

le 26 avr. 2016

7 j'aime