Il y a une différence entre innover et jouer sur les attentes des spectateurs. Rian Johnson, qui a pourtant signé un agréable « Looper », met les pieds dans le plat et touille littéralement le contenu. Au lieu d’avoir permis une relecture de la saga Star Wars, il déconstruit ce qui a été forgé depuis des décennies. Son œuvre a certes de l’écho, mais ne le met pas à profit d’une suite ou film de transition qui aurait dû permettre à la postlogie de décoller pour de bon. Hélas, il reste au point mort pendant tout un film qui n’aurait pas dû trainer les erreurs de « The Force Awakens ». Du coup, il en a donc créé d’autres… Le rapport avec les fans n’a pas lieu d’être, étant donné que cet épisode, transgresse par la force de l’incohérence. C’est pourquoi, il sera difficile d’assimiler cet acte dans un ensemble unis et fier de progresser dans la même direction depuis la relance Disney.
La rupture se fait d’entrée, car même dans le générique défilant, la continuité ne peut justifier ces mots qui raisonneront comme mystérieuses ou sans enjeux durant tout une intrigue qui s’éparpille et qui tord le temps comme une éponge. L’erreur vient s’alimenter alors que l’on découvre la reprise sur les derniers instants de l’épisode précédent. Plus faire plus simple, ce film n’a pas laissé de place à l’évolution de ses personnages, qui trainent les mêmes conflits intérieurs depuis le début. De même, nous somme constamment surpris, par esprit contradictoire d’un scénario qui joue avec les nerfs, mais jamais à profit du récit. On joue sur les attentes des spectateurs qui espérait assister à du Star Wars et non à une symphonie chaotique, visant à utiliser la Force à outrance, comme l’avait déjà fait le VII. Et cette fois-ci, on pimente les choses en nous forçant à croire ce qui a été entreprit, sans jamais avoir de recul sur la situation. Le film nous implique peu émotionnellement, si ce n’est dans les derniers instants de nostalgies, associées à l’ancien casting et encore ce n’est pas gagné…
Le traitement des personnages laisse vraiment à désirer, car pour se démarquer, il faut bien une approche plus intimiste comme l’avait fait « l’Empire Contre-Attaque », en pompant allègrement sur une structure narrative similaire. Cela dit, la plupart des plans font envie et nous attire instinctivement dans de nouveaux environnements, mais cela ne fonctionne qu’un bref instant ou bien pas du tout, faute d’une intrigue qui reprend sa routine et ses défauts. Si la précipitation de J.J. Abrams pouvait rendre confus le récit, il faut bien croire que la lenteur volontaire et abusive de Johnson reste dans la même lignée, mais préfère ne pas assumer sa prise de risques. Il nous cache volontairement des informations qui n’ont pas lieu d’être afin d’engendrer des conflits internes au sein d’une Résistance éparpillée, pour ne pas dire divisé, à l’image d’un casting qui regrette sans doute ce manque ce cohésion. Rey suit son « entrainement », mais i ne s’agit que d’affronter une morale sur la réalité de son passé, que l’on évince aussi vite que la rencontre avec intensité, là où nous avions laissé Luke Skywalker, débout mais seul, l’antithèse de l’espoir face aux décisions d’un dirigeant qui a troqué la Force contre un business épouvantable.
Et s’il fallait tirer une leçon de « Star Wars : The Last Jedi », ce serait compliqué. Faire revenir précipitamment des personnages pour un effet surprise qui éclate comme un pétard dans l’eau, c’est jouer avec la mauvaise foi de spectateurs, venu pour du spectacle et un engouement personnel. Vouloir rapprocher les gens par la simple distribution de la Force à qui veut y croire n’est pas aussi simple que cela à porter. L’œuvre devient si impersonnelle, qu’il n’y a plus de prestige à posséder ou croire en cette relation somptueuse entre l’individu et ce qui l’entoure. Tout que l’on entreprend est affligeant, au même titre que des relations sentimentales qui appellent à la confusion, car au lieu d’être un moteur pertinent pour des personnages, est plutôt une barrière à son épanouissement. La magie de l’opéra ne prend plus et laisse un affreux arrière-gout de déception. Plus de bons présages pour un avenir incertains et qui laisse la conclusion d’une trilogie dans des conditions apocalyptique, si elle veut bien accepter cette continuité ou bien la rejeter, comme celle-ci s’est permis de répondre avec un boomerang aux piliers d’une fin de saga qui fane à vue d’œil.