Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… existait une race extraterrestre depuis totalement disparue: les scénaristes.


Par bien des aspects, l'état du monde actuel nous rappelle celui des années 30. Souvent à tort, parfois à juste raison. L'industrie hollywoodienne peut contribuer à prolonger notre trouble en nous rappelant que c'est après la crise de 1929 que, au bord du gouffre, les grands studios ont été repris en main par les financiers et ont industrialisé les processus de décision, reléguant les créatifs au rang d'exécuteurs qui, en dernier lieu, n'ont plus jamais eu le dernier mot. Depuis 85 ans, les exceptions, pourtant souvent mis en exergue, sont rarissimes.


Le rachat de la franchise Star Wars par Disney constitue un magnifique aboutissement de ce genre de logique financière. Entendons-nous bien: je me contrefous qu'il s'agisse en l’occurrence de Disney ou Nestlé, et que les couches-culottes ou les petits pois soient désormais estampillés SW, avec des Jedis en string panthère. Le bon George, en son temps, ne cherchait pas autre chose que le succès et l'argent qui allait avec les jouets Kenner pour assoir son autonomie.


Ce qui est précisément désolant dans la direction prise par les épisodes VII et VIII, c'est la façon dont les types aux manettes de l'exploitation de ce qui est un des plus juteux filons de la galaxie Hollywoodienne ont foiré la seule chose qui était à assurer (surtout si on reconnaît à quel point la prise de risque était faible): raconter une histoire.


Chacun l'a expérimenté: le logo inaugural, la musique emblématique, des vaisseaux au design recopiés sur tous les cahiers d'école depuis 40 ans: il n'y a presque plus rien à faire. Des générations réunies sont prêtes à se jeter en masses dans les salles et à consommer tous les produits, dérivés ou non, que la firme aux grandes oreilles voudra bien mettre en vente. Mais alors, pourquoi ne pas essayer d'écrire un scénario, puisqu'il s'agit de la seule chose à (bien) faire ?
Sans doute parce qu'il aurait fallu faire intervenir dans le processus créatif de cette nouvelle trilogie un type avec une vision, ou au moins juste un avis sur une direction narrative à prendre, quand on sens ici de manière criante le résultat d'un pool d'exécutifs incapable de penser autrement qu'en terme de résultats, de dose de fan-service ou autres billevesées issues d'une logique d'entreprise.


Du coup, nous voici confronté à un non-récit, une bande-annonce de 2h30 dialoguée par l'équipe de "demain nous appartient", rythmée par Bézu, truffé d'incohérences diégétiques dramatiques, dont une moitié consiste à repomper mots à mots des bouts de la trilogie originale, quant l'autre moitié sidère par ses what-the-fuckeries ineptes et dignes d'une production AB qui faisait la joie de la 5, chaine en pleine devenir à l'époque du retour du Jedi. Pourquoi ne pas inventer au moins un personnage qui aurait un soupçon d'épaisseur, avec un demi-poil de talent ? Pouvait-on imaginer des caricatures aussi grotesques et creuses de méchants ou de héros ?


Bordel, mais dans les années 90, était sorti un jeu de rôle Star Wars dont presque chaque scénario publié était à peu près 50 fois plus passionnant que cette purée froide et figée qui nous est jetée avec une louche méprisante dans nos tristes cantines militaires de stormtroopers désabusés.


Vous ai-je déjà raconté qu'une après-midi de 1977, je découvrais en salle un épisode IV qui ne portait pas encore ce numéro de chapitre au moment de son ouverture ? Vous croyez que le problème vient de là ? Que l'un de nous (le film ou son spectateur) soit depuis devenu trop con ? C'est fort possible, en plus d'être fort pratique: vous pouvez vous faire votre propre idée de la réponse à cette question en fonction de ce que vous avez pensé de ce dramatique épisode VIII.

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le 17 déc. 2017

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guyness

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