Face aux levers de boucliers des "fans" demandant la destitution de cet épisode du canon, faisons le point (avec des morceaux de divulgâchage).
Il faut l'avouer, The Last Jedi ébranle les certitudes du fan lambda qui a vu J.J. Abrams le caresser dans le sens du poil, quitte à s'ennuyer ferme. Mais il faut alors louer l'audace de Rian Johnson qui nous raconte enfin une histoire originale de Star Wars. Le réalisateur vient tout casser : l'héritage de Lucas, les bases de Abrams et pose les bases d'une nouvelle histoire. C'est là qu'est l'iconoclasme : les héros ne sont pas éternels, ils ne sont que des passeurs de témoins, le "socle" d'un mouvement nouveau. Beaucoup ergotent sur Luke qui ne croit plus aux Jedi et ne crois pas qu'ils s'agissent du vrai Luke - Mark Hamill le dit lui-même. Or, c'est là que réside toute la fraîcheur et l'intérêt de ce film : les Jedi ne sont pas les gentils, les "légendes" que l'on croit. Ils ont engendré le monde tel qu'il est en se voulant le Bien, la Lumière et créant une religion rigide. C'est sur cette rigidité et cet orgueil que l'Ordre Jedi prit fin et créa le désordre.
Ainsi, l'arrivée - tellement jouissive - de Yoda est là pour le rappeler. Celui qui passe pour la conscience des Jedi, le sage parmi le sage le dit lui-même : les textes sont sages, mais ils ne sont pas passionnant. Il est temps d'en finir, il est temps qu'un nouveau cycle commence. Seul reste Leïa qui est d'ailleurs à mon sens le point faible du film. En même temps, elle devait être au centre de l'épisode IX.
Toutefois, si l'histoire ne vous emballe pas, allez-y pour la beauté du film. On a là, le plus beau film de la saga. La photographie est exceptionnelle, en témoigne l'île de Luke. Les images ne seraient pas idiote dans un film contemplatif. La beauté est également incarnée dans les batailles : la scène d'ouverture qui montre le summum de ce que peuvent donner les effets spéciaux numérique ; l'implosion silencieuse du croiseur et enfin la planète de sel !
Et surtout, ajoutons le gros point fort du film, le casting ! C'est un sans-faute. Adam Driver nous montre enfin pourquoi il a été choisi pour le rôle d'un jeune homme torturé. Daisy Ridley témoigne d'une force de caractère. Surtout, deux acteurs se détachent. C'est tout d'abord Benicio del Toro qui livre une prestation d'un homme pragmatique d'une justesse franche. La palme revient à Mark Hamill qui nous montre toute l'étendu de son talent : l'émotion qu'il fait passer est juste incroyable. Il vous fait passer des rires aux larmes en passant par un attachement particulier. Gageons qu'il saura désormais avoir des rôles à sa hauteur.