Les membres de la Résistance, traqués sans relâche par les forces du Premier Ordre, comprennent que leurs ennemis sont désormais capables de les retrouver, où qu'ils aillent. Finn, qui sort de convalescence, s'associe à la jeune Rose et propose de partir avec elle pour trouver une solution à leur problème. Pendant ce temps, Rey, qui vient d'arriver sur la planète Ahch-To, où vit en reclus Luke Skywalker, demande au maître Jedi de revenir aider la Résistance. Mais celui-ci refuse, bien décidé à rester en dehors de ces affaires...
Deux ans après la sortie du Réveil de la Force (que j’avais réellement adoré malgré ses défauts évidents), la postlogie Star Wars se poursuit avec Les Derniers Jedi. Cet épisode VIII réalisé par Rian Johnson marque un véritable tournant dans la saga et va diviser les fans comme jamais auparavant. Star Wars : Les Derniers Jedi est déconcertant, totalement imprévisible du début à la fin. Star Wars 8 est très différent du reste de la saga, c’est à la fois sa plus grande force et son plus gros problème...
Si Le Réveil de la Force était un film tourné vers le passé et la nostalgie, Les Derniers Jedi est son exact opposé. Rian Johnson a fait SON Star Wars et la prise de risques est véritablement présente, on est bien loin du respect quasiment religieux de J.J. Abrams. Ce Star Wars possède sa propre identité, aussi bien au niveau de l’esthétique que du scénario. Visuellement, le film est réellement sublime, nous sommes clairement devant l’un des plus beaux épisodes de la franchise. On retrouve nettement plus de créativité artistique concernant les planètes et les nouvelles créatures, cela fait plaisir après un Star Wars VII un peu trop timide sur ce point. Concernant la réalisation, quand Rian Johnson prend le temps de poser sa caméra, il parvient à immortaliser certains des plans les plus iconiques et travaillés de la saga. Quitte à s’écarter parfois du langage cinématographique « classique » utilisé dans les précédents opus.
Derrière la claque visuelle incontestable qu’offre Les Derniers Jedi, on découvre des choix narratifs assez surprenants. Le grand mérite du film est d'avoir su poser une ambiance très éloignée du Réveil de la Force et une histoire relativement originale dans sa volonté de bouleverser les codes établis. À quelques similitudes près, la structure du scénario ne ressemble à aucun autre Star Wars. Rian Johnson s'efforce d'élargir l'univers créé par George Lucas. L’ambition du réalisateur de Looper est évidente : son film est une déconstruction totale de la mythologie Star Wars. « Il faut laisser mourir le passé. », c’est là tout le propos du long-métrage. Oubliant parfois son intrigue principale, ses nombreuses péripéties et son important cahier des charges commercial, l’épisode VIII frôle la philosophie, abordant des problématiques intéressantes qui, à défaut d'être pleinement approfondies, offrent à la saga une dimension plus métaphysique. Malheureusement, avec une durée de 2h32 (le plus long film Star Wars jusqu’à présent), Les Derniers Jedi n’évite pas de nombreux écarts et montre ainsi plusieurs failles. Rian Johnson n’installe absolument aucun contexte géopolitique (qui était l’un des gros points forts de la prélogie) et apporte des réponses relativement décevantes aux nombreuses interrogations des fans (l’identité du Suprême Leader Snoke ou bien encore les origines de Rey). De plus, si l’ensemble conserve une certaine marque d’humour ayant toujours été propre à la saga Star Wars, certaines décisions manquent de faire basculer le film dans le comique involontaire ou le ridicule (le traitement du général Hux et de Phasma, une scène tout simplement absurde avec Leia...). La parenthèse laborieuse sur la cité-casino de Canto Bight est également une énorme faute de goût, rappelant maladroitement les visuels de la prélogie, en plus de plomber le rythme déjà bien inégal du film.
Concernant les personnages, ils sont globalement bien développés malgré de nombreux arcs narratifs. La relation conflictuelle entre Rey et Kylo Ren est fascinante, le montage très intelligent de leurs scènes renforce d’autant plus notre intérêt pour eux. Ils sont pour moi le plus gros atout de cette nouvelle trilogie Star Wars. Rey et Kylo se rapprochent énormément dans cet opus, je dois même admettre que j’aimerais vraiment voir une romance complexe avec ces deux personnages dans l’épisode IX (#Reylo). Daisy Ridley continue d’interpréter Rey avec brio, l’actrice est toujours aussi touchante et l’écriture de la jeune Jedi est plutôt satisfaisante (elle reste toujours très puissante mais montre quelques difficultés dans ce film). Adam Driver est à mon sens le meilleur acteur du long-métrage, livrant une prestation incroyable. Puissant, captivant et torturé, Ben Solo/Kylo Ren s’impose définitivement avec cet opus comme l’un des meilleurs personnages de la saga. Les Derniers Jedi marque aussi le grand retour de Luke Skywalker et de son interprète Mark Hamill (après une très courte apparition à la fin du Réveil de la Force). Le héros de la trilogie originale a bien changé et son évolution risque de déplaire à beaucoup de fans. J’ai personnellement été surpris par le développement de Luke mais pas nécessairement déçu. Le personnage est devenu une véritable légende, Mark Hamill n’a probablement jamais été aussi bon et juste dans son interprétation. Le film est donc à son meilleur lorsqu’il se concentre sur le trio Rey/Kylo/Luke. Poe Dameron (Oscar Isaac) est beaucoup plus intéressant à suivre que dans l’épisode VII et on comprend désormais mieux sa réputation de meilleur pilote de la Résistance avec la scène d’introduction du film. On retrouve Carrie Fisher une dernière fois dans le rôle de Leia Organa et chaque scène avec elle est ainsi très forte émotionnellement. L’alchimie entre Poe et Leia est très réussie. On ne peut cependant pas dire la même chose de la relation entre Finn et Rose, un échec total. Leur mission sur Canto Bight est finalement assez inutile et représente la pire partie de l’épisode VIII. Finn a été relégué au rôle de personnage secondaire et c’est bien dommage car il était très attachant et agréable dans Le Réveil de la Force. Le Premier Ordre (hormis Kylo Ren) n’est plus qu’une vaste blague dans ce film. Hux, Phasma et Snoke sont tous ridiculisés et gâchés par Rian Johnson. Dans un sens, on pourrait presque dire qu’il renie le travail de J.J. Abrams. À l’écran, le Premier Ordre n’est jamais la grande menace qu’il prétend être. Kylo Ren est véritablement le seul « méchant » réussi de cette postlogie. Enfin, les nouveaux personnages introduits dans ce film (Rose, Holdo, DJ...) ne sont pas vraiment marquants, de plus certaines de leurs décisions sont incompréhensibles. Rian Johnson est parvenu à installer une inconnue permanente sur la destinée de chaque héros tout en remettant systématiquement en cause les acquis. Nous sommes dans le même état de flou que toute la galaxie et les personnages. Il n’y a plus qu’à attendre l’épisode IX désormais...
Star Wars : Les Derniers Jedi est une expérience étrange. Le film de Rian Johnson n’a pas joué la carte de la sécurité, bien au contraire ! C’est un épisode dense et osé mais globalement moins maîtrisé et plus inégal que Le Réveil de la Force. En voulant « tuer le passé » et déconstruire la mythologie Star Wars, Les Derniers Jedi est devenu l’épisode le plus controversé de toute la saga. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on parlera encore longtemps de ce Star Wars VIII...