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Star Wars... [Garanti 100% sans spoilers, tous épisodes confondus... allez, 99'99%...]

Seules quelques heures restent à compter avant d’aller en prendre plein les mirettes devant Star Wars Episode IX « L’ascension de Skywalker » et, tard valant mieux que jamais, je voudrais me lancer dans une critique de l’épisode VIII, « Les Derniers Jedi ». En fait il s’agirait plutôt de considérations d’ordre général au sujet de la saga Star Wars, dont l’élément central serait l’épisode VIII… Bref, on a sûrement déjà lu ça mille fois mais là bien sûr, ce sont mes mots à moi donc c’est bien différent et bien mieux, évidemment … :p Et puis j’ai juste envie de me lâcher ! Mais allons-y plutôt.


J’explique d’abord pourquoi l’épisode VII est tout simplement mauvais. Il ne se contente pas d’être un mauvais Star Wars, c’est aussi un mauvais film. Il introduit tous les défauts qui grèvent cette « post-logie » (dont certains ont pris naissance dans la « Prélogie ») : des antagonistes sans aucun background et dont, du coup, tout le monde se fout ; du fan service commercial (pléonasme) et mal amené, dont les porte étendards sont bien sûr le retour de papy Solo qui a égaré son charisme en chemin et les insoutenables « bip-bip ouin-ouin » de la nouvelle cuvée de droïdes bon marché et des bestioles stupides dessinées par ma petite soeur ; un rythme bancal caractérisé par une tentative non dissimulée ni même désespérée de « copier-coller » sur l’épisode IV ; une photo et des effets spéciaux qui n’ont rien de novateur ni d’esthétique. En résumé : aucune personnalité, aucune originalité, pas de cinéma, donc pas de film. Au suivant.


Mon avis concernant l’épisode VIII est différent : c’est pour moi toujours un mauvais Star Wars (quoi qu’un peu moins mauvais que l’épisode VII), mais un film beaucoup moins mauvais, ce qui est toujours bon à prendre en soi.
Je parlais plus haut des défauts rédhibitoires qui entachent cette nouvelle trilogie, je ne peux aborder l’épisode VIII sans les décrire et il faut commencer par développer le principal d’entre eux : il ne s’agit pas d’une trilogie. Cette valse insensée des réalisateurs nuit gravement au rythme de l’intrigue, qui se veut en trois temps et qui aurait bien aimé s’arroger le titre de trilogie mais qui n’y parviendra jamais. On introduit des « idées » dans l’épisode VII, on les démonte dans l’épisode VIII et on finira enfin probablement par essayer de les réhabiliter dans l’épisode IX, au milieu de deux tentatives de ramener des morts à la vie parce qu’on n’a plus d’autre option peut-être (mais là je m’avance). On flingue la cohérence globale, et c’est bien dommage parce que dans un truc qui s’appelle « trilogie » (comme dans tous les trucs dont le nom a une terminaison en « logie » d’ailleurs), la cohérence et le fil conducteur sont à peu près les seules choses qu’il convient de retenir. Si on oublie de se méfier, c’est bien simple on peut confondre avec la saga des Cloverfield…


Deuxième défaut (tri)logique : le Premier Ordre. Le Premier quoi ? Ça vient d’où ? Comment et pourquoi ça a emboité le pas de l’Empire ? Personne ne le comprend et, du coup, personne ne s’y intéresse. On avait juste besoin de méchants (et de vendre des jouets) alors on les a mis là, en espérant qu’ils ne fassent pas trop tâche et qu’ils fassent juste le job, bien (mais mal) alignés sur le sacrosaint modèle d’il y a plus de trente ans. L’Empire avait une histoire, si ce n’est directement et complètement développée dès le début de l’épisode IV, au moins efficacement plantée en tâche de fond dès la première partie du film et, surtout, crédible et classe ! La menace planait, plus solide et forte que jamais. Là, on se retrouve avec des antagonistes sans aucune profondeur, voire sans aucune raison d’être, donc sans aucun intérêt. Et si les antagonistes n’ont aucun intérêt, ça devient très difficile d’en accorder un aux « gentils » …


Troisième défaut trilogique, mais qui cette fois n’est pas vraiment propre à cette nouvelle trilogie et que j’ai déjà commencé à introduire, tout comme Georges Lucas : l’effet délétère de la machine commerciale sur l’intelligence et l’originalité. LA (sacrosainte) Trilogie des épisodes IV, V et VI était intelligente et originale : les trois films étaient évidemment des Star Wars, ils étaient aussi de bons films avec des scenarii cohérents et a minima corrects, plutôt bien rythmés et, au-delà de leur immense aura mythologique, ils ont eu le mérite d’apporter quelque chose au cinéma, en termes techniques comme en termes artistiques. Ils ont aussi extrêmement bien vieilli.


Ce fut déjà beaucoup moins le cas de ce qu’on appelle la « Prélogie » avec les épisodes I, II et III , également pilotée par Georges Lucas et Lucasfilm. Ces trois épisodes ont le mérite d’avoir leur patte, leur personnalité bien à eux. Du son à l’image en passant par les acteurs, ils sont immédiatement reconnaissables. Qui dit Ewan McGregor dit ? … Obi Wan Kenobi évidemment (alors que, très honnêtement, qui se soucie du nom de l’actrice de Rey ?? Et désolé pour ce bon vieux Samuel mais il est déjà trop accaparé par les critiques Marveliennes).


Seulement voilà : les scenarii et le fil conducteur avaient pour vocation d’expliquer ce qui s’était passé avant l’épisode IV et, campés sur cette posture, on sent que les réalisateurs ont rendu une copie tout juste passable pour s’en mettre plein les fouilles au passage (ce qui n’est pas un tort en soi…), mais n’ont pas apporté grand-chose à Star Wars, et rien apporté du tout au cinéma en général. Alors oui, ils ont décroché la moyenne, mais on se demande encore si ça valait le coup de se taper la correction.


Les effets ont super mal vieilli, les doigts d’une main sont trop nombreux pour y compter les idées percutantes et entre des acteurs au trente sixième dessous de leurs capacités et un Anakin qui tourne au Dark Vador parce qu’il s’est juste cassé un ongle, on ne sait que retenir… Voilà pourquoi j’écrivais plus tôt que Georges Lucas avait déjà commencé à introduire cette entreprise massive de démantèlement de la saga Star Wars avec la Prélogie, sans attendre la nouvelle Trilogie, et que ce denier défaut n’est donc pas vraiment propre aux derniers films. Mais retenons-le tout de même pour la suite.


Pourquoi avoir commencé par décrire ces défauts et pourquoi faire de l’épisode VIII l’épicentre de cette « critique » ? Parce qu’au regard de ces défauts et parmi tous les Star Wars, on n’a jamais vu tel spectaculaire gâchis que ce dernier épisode. Là où la Prélogie et l’épisode VII se contentent d’être globalement mauvais et ne laissent aucun espoir, l’épisode VIII voudrait bien vendre du rêve, lui. Du début à la fin, on ressent et on assiste aux efforts de Rian Johnson pour essayer de s’émanciper de ce cadre limitant, si étroit et archaïque des anciennes trilogies et des nouvelles bourdes introduites, et on est aussi témoin de l’échec retentissant de cette victime raisonnable.


Un rythme maîtrisé, une action dosée, des twists bien placés qui ont le mérite de tenter de corriger le tir de l’épisode VII, des idées géniales (j’en citerai une seule, à peu près sans spoiler puisque sortie de son contexte : le vaisseau de la Résistance qui fonce dans celui du Premier Ordre en vitesse lumière… à ce moment où la photo est complètement sublime, tu te dis : « ah ben oui, là en effet, personne n’y a pensé avant… »), un volet émotionnel équilibré de manière suffisamment adroite avec la quantité nécessaire de fan service, bref. Une volonté de remettre sur pieds un semblant d’audace et un brin d’intelligence. Je ne parle pas de révolution mais on passe clairement un super moment et on ne sort pas de la salle avec la sensation de s’être fait entuber pour la prochaine année et demi.


Mais badaboum : on se rappelle immédiatement que ce film, plutôt correct, prend place au milieu d’une fausse trilogie qui, même si elle dit « gris » aujourd’hui, disait « blanc » hier et dira « noir » demain. Ce manichéisme est le propre de Star Wars me direz-vous, oui mais seulement lorsqu’il est distillé à bon escient. On se souvient que tous les combats auxquels on vient d’assister n’ont ni origine propre ni finalité convaincante. C’est l’effet boomerang, l’arrière-goût amer, la faute à Lucas-Disney.


Et ce travail finit d’être sali par les gadgets habituels que Johnson a été obligé de caser à la va-vite pour coller au schéma : les tronches fadasses de nouvelles races extraterrestres peu inspirées (le petit cousin a volé le feutre de la petite sœur), les courses poursuites à dos de chameau croisé avec un steak et où on a remplacé les maquettes par du numérique post traité vomitif, j’en passe… Un film acceptable et un Star Wars exécrable. Voilà sans doute pourquoi l’épisode VIII aura tant fait couler la salive des fans : il n’est pas vraiment un mauvais film contrairement aux quatre précédents (« A Star Wars Story » ? Connais pas…) et, ne leur en déplaise, de tous les épisodes il est la moins mauvaise des tentatives de se libérer d’un héritage qui commence vraiment à puer le sapin, pour rester dans l’esprit de Noël.


Pourtant, sous-jacent à cette déception latente, un autre sentiment se pointe en moi : l’enthousiasme. L’envie de m’amuser demain, voire d’être émerveillé. L’envie de crier « woahw » voire de pleurer. L’envie de reprendre une bonne dose de Star Wars bien tassée. Avouons-le enfin : cette saga est l’un des plus formidables catalyseurs émotionnels et culturels de ces dernières décennies, et non seulement pour les geeks. Alors oui, j’irai voir l’épisode IX demain Day One. Oui je suis optimiste, oui devant l’écran je serai candide (d’aucuns diront crédule), oui je vais contribuer à remplir les tiroirs caisse de Disney et, oui je suis réaliste. Mais jamais je n’aurai été cynique ni pessimiste et c’est tout ce qui vaille.

Amaury_Yrauma
6
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Créée

le 17 déc. 2019

Critique lue 147 fois

Amaury_Yrauma

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