Critique dévoilant des éléments de l'intrigue. Ne pas lire cette critique si vous n'avez pas vu le film.
C'est avec le plus grand enthousiasme que je suis entré dans la salle en ce dimanche 17 décembre 2017 pour voir le nouveau "Star Wars", malgré la semi-déception que fut pour moi l'épisode VII. En effet, j'avais trouvé ce dernier épisode bancal, confus et pas très intéressant d'un point de vue de la narration. Beaucoup l'avaient d'ailleurs souligné (et à juste titre) : le VII est une sorte de remake déguisé du IV. Néanmoins, je suis resté très impatient à l'idée de découvrir "Les Derniers Jedi". J'ai maintenant envie de dire que j'ai eu raison d'attendre !
Quelques mots sur l'histoire :
Chose exceptionnelle dans la saga, ce "Star Wars" se déroule toute juste après la fin de l'épisode VII, alors qu'on nous avait toujours habitués à ce que plusieurs années s'écoulent entre chaque opus. Ici, on retrouve donc une Alliance Rebelle chargée d'évacuer au plus vite sa base, le Premier Ordre étant à ses trousses. Mais ce qu'on attendait le plus, c'était de savoir si Luke Skywalker (Mark Hamill) allait enfin prendre ce foutu sabre laser qu'il avait perdu dans "L'Empire contre-attaque". Sa réaction, désinvolte, n'a pas manqué de me surprendre. Le film est d'ailleurs à l'image de cette scène : plein de rebondissements.
Un design d'une grande beauté :
Avant de me lancer dans les explications qui vont me valoir des dislikes, autant commencer par un point qui, je pense, aura plu à tout le monde : le design du film. Force est de constater que la photographie du film, signée Steve Yedlin, est sans défaut. C'était la moindre des choses. J'ai notamment été émerveillé par les décors de la planète de sel Crait à la fin du film. Cette dominante blanche, très froide, sert la narration en nous prévenant du calme avant la tempête. Voilà ensuite des touches rougeâtres qui font leur apparition, comme pour renforcer ce sentiment de danger imminent. Le rouge, c'est d'ailleurs la couleur de l'antre de Snoke (Andy Serkis) : les choix artistiques renforcent donc parfaitement bien le récit, surtout quand on connait le contenu des scènes qui s'y déroulent.
Cependant, je déplore par contre quelques CGI trop criards lors de la mort de Phasma (Gwendoline Christie) notamment.
Nouveau Star Wars, nouveaux personnages :
Ce nouveau "Star Wars" se paye le luxe d'accueillir dans son casting deux stars de renommée internationale. J'ai nommé Laura Dern et Benicio de Toro. Je dois dire que j'ai aimé leur présence à l'écran.
Pour la première, si la performance d'actrice n'est pas exceptionnelle, il n'en reste pas moins qu'elle incarne un personnage charismatique, qui finira par nous surprendre. Est-elle oui ou non avec l'Alliance ou bien est-elle une espionne ? Sa présence, assez ambiguë, permet de renforcer la tension du récit. Pour le second, j'ai trouvé son personnage moins intéressant. Cependant, le jeu d'acteur m'a tapé dans l’œil ! C'est un Benicio del Toro qu'on redécouvre et qui nous offre une nouvelle fois une partition captivante, comme il en a le secret.
Enfin, concernant les petits nouveaux, j'aimerais également mettre en lumière les nouvelles créatures de la saga. Si on a beaucoup parlé des Porgs, au final pour rien (car pas si présents que ça à l'écran contrairement à ce que j'ai pu lire dans des critiques exagérées), les chiens de cristal me sont apparus comme de véritables œuvres d'art dont le scintillement donnait beaucoup de poésie au film. Classe.
Nouveau Star Wars, nouveaux décès :
Il est clair qu'avec ce huitième épisode, Mister Rian Johnson nous a pris de court tant les décès de Snoke et de Phasma étaient inimaginables, surtout le premier à vrai dire. Mais contrairement à certains, je n'ai pas été gêné par ces disparitions, bien au contraire. En effet, même si j'aurais aimé en savoir davantage sur Snoke, il ne présentait pas pour moi un immense potentiel, contrairement à Kylo Ren (Adam Driver), le vrai méchant de cette nouvelle trilogie.
Et je crois que cette disparition inopinée ne pourra au final que mieux servir le récit. Pourquoi ? Parce qu'elle va donner à Ben Solo beaucoup plus d'espace pour se développer et pour exprimer son potentiel. Quant à Phasma, on ne s'y attendait pas non plus, mais disons qu'elle ne présente pas une grande perte.
Cependant, ce n'est pas la dernière disparition que l'on peut surligner. Quid de Luke Skywalker ? Eh bien oui, notre cher Maître Jedi est désormais devenu un spectre, à l'instar d'Obi-Wan et de Yoda. Je trouve cela intéressant. D'une part, il y a cet effet de surprise fabuleux. On ne s'y attend pas, on est surpris et c'est cela qu'on veut. Ou tout du moins que je veux. Mais c'est surtout qu'encore une fois cela sert le récit. Luke Skywalker a désormais transcendé les pouvoirs du Jedi. Sa mission en tant qu'humain est terminée : c'est l'aboutissement de tout un parcours voué à la Force. Il est le Jedi ultime. Autrement dit, il a bouclé sa boucle. Maintenant, la place est faite à Rey (Daisy Ridley) pour affronter son propre destin, d'où le titre du film.
Les questionnements existentiels de Rey :
C'était le point scénaristique attendu de cet épisode VIII : avoir des réponses à nos questions, notamment concernant Rey. Et je dois l'avouer, on est un peu piqués au vif car cette première partie du film est des fois un peu molle et les réponses aux questions ne sont qu'à moitié satisfaisantes.
D'où vient Rey ? Pourquoi Kylo Ren est-il passé du côté obscur de la Force ? Pourquoi Luke s'est-il isolé à l'autre confins de la galaxie ?
La réponse à la première question est quelque peu décevante car, en réalité, on n'en sait toujours pas plus. Kylo Ren lui dit-il la vérité sur ses parents ferrailleurs ? Le doute est admis je trouve. Les réponses aux deux autres questions me satisfont davantage car elles sont bien plus développées tout au long du film. On est tout d'abord baladés le temps de quelques scènes, ce qui accentue la tension (encore une fois), déjà bien palpable, puis à l'aide de flashbacks on finit par comprendre le pourquoi du comment.
L'utilisation de la Force : a-t-on été dupés ?
Parlons maintenant des choses qui fâchent : le réalisateur a-t-il signé un scénario incohérent comme tant le soulignent ? En cause, on peut citer la fameuse scène de Leia (Carrie Fisher) dans l'espace, le caméo de Yoda ou encore les explications de Luke concernant la Force et les Jedi.
Voici donc mes éléments de réponses :
- Pour moi, la scène de Leia est magnifique. Ce n'est pas parce qu'on a jamais vraiment vu ce personnage utiliser la Force auaparavant qu'elle n'est pas capable de faire ce qu'elle fait dans le film. Si on se replace dans le contexte de cette scène, on peut imaginer que grâce à ses dons elle a pu ressentir ce qui allait lui arriver en s'isolant dans un champ d'énergie. Et c'est dans un élan de survie, de grâce et de courage qu'elle a réussi à dépasser les événements. Pour moi, cette scène est donc un magnifique hommage au personnage. La Princesse Leia nous montre ici tout son potentiel. C'est très surprenant. J'aime ce parti pris. Si la saga "Star Wars" m'a bien appris une chose, c'est qu'il faut voir bien plus loin que ce que l'on croyait savoir.
- Quelle ne fut pas la surprise que de revoir Maître Yoda dans cet opus ! Je ne m'y attendais pas du tout. La déception visuelle est quand même là car le spectre du personnage ressemble ici davantage au Yoda de pâte à modeler de la trilogie originale, qu'au Yoda de synthèse de la prélogie. Et je préfère cette deuxième version. Pour autant, j'ai trouvé sa scène forte intéressante. Certains critiquent le fait qu'il ait pu déclencher un incendie bien que mort. Je ne trouve pas cela incohérent. En effet, Yoda n'est présent ici que parce que Luke a besoin d'aide. Il remplit son rôle de mentor : on est dans la lignée de la trilogie originale. Pour moi, il ne s'agit donc pas d'une facilité scénaristique mais tout simplement d'une aide qui permet au personnage de Luke d'évoluer dans sa façon de penser.
- Il semble que les explications données par Luke Skywalker concernant la Force en aient gêné plus d'un. En cause notamment, le fait que les Midi-chloriens ne soient pas évoqués. Et alors ? Ils ne l'étaient pas non plus dans la trilogie originale ! Par ailleurs, le fait que Luke décrive la Force comme un champ d'énergie que tout être vivant peut potentiellement capter, ça n'est pas incompatible. Dans quel épisode est-il explicitement mentionné que seuls les Jedis ont la maîtrise de la Force ? Et rappelez-vous le personnage incarné par Donnie Yen dans "Rogue One". Il n'est pas Jedi et pourtant ... J'aimerais également ajouter que l'enseignement anti-dogmatisme que fournit Luke à Rey concernant l'Ordre Jedi s'est avéré un pari osé. J'ai aimé ce parti pris. Pour le coup, c'est une tournure scénaristique vraiment audacieuse.
Et en vrac ...
"Star Wars : Les Derniers Jedi", c'est aussi et surtout un film en mode course contre la montre. Dans aucun autre "Star Wars" on ne retrouve un espace temps si réduit, qui pousse les personnages à prendre des décisions qui finissent par surprendre. Et même si la première partie du film est un peu molle, je trouve que le rythme monte crescendo, jusqu'à une confrontation finale vraiment épique. Le film se permet également quelques moments de fantaisie, je pense notamment à toute la partie sur la planète casino Canto Bight et à cette scène de poursuite à dos de bêtes. Le personnage de Finn (John Boyega) est à ce moment-ci davantage mis en lumière. Mis en parallèle avec les scènes de Poe Dameron (Oscar Isaac), le film entre alors dans sa dernière partie. Je trouve donc que c'est assez bien fait car on capte bien toute l'évolution de la dramaturgie.
Et il faudrait peut-être conclure !
Depuis mon visionnage, j'avoue être choqué par la réaction du public à l'égard de ce film. A vrai dire, je ne comprends pas comment on peut préférer le VII à cet opus qui remplit largement son taf. Le problème vient peut-être de moi ? Je ne sais pas ? Je connais pourtant la saga "Star Wars" par cœur et je ne vois donc pas ce qui déplait autant. Certes, certains éléments scénaristiques sont inattendus, mais le spectacle est carrément au rendez-vous. Moi j'adore !
Merci à toutes les personnes qui apprécieront cette critique, que vous partagiez mon opinion ou pas.