Star Wars a traversé, à l’image de la force, les âges et les générations. Nous ne sommes qu’au début de cette histoire qui s’étendra selon moi sur des siècles, car oui je crois en sa capacité à tenir la dragée haute à toutes les autres sagas et franchises à succès pendant de longues années encore. Pas forcément à travers les films ou les séries, mais tout simplement dans l’imaginaire collectif et dans la culture populaire. Tout cela pour dire que Star Wars n’est pas seulement une saga importante pour moi, mais pour une grande partie du globe, que l’on aime ou pas. Elle est en effet primordiale pour moi car elle m’a donné un certain amour pour le cinéma et la science-fiction. Je suis née dedans pour ainsi dire. Avec le rachat de Disney, on a obtenu la confirmation que SW restera au premier plan pendant encore de nombreuses années. Après un retour critique semi-positif du VII et moins clivant pour Rogue One, on était en droit de se poser la question sur l’avenir de la franchise. Car le VII a beau avoir une excellente moyenne sur Imdb (8,1/10) ou plus qu’acceptable sur SC (6,7/10), il a énormément divisé. Chose tout à fait logique étant donné que SW comporte une des plus grosses fanbase au monde, et que le public-cible va du sciences-piste/énarque au zonard de banlieue. Il est cependant indéniable que ce Last Jedi avait un rôle prépondérant, et tenter à la fois de faire revenir les (très) déçus (et il y en a eu beaucoup, mine de rien) et de plaire aux adhérents du VII. Autant le dire tout de suite, Rian Johnson n’avait pas trop de pression.
Mon avis sur cet opus ? Quel pied. Je suis conscient que ce film divisera tant les choix sont forts. Je vais donc exposer ici les raisons qui font que ce film m’a autant plu. J’avais lu certains commentaires qui disaient que l’on ne se sentait pas vraiment dans un Star Wars tant c’est différent. Je n’irai pas jusque là mais dans un certain sens c’est vrai, car la prise de risque est démentielle. Le rythme est totalement différent des anciens Star Wars (trilogie originale et prélogie d’ailleurs) et il prend le contre-pied total du VII, qui lui a préféré miser sur des valeurs sûres. La prise de risque l’est aussi dans son scénario, extrêmement surprenant par moment. Le film ne perd pas de temps et l’action se déclenche dès l’introduction. Cela s’enchaîne tout au long du film et on suit différentes péripéties en même temps, ce qui renforce le sentiment de rapidité.
La mort de Snoke est une énorme surprise par exemple, et elle est bien exécutée. Il est vrai que ça casse le mythe autour du personnage, mais j’ai trouvé ça bien amené. J’espère cependant connaître dans le prochain film ses origines, sinon quelle déception sur ce super-méchant.
Il y a des scènes fortes et marquantes
notamment celle où Leia se sauve en utilisant la force dans l'espace
qui feront débat et qui diviseront, comme je le disais plus haut. Personnellement je salue la prise de risque et puis les scènes m’ont réellement plu. Enfin un petit mot sur l’humour, que l’on critique pas mal, au final je l’ai trouvé… quasi-inexistant. A part un ou deux personnages qui aiment faire les pitres, il n’y a pas vraiment de moments drôles. Le running-gag du film c’est BB8 mais ça passe bien je trouve.
Toujours sur le fond du film, les personnages sont extrêmement bien écrits. Là où les critiques ont fusé sur Rogue One à propos de cela, ici on est vraiment attaché à eux et leurs personnalités sont vraiment bien dessinées. Le personnage de Luke est parfait, il a un sacré charisme (même si cela on le doit beaucoup à Mark Hamill) et il est très bien exploité. Le lien entre Kylo Ren et Rey est puissant, sans aller dans le gnangnan bas de gamme. Déjà en lui-même le personnage de Kylo Ren est fascinant et un des plus intéressants de tout l’univers Star Wars. Les fans demandaient de la nouveauté, pour le coup le VII leur a servit sur un plateau d’argent un méchant tiraillé et atypique. Il continue de l’être dans ce second volet de la postlogie. Rey confirme. Elle a de la classe et une bonne tête, c’est efficace. Les nouveaux personnages sont sympathiques mais pas marquants, mis à part celui joué par Benicio del Toro. Il faut dire que je suis fan de cet acteur et que je manque peut-être d’objectivité.
Star Wars n’est pas qu’une série de films plus ou moins raccords les uns des autres et qui partage un certain nombre de choses. Tout cet univers évolue au sein d’un même espace qui doit garder sa cohérence et sa mythologie. Or dans le VII on a pas été très servis de ce côté-là. On a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent en terme d’exploration d’univers, puisqu’entre la planète de sable et celle de glace qui rappelaient celles des anciens films et les créatures jouant un rôle important aux abonnés absents, il n’y avait pas de quoi se réjouir. Dans le VIII il y a de vraies créatures ayant de l’importance, de la nouveauté et des surprises. Pour commencer les créatures (porgs, renards de cristal et les drôles de chevaux) ont un excellent design et on prend du plaisir à les voir à l’écran. Comme je l’ai dit, mis à part un peu les porgs, elles ne font pas que de la figuration. Concernant le reste (planètes, villes, paysages) on a droit à une certaine fraîcheur, même si une belle partie du film se situe dans l’espace. Par ailleurs, les effets spéciaux sont dantesques. Cela peut sembler une évidence mais quelle beauté visuelle sur certaines images, sur certains plans. Je trouve la réalisation de Rian Johnson très efficace, nerveuse et elle ne donne pas le tournis, chose rare dans les blockbusters actuels.
Outre les choix scénaristiques et le rythme atypique, il y a des critiques à faire à ce film que je partage bien davantage. Les deus ex machina sont légions et autant je peux le concevoir lorsqu’il s’agit de personnages liés à la force, mais sinon dans le cas contraire ça tombe à l’eau. Lorsque Han Solo vient sauver Luke juste avant que Dark Vador ne tire dans le IV à la toute fin, c’est la force qui agit pour le sauver. On peut trouver une explication pour tout dans cet univers, mais il y a des choses qui ne passent pas.
Je veux bien croire que Finn a de la chance, mais quand même. Parmi tous les stormtroopers à côté de lui après l’explosion du vaisseau, il est l'un des seuls survivants, ils trouvent le seul vaisseau avec aucune éraflure, il tombe dans le vide mais il y avait une plateforme… En revanche le combat qu’il a avec Phasma est super classe je trouve.
Cela dénature un peu les choses, on a moins peur pour les personnages, et c’est un problème.
Il y a certaines situations qui se règlent finalement assez facilement alors qu’elles ne devraient pas mais cela m’a moins dérangé, j’ai été plus clément sur ces facilités scénaristiques.
Sans aller dans les extrêmes en disant que plus jamais un Star Wars ne fera l’unanimité, je pense qu’il est clairvoyant d’avouer le fait que cette hypothèse frôle l’impossible (il suffit pour moi de constater l’accueil du III à l’époque, redécouvert seulement aujourd’hui). Le film doit allier amateurs de la trilogie originale et de la prélogie, ou des petits nouveaux qui ont commencé Star Wars avec le VII. Un sacré pari pour cet épisode VIII.
Or dans ce film, j’ai vraiment apprécié la direction prise par les scénaristes. Il s’extirpe de sa zone de confort et tente de nouvelles choses, notamment en explorant le côté mystérieux de la force. Aucun film n’était allé aussi loin dans ce domaine, même les films de la prélogie. En tant que fan de Lucas, je pense qu’il est lui-même fier de cette prise de risque, comme un père le serait de son fils quand il suit ses propres pas.