There's a Starbuck waiting in the sky
David est un loser, un vrai, un dur (enfin non : un mou). Il tente de faire pousser des plantes prohibées dans son appartement, il doit de l'argent à des personnes peu fréquentables à qui il vaut mieux ne rien devoir, et il ne parvient même pas à assumer son métier de livreur de quartiers de viandes pour la boucherie paternelle. Or, cet homme glorieux apprend, le même jour, une double paternité. Il est père. D'un côté, par sa compagne Valérie, qui ne veut plus le voir parce qu'elle en a marre qu'il soit immature et qu'il ne prenne de ses nouvelles qu'une fois par semaine (dans les meilleures semaines).
Et, sa seconde paternité, il la doit à... sa main droite ! En effet, quelques années plus tôt, pour avoir de l'argent, il n'a rien trouvé de mieux que d'aller vendre sa semence à une banque de sperme. Résultat : il est l'heureux géniteur de... 533 enfants ! Dont 142 intentent une action collective en justice pour l'obliger à dévoiler son identité.
Le sujet aurait pu être scabreux, le cinéaste a choisi judicieusement une autre voix. Celle d'un humour décalé (comme le personnage) et d'une tendresse très émouvante et très juste. David va, petit à petit, découvrir ses "enfants" et se sentir envahi d'un amour paternel qui va le pousser à grandir. Car le propos est là : comment devenir mature grâce à la paternité ! Lui, qui ne réussissait pas à s'assumer tout seul, va avoir envie d'aider ses enfants, d'assumer ses responsabilités envers tant de jeunes adultes qui ont tous leurs problèmes et leurs difficultés.
Le résultat est d'une grande beauté. Ce film est une véritable réussite car il joue sur l'humanité de ses personnages. Devant nous se dresse toute une galerie de personnages passionnants, drôles et émouvants. Et les scènes se succèdent, alternant des émotions contrastées. Starbuck est un film au cours duquel on rigole franchement, mais où on pleure aussi. C'est surtout un film irrésistible et formidable.
Bien entendu, le thème de la paternité et de la responsabilité parentale y est central. Il y est constamment question d'assumer ses responsabilités ou de les fuir. David est sans cesse tiraillé entre l'envie d'être un père, un protecteur, et celle de continuer sa vie pépère, comme cherche à le convaincre son ami avocat. Sans angélisme excessif, usant avec sagesse de la caricature sans en abuser, le cinéaste réussit à faire un film toujours en équilibre. Une petite merveille de chaque instant, réservant ses surprises et captivant son spectateur. Un film à voir à tout prix.
[il n'est pas improbable que l'accent québecois soit responsable d'un point de plus pour le film, mais c'est pas ma faute : c'est tellement doux à mes oreilles]