Starbuck
7.1
Starbuck

Film de Ken Scott (2011)

There's a Starbuck waiting in the sky

David est un loser, un vrai, un dur (enfin non : un mou). Il tente de faire pousser des plantes prohibées dans son appartement, il doit de l'argent à des personnes peu fréquentables à qui il vaut mieux ne rien devoir, et il ne parvient même pas à assumer son métier de livreur de quartiers de viandes pour la boucherie paternelle. Or, cet homme glorieux apprend, le même jour, une double paternité. Il est père. D'un côté, par sa compagne Valérie, qui ne veut plus le voir parce qu'elle en a marre qu'il soit immature et qu'il ne prenne de ses nouvelles qu'une fois par semaine (dans les meilleures semaines).
Et, sa seconde paternité, il la doit à... sa main droite ! En effet, quelques années plus tôt, pour avoir de l'argent, il n'a rien trouvé de mieux que d'aller vendre sa semence à une banque de sperme. Résultat : il est l'heureux géniteur de... 533 enfants ! Dont 142 intentent une action collective en justice pour l'obliger à dévoiler son identité.
Le sujet aurait pu être scabreux, le cinéaste a choisi judicieusement une autre voix. Celle d'un humour décalé (comme le personnage) et d'une tendresse très émouvante et très juste. David va, petit à petit, découvrir ses "enfants" et se sentir envahi d'un amour paternel qui va le pousser à grandir. Car le propos est là : comment devenir mature grâce à la paternité ! Lui, qui ne réussissait pas à s'assumer tout seul, va avoir envie d'aider ses enfants, d'assumer ses responsabilités envers tant de jeunes adultes qui ont tous leurs problèmes et leurs difficultés.
Le résultat est d'une grande beauté. Ce film est une véritable réussite car il joue sur l'humanité de ses personnages. Devant nous se dresse toute une galerie de personnages passionnants, drôles et émouvants. Et les scènes se succèdent, alternant des émotions contrastées. Starbuck est un film au cours duquel on rigole franchement, mais où on pleure aussi. C'est surtout un film irrésistible et formidable.
Bien entendu, le thème de la paternité et de la responsabilité parentale y est central. Il y est constamment question d'assumer ses responsabilités ou de les fuir. David est sans cesse tiraillé entre l'envie d'être un père, un protecteur, et celle de continuer sa vie pépère, comme cherche à le convaincre son ami avocat. Sans angélisme excessif, usant avec sagesse de la caricature sans en abuser, le cinéaste réussit à faire un film toujours en équilibre. Une petite merveille de chaque instant, réservant ses surprises et captivant son spectateur. Un film à voir à tout prix.

[il n'est pas improbable que l'accent québecois soit responsable d'un point de plus pour le film, mais c'est pas ma faute : c'est tellement doux à mes oreilles]

Créée

le 14 déc. 2013

Critique lue 1.6K fois

52 j'aime

18 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

52
18

D'autres avis sur Starbuck

Starbuck
SanFelice
9

There's a Starbuck waiting in the sky

David est un loser, un vrai, un dur (enfin non : un mou). Il tente de faire pousser des plantes prohibées dans son appartement, il doit de l'argent à des personnes peu fréquentables à qui il vaut...

le 14 déc. 2013

52 j'aime

18

Starbuck
MarlBourreau
8

El Masturbator !

David Wosniak est un branleur. Au sens propre comme au figuré. Eternel loser irresponsable, il donnait anonymement du sperme sous le pseudonyme de Starbuck pour se faire un peu d'argent.Sauf que...

le 12 juil. 2013

42 j'aime

Starbuck
Before-Sunrise
8

« Ne te reproduis jamais ! »

Sur une idée de base brillante, Starbuck ne scintille pas par une écriture ciselée ou par des personnages d’une grande profondeur. Le film éblouit plutôt par son ambiance, sa grâce et les éclats de...

le 11 juil. 2013

42 j'aime

3

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

223 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

220 j'aime

12